
6o L E T T R E SUR L’ OR IGINE
fur des obièrvations réitérées i ayant mis en pièces:
des portions de rockers où je découvrais des empreintes
de coquillages, j’ai remarqué ces différens
états des corps marins qui s y trouvoient renfermes
; les uns ayant encore une certaine épailîèur
quoi que moindre de beaucoup que celle qu’ils
ont naturellement ; d’autres en ayant perdu plus
des trois quarts, en forte que des peéïinïtes de
deux ou de trois pouces de diamètre étoient auffi
minces que du papier dans toute leur étenduë. Je
remarquai aulïi en examinant avec foin lés morceaux
de pierre qui environnoient le coquillage >
qu’ils n’étoient féparés que par l’interpolition de
croûte mince. J’ai enfin x parmi mes pierres figurées
des empreintes d’un bucardite,, Si d’une corne
dammon lùr des. pierres aulïi compaétes que le
marbre, dont le morceau qui porte le relief s’applique
immédiatement à celui qui eft creux, ou y
entre fanslailïèr autour de foi aucun-vuide ou in-
terftice. Cette corne d’ammon p'eut avoir demi-
pied de diamètre..
Je prie maintenant le Leéleur d’avoir égard à
ces différens états de foffiles pour comprendre ce
que j’ai à dire pour établir que ces corps font originaires
de la mer. Iliuiferaaifé de s’appercevoir
que quand on dit que ces coquillages font des
corps, marins ,. cette propofition n’eft vraie dans
toute fon étenduë qu’à l ’égard de ceux, qui font
dans le premier état dont j’ai parlé r que quand on»
parle en ces termes de ceux qui fe trouvent dans.
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le fécond de ces états, on n’a pas égard à la matière
terreftre qui s’y eft jointe ; & que lorfqu’il s’agit
des derniers, on veut dire fimplement qu’ils
tiennent leur forme Si leurs traits des corps marins,
aulquelsils étoient attachés, Si qui n’exiftent
plus, ou qui en ont été entièrement féparés..
Pour établir que ces corps dont je viens de parler
font originaires de la mer,, je ferai dabord remarquer
l’effet que la vûë de ces foffiles a produit
fur ceux-là même qui doutoient le plus de la réalité
de cette origine. J’ai- obfervé plus d’une fois
que la fimple inlpeélion de ces Plantes Si de ces
coquillages faifoit plus d’impreffion lùr les Spectateurs
que toutes les raifons que je pouvois leur
alléguer ; Si effeéïivement, un examen un peu attentif
de ces corps doit tenir lieu de démonftra-
tion dans l ’elprit de ceux qui ont quelques principes.
Jevoïois dilparoître bientôt, lorfque jepro-
duifois des coquillages entiers & bien confervés,
les doutes que mes raifonnemens n’avoient pû dif-
fiper, & il n’étoit plus queftion avec eux que de
fçavoir comment ces corps reconnus pour marins
avoient pû être tranlpûrtés fi a/vant dans les terres,
Si pénétrer dans les profondeurs où on les déterrait.
Le Leéleur me permettra de produire' encore
fur cet article le témoignage de M. Wodward.
”Tl y a eu , dit-il, beaucoup d’habiles gens qui.
| ont examiné exactement Si en Critiques plu-
»•fieurs.centaines de coquillages que je. garde chez;