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Souffrez encore, que par relpeél pour la mémoire
de ce grand Mathématicien, je n’imite pas
ic i , quoique loccafion fbit belle , ces Ecrivains
bouillans , dont l’imagination féconde brouille
tout quelquefois dans la République des Lettres,
par des conféquences qu’ils fçavent tirer à perte
de vûë 8c étaler pompeufement, pour éblouir les
ignorans, fouvent fur quelque équivoque, ou fur
un fimple mal-entendu. J’aimé mieux,en rendant
juftice au mérité éminent de M. Newton, remarquer
que s il avoît employé fes rares talens à bien
connoître la vraie ftruéture de notre Globe, & s’il
s etoit donné la peine de s’inftruire par lui-même
de la phyiïque du régné minéral & de celles des
corps organiques des plantes 8c des coquillages de
mer ; il aurait, làns doute, lùrpafle M. It^odward â
cet égard, autant qu’il le furpafloit, làns contredit,
dans la Géométrie lublime.
J e me contenterai donc de n’oppofer à ces prétendues
transformations, que l’aveu de tous les Phi-
lolbphes récens, qui reconnoifiènt unanimement
que les coraux, 8c tous les autres corps organifés
dont je viens de parler au lùjet du palîàge de M.
Newton, appartiennent au régné végétal 8c au régné
animal, & avouent que les uns ont végété &
vécu dans la mer, 8c les autres lùr la terre.
Si cela eft, comme j’ofe en appeller au témoignage
de tous les hommes qui ont des yeux, je
crois qu’il me fera permis d’alfurerque le firatum,
SUR UN PHENOMENE. %
fa Couche ou le fédiment lùpérieur de la terre, 8c
fa fuperficie même , qui contiennent une prodigieu-
fe quantité de toutes ces diverfes dépouilles de
terre .& de mer ., renverfe la prétenduë augmentation
du volume de notre Globe-
Vous conclurez, fans doute avec moi, M E S-
SIEURS , d’un fait dont vous avez été témoins
oculaires, non-feulement lùr le Chajferon, mais
auffi aux environs de la Côte-aux-Fees 8c de Cou-
cvet, & fur les montagnes qui féparent le Vzl-Tra-
'vers des autres parties de cet Etat- Vous conclurez,
dis-je avec moi, qu’il n’y a abfolument aucune trace
lùr la fuperficie de la terre , des vapeurs afiralei
8c cométdles, & qu’ainfila conjeélure de M. N ew ton
, n’a pas la moindre ombre de fondement, au
moins du côté phyfique.
Je doute même que la penfee de M. Newton
ait quelque fondement du côté aftronomique, car
la julleflè des calculs de M. Hcdlej ne prouve rien
par elle-même, fi l’on n’eft fortement aflùré d’une
précifion extrême dans les obferyations des Babyloniens
8c dans celles d’Albategnius, pouren pouvoir
.conclure quelque chofe de certain, en les comparant
à celles des Modernes, infiniment plus exactes
que toutes celles des Anciens. D ’ailleurs, lùp-
pofant pour un moment, que l’accélération du
moyen mouvement de la Lune collationné avec
celui de la terre foit vraie, cette accélération pourrait
avoir une autre çaufe différente de celle que
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