
«ftt L E T T R E
Et pour donner quelques exemples, il fuffira,
je penfe, d’obferver que j’ai vû chez M. Jofeph
Àdont^ , Profelïeur en Botanique & en Hiftoire
naturelle dans l’Académie de l’Inftitut de Bologne,
des tuyaux de vers marins appelles dentales,
dont le creux étoit rempli d’une matière, dont
une partie étoit une efpéce de marne pétrifiée, &
l’autre étoit de vraie calcédoine. J’ai auffi vû à
Venife chez M. Jean-Jerôme Z amichelli de grandes
pièces de bois, qu’on préfentoir à vendre , Sc
qui venoient du Cabinet des Ducs de Mantoüe.
•Ces pièces étoient 4e pierre à fufil, excepté vers
le centre, où elles étoient encore de bois.
J’ai eu moi-même un gros tronc pétrifié , ou
même ferrifié, qui étoit encore bois dans le millieu.
Et à l ’égard des çryftallifetions, il n’y a gué-»
res de flratum en Suiife| dans lequel l’on ne trouve
des coquillages, dont une partie eft pleine de
cryftal, pendant que l’autre ne renfermé que de
la matière du flratum. On voit quelque chofe de
fort curieux & remarquable fur ce fujet, dans un
flratum d’une pierre fort dure duCanten de Bâle :
ce flratum ou ce banc de roc eft un peu rougeâtre ,
Sc parfemé de beaucoup de particules cryftalli-
nes. Il e ft, outre cela, compofé d’une infinité de
deux fortes de pétoncles, dont les uns font à flries
fines | de l’elpéce que Fabius Colomna appelle
Çortcka anomia ; les autres font àflries plus marquées
de l ’efpéce que Luid, Auteur Anglois, nomme
Tcrebratula. Ces pétoncles font remplis de quatre
SUR LES PIERRES A FUSIL. ^ 163
façons Les premiers ont l’intérieur entièrement
4e cryftal , fans laiifer prefque aucun viude. Les
féconds ont un creux environne 4e cryftallilations.
Les troifiémes font 4e cryftal d un côte, &c de la
matière du flratum de f autre. Les quatrièmes enfin,
ne contiennent rien qu’une matière ablo-
.lument la même, que celle du roc qui les renferme
tous. ‘ ' , c
Ces exemples que j ai rapportés exprès, xour-
nilfent des idées fort ferres fur ce qui concerne la
pierre à fufil, & fur l ’état des coquillages j g des
autres corps terreftres 8c marins, lorfquils lurent
introduits dans les couches de terre Sc de pierre,
où on les trouve aujourd’hui. Mais comme la dij-
cufîion fur la caufe générale de toutes ces particularités
, & de tous les phénomènes étonnans de
l’ancienne cataftrophe de la Terre, dont les quatre
parties du Monde font & feront des témoins
irréprochables julqu a la fin des fiecles, mais comme
cette difcuflion, dis-je , appartient a la théorie
de notre Globe, jem arrête a ce dont je viens
d’avoir l’honneur de vous entretenir. J ai celui
d’être avec toute l’eftime, la confideration , le
refpect, Sc lareconnoiilànce que je vous dois,
M O N S I E U R ,
Votre très-humble Sc très-obéilfant
Serviteur L. B * * *.
Neufchàtel, ce 2 0, Novembre 1741.