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 des premiers,  par  son  embryon  droit;  des secondes, par  ses  étamines velues;  des  troisièmes,  par  
 l’absence de l’involucre  externe, et par les cloisons que portent les valves de la capsule : elle s’éloigne  
 de tous ces genres par  son  périgone  et  ses  étamines  persistantes,  par  son ovaire pyramidal et par  
 les  appendices  de  ses  graines.  Ces  caractères  nous  ont engagé  à  la  considérer  comme  un genre  
 distinct, et à la rapporter  à la famille des Joncées. La nomenclature de ce genre a été fort embrouillée. 
  Mæhring, en  1742, l’a bien décrit sous le  nom de Narthecium,  lui  appliquant  ainsi un  nom de  
 Théophraste  qui  appartenait  originairement à une  ombellifère.  Linné et  plusieurs  de ses  successeurs  
 l’ont  réuni  aux Anthérics,  en  conservant  sous  le  nom  de  Narthecium  une  petite  section  
 composée de  notre  plante,  et de  l’Anthericum calyculatum.  Villars  et  Jussieu  ont admis  un  genre  
 Narthecium, mais  ce  n’est point le même que celui  de Mæhring,  et leur genre  (appelé maintenant  
 Tofieldia) est établi sur l’Anthericum  calyculatum, L in . Au milieu  de tant de confusion, nous avons  
 cru  plus  convenable  de  supprimer entièrement  le nom  de Narthecium,  et de  donner à ce genre le  
 nom à'Abama, qu’Adanson lui avait déjà imposé. Ce nom, qui provient probablement des deux mots 
 a.  privatif et /Sa^a, marche,  fait peut-être  allusion  à ce que  notre  plante  ne  peut  être  unie  avec  
 aucune de celles  avec lesquelles  ou  l’avait réunie.  Il est fort  insignifiant, mais il  existe depuis  longtemps  
 ; et il nous  semble  que  le respect  des  noms  anciens  est  le fondement  de la  nomenclature. 
 Les appendices des graines,  si marquants dans l'Abama, se retrouvent aussi, quoiqu’à un moindre  
 degré, dans plusieurs autres  espèces de la famille des Joncées, et servent d’indice pour la place que  
 notre  genre  doit  occuper dans  l’ordre naturel ;  mais  ces appendices  servent  encore  d’indice  pour  
 un rapprochement  plus singulier au premier coup-d’oeil,  et qui  mérite  une  discussion particulière.  
 Si  l’on ouvre  l’ouvrage  de  Goertner  (vol. 2, p.  18,  planche 82), on  remarquera que la  description  
 et  la  figure qu'il donne  des  fruits  du  Nepenthes  distillatoria  ont  beaucoup  de  ressemblance avec  
 ceux de l’Abama.  Ces deux  genres  ont  de  commun,  i.° l’identité  absolue  de  la forme intérieure  et  
 extérieure,  et  de  la position  des graines ;  identité  telle,qu’ayant  vu  dernièrement  des graines  de  
 Nepenthes  rapportées  de  Java  par M.  Leschenault,  nous  avons  cru  voir  des  graines  d’Abama.  
 2.0 La forme de  l’ovaire, l’absence ou  la brièveté du style, et surtout les valves de la capsule chargées  
 d’une  cloison  sur  leur  face  interne.  Les différences entre  ces deux genres  sont d’un ordre inférieur  
 à  leurs  ressemblances,  et  peuvent même  rentrer  dans  les lois de  l'analogie : ainsi le  Nepenthes  est  
 dioïque, probablement  par avortement. -Ses étamines sont au nombre de douze, au lieu de six ; mais,  
 dans ce nombre même,  ou retrouve une  régularité qui  tient à l’essence des monocotyledones : leurs  
 filaments sont monadelphes,  comme  on  le  voit dans  plusieurs autres  monocotyledones.  Enfin,  le  
 périgone et la capsule sont à quatre  parties  dans le Nepenthes, à trois dans l’Abama, mais cette différence  
 est analogue à celle qu’on  trouve entre le Paris  et le Trillium, entre  le Mayanthemum et le  
 Convallaria,  qu’on  n’a  pas  laissé  de  rapprocher. Ajoutons  à  ces  caractères,  que  les  feuilles  de  
 Nepenthes,  si  singulières  d’ailleurs  par  leur forme,  se rapprochent de  celles  de notre  plante par la  
 manière dont elles embrassent la tige. Nous conclurons donc de ces observations :  i.° que le Nepenthes  
 est certainement  une monocotyledone;  20. que de toutes  les monocotyledones connues, celle dont il  
 approche le  plus  est  l’Abama; 3.°  qü’on  ne  peut cependant le  réunir  entièrement  à  la  famille  des  
 Joncées, et qu’il  conviendra  peut-être  d’en  former un petit  groupe  à  côté d’elle. 
 E X P L I C A T I O N   D E   L A   P L A N C H E   218. 
 Fig. A.  v-,.  1,  L.  »a    Plantep   en fleur  )\ de grandeur  naturelle. Fig.  B.  idem en  iruit  .  .  . J  0 
 1.  Une  fleur de  grandeur naturelle. 
 2.  La  même grossie. 
 3.  Une  étamine grossie. 
 4.  Le pistil  grossi. 
 5.  La  capsule grossie du  double. 
 6.  Une  des valves  de la  capsule. 
 7.  Une  graine  de grandeur naturelle. 
 8.  La  même grossie. 
 9.  La  même  coupée  longitudinalement.