et la transporter dans la colonie du Sénégal, il établit d’abord son domicile dans le pays de
Walo ouOualo, à Richard-Tol, principal établissement de culture fondé par le gouvernement,
puis il revint à la fin de la même année à Saint-Louis où il séjourna jusqu’au mois
d’avril 1 8 2 5 . Ce temps fut employé à explorer les pays circonvoisins, principalement le
bas du fleuve aux environs de Gandiole, les îles de Babaghé, de Sor, de Safal, les environs
de Laybar et de Gandon. Il passa quelques jours à Lamsar et aux Fours-à-Chaux dont il
parcourut tous les alentours. Ces pays sont très-riches en plantes annuelles à l’époque de la
saison pluvieuse, et M. Perrottet put y faire de nombreuses récoltes.
Dans le mois d’avril 1 8 2 5 , M. Hugon, aujourd’hui contre-amiral et alors commandant par
intérim de la colonie, facilita à M. Perrottet les moyens de se rendre à Podor, grand village
du Fouta-Toro, situé sur le fleuve à environ soixante lieues de son embouchure. C e voyage,
pendant lequel M. Perrottet fit de fréquentes herborisations sur les deux rives, et dont le retour
s’effectua par terre en passant par le lac de N ’Gher ou Panié-Foul, lui procura une grande
quantité de plantes nouvelles dont il fit un envoi au Muséum d’histoire naturelle de Paris et à
M. De Candolle.
E n juin 1 8 2 5 , M. Perrottet fut nommé directeur de la Sénégalaise, établissement de culture
appartenant au gouvernement et à une compagnie commerciale, situé dans le pays de
Oualo sur la rive gauche du fleuve à environ quarante lieues de Saint-Louis.
L e temps de l’administration de M. Perrottet s£ prolongea jusqu’à la fin de janvier 18 29 , et
il en partagea l’emploi entre les devoirs de sa place et les recherches botaniques. Celles-ci
furent principalement dirigées vers quelques localités remarquables par la variété des végétaux
qui y croissent, telles que les hauteurs sablonneuses de Kouma et de N ’Dombo près de
Richard-Tol, celles de N’Bilor et de Koïlel près le poste militaire de Dagana, les plaines de
N ’Ghianghé et de Ghieuleuss situées derrière l’établissement agricole de F a f ; il multiplia
aussi ses excursions sur la rive droite du fleuve, fréquentée par les Maures et connue sous
le nom de Sahara. Dans cette partie de l’Afrique, le climat de l’année se partage en deux saisons
: la saison pluvieuse qui commence à la mi-juillet et se termine vers le commencement
d’octobre, et la saison sèche qui dure tout le reste de l’année. C ’est pendant la saison des
pluies que les hauteurs sablonneuses se couvrent de plantes annuelles qui disparaissent presque
subitement quand, au mois d’octobre, le vent d’Es t y fait de nouveau sentir son souffle
destructeur. Mais alors commence l’inondation du fleuve qui s’étend sur toutes les plaines
de ses bords, et dure jusque vers la fin de novembre. Lorsque le fleuve est rentré dans son
lit, ses rives présentent une végétation particulière et abondante, mais aussi éphémère que
celle de la saison pluvieuse. L a rapidité avec laquelle s’accomplissent au Sénégal les phases de
la saison productive, est la cause qui a empêché les voyageurs d’en recueillir les richesses végétales.
Il était nécessaire de s’y établir à poste fixe, pendant plusieurs années, comme M. Perrottet
en a eu l’avantage, afin de saisir les plantes au moment de leur floraison et de pouvoir
réparer d’une année à l’autre, l’omission de certaines espèces qui d’ailleurs ne reparaissent
pas toutes constamment dans le cours de chaque saison pluvieuse. Un séjour de cinq années
consécutives dans le pays de Oualo a suffi pour récolter à peu près la totalité des plantes
indigènes de cette contrée intéressante.
A u mois de mars 1 8 2 6 , MM. Perrottet et Leprieur entreprirent, en compagnie de
M. Roger, gouverneur de la colonie, un voyage autour du lac Panie-Foulj mais, comme la
saison était déjà sèche, ils n’en rapportèrent qu’un nombre peu considérable de plantes.
Néanmoins cette partie du pays peut encore être considérée comme suffisamment connue,
puisqu’elle avait été précédemment explorée avec succès par M. Perrottet, lors de son retour
de Podor, et qu’elle le fut de nouveau dans une seconde tournée qu’il y fit en 18 28 .
L e temps de la gestion de l’établissement agricole étant expiré, M. Perrottet descendit à
Saint-Louis pour effectuer son retour en Europe ; mais ne trouvant pas de bâtiment prêt
à partir, il voulut utiliser son temps en faisant un voyage aux fleuves de la Gambie et de la
Gasamance. M. Jublin, qui commandait en ce moment au Sénégal, lui procura la facilité de
se rendre à Gorée, et autorisa le commandant de cette île à lui faire toutes les avances nécessaires
pour l’exécution de ses voyages ultérieurs. De Gorée, M. Perrottet passa à la presqu’
île du Cap-Vert où il parcourut les environs de Khann, Kounoun, Rufisk, jusqu’au village
de Bargny. Un bâtiment, que le commandant de Goree mit à sa disposition, le transporta
d’abord à Jo a l, puis au comptoir d’Albreda sur les bords de la Gambie, dont il explora
dans tous les sens les environs si remarquables par le luxe de la végétation déjà intratropicale
de leurs oasis. Il se rendit ensuite sur les bords de la riviere Gasamance qu il remonta jusqu au
poste portugais de Zekinchor. Durant ce voyage, M. Perrottet recueillit une quantité considérable
dé végétaux, la plupart semblables à ceux qui caractérisent Sierra-Leone et les
autres contrées tropicales de la côte d’Afrique. De Gorée, il revint à Saint-Louis par terre en
longeant la côte où il trouva un assez grand nombre de plantes nouvelles ou peu connues.
De son côté, M. Leprieur, employé comme pharmacien de la marine à Saint-Louis, en
explora, dès l’année 1 8 2 4 , les environs avec la plus grande ardeur. E n février 1 8 2 5 , il fit un
voyage à Dagana où il séjourna pendant quelque temps et y réunit quelques collections.
Pendant l’année 18 2 6 , M. Roger ayant mis à exécution le projet de visiter l’intérieur du
pays jusqu’au-delà de la Gambie et de la Gasamance, emmena avec lui M. Leprieur qui put
se livrer dans ce long voyage à des recherches d’histoire naturelle. Après avoir traversé le
pays de Gayor, et s’être arrêtés dans les bas-fonds humides de N ’Boro, ils atteignirent la presqu’île
du Gap-Vert où sont disséminés de nombreux oasis. De là, ils pénétrèrent chez les
Nonnes Cerères, visitèrent le cap de Naze et les bords de la rivière de Saloum. Ils passèrent
quelques jours à Joa l, grand village du royaume de Baol, situé dans une position tres-riche
. sous le rapport des productions naturelles 5 de là ils se rendirent à Albreda sur la Gambie, et
à Zekinchor sur la Casamance. Enfin ils poussèrent leur reconnaissance jusqu’au Cap-Rouge
et chez les peuplades appelées Mandingues. Malgré les facilités que M. Roger procura à
M. Leprieur pour faire des recherches dans ces contrées si favorisées sous le rapport de la
végétation, les productions en étaient tellément nombreuses, que le temps manqua à notre
ardent voyageur pour récolter suffisamment de toutes les belles plantes qu’il y observait pour