la première fois. Aussi M. Leprieur conçut, dès ce moment, le projet d’y faire de nouvelles
excursions, projet qu’il mit à exécution en 1 8 2 7 et en 18 29 . L e voyage qu’il fit en juin 1 8 2 7 ,
à Albreda, lui fournit l’occasion de ramasser la plupart dés plantes de la Gambie. Ce fut au
mois de janvier 1 8 2 9 , que, d’après l’ordre de M. Jublin qui mit à sa disposition des'chameaux
et des Nègres, il traversa de nouveau tout le Cayor, arriva aux confins du pays des
Nonnes Cerères, et s’arrêta pendant quelques jours aux environs du cap de Naze où il fit des
collections de minéraux et de plantes.
Dans le mois de juillet 1 8 2 8 , M. Leprieur reçut l’ordre de partir pour Bakel, poste situé
dans le pays de Galam. Il fit ce voyage sur un bâteau à vapeur dont les fréquentes relâches le
mirent à portée d’observer la végétation du cours du fleuve, sur une grande étendue de pays.
Arrivé à Bakel, M. Leprieur s’occupait avec empressement d’y faire des récoltes déplantés,
lorsque les fièvres vinrent interrompre ses travaux et le forcèrent de quitter ce pays qui n’a
été visité par aucun naturaliste instruit. L e peu de plantes que M. Leprieur en rapporta offre
beaucoup d’intérêt et renferme plusieurs choses entièrement nouvelles.
D’après ce rapide aperçu des voyages et travaux botaniques de MM. Perrottet et Leprieur,
on voit que les matériaux qu’ils avaient rassemblés étaient suffisaus pour tenter la publication
d’une Flore des contrées où ils avaient fait un aussi long séjour. Préoccupés de cette idée ,
ils avaient rédigé sur les lieux mêmes les descriptions des plantes dont la dessiccation offrait
des difficultés; ils avaient en outre rassemblé une multitude d’observations importantes sur
les époques de floraison, les localités précises, les noms vulgaires, les Usages économiques
des plantes, et sur toutes les circonstances-qui pouvaient ajouter dé l’intérêt à la Flore de
Sénégambie.
Ce fut à leur retour en France (juillet 18 29 ) que MM. Perrottet et Leprieur résolurent
d’accomplir leur projet; ils y furemt déterminés par M. Benjamin Dele'ssert qui , non content
de mettre à leur disposition sa bibliothèque et ses collections botaniques,-voulut bien
encore faire les avances nécessaires pour la publication d’une si grande entreprise. L e Ministère
de la marine, le Muséum d’histoire naturelle, MM. De Jussieu, De Candolle et d’autres
savans célèbres leur prodiguèrent aussi les plus honorables encouragemens.
A u moment de commencer la rédaction de la Flore de Sénégambie, M. Leprieur reçut
l’ordre de partir pour la Guiane française. Il remit ses collections ainsi que ses notes à
son collègue qui, afin d’activer la publication de l’ouvrage, s’adjoignit MM. Guîllemin et
A . Richard. Les collaborateurs convinrent alors de se partager le travail des familles naturelles
de plantes, en distinguant, par leur signature placée à la fin de chaque famille, ce qui
appartenait en propre à chacun d’eux. Ils adoptèrent l ’ordre du Pr'odromus de M. De
Candolle pour la disposition des familles, et autant que possible suivirent cet important ouvrage
dans l’exposition des genres et dés espèces. L es caractères générique et spécifique, lès
synonymes, les descriptions, les indications de patrie, de localités et d’époques de la floraison
Ou de la fructification, furent exprimés en langue latine,'tan dis que les observations accessoires
furent écrites en français. On convint, en outre, de décrire complètement toutes les
espèces particulières à la Sénégambie, et de se borner à de simples phrases caractéristiques
pour celles qui sont déjà bien connues, et qui se rencontrent aussi dans d’autres contrées.
Néanmoins les auteurs n’ont pas cru devoir suivre avec trop de rigueur cette règle, et ils ont
décrit plusieurs plantes déjà publiées à la vérité, mais dont les descriptions ne se trouvaient
que dans des ouvrages extrêmement rares.
L e nombre des planches annexées à la Flore de Sénégambie étant nécessairement très-
limité, eu égard.à la prodigieuse quantité de plantes nouvelles dont le texte est rempli, les
auteurs ont dû faire choix de celles qui pouvaient offrir le plus d’intérêt, et souvent ils ont
préféré donner la figure d’une plante imparfaitement connue que d’en figurer une absolument
nouvelle. E n cela ils n’ont consulté que les intérêts de la science qui retire un plus
grand prolit de l’éclaircissement d’un point obscur, que de l’acquisition d’un objet entièrement
nouveau.
Par leur position au milieu des bibliothèques et des herbiers de Paris, les auteurs de la
Flore de Sénégambie ont eu l’avantage de pouvoir consulter les ouvrages et les collections de
plantes qui pouvaient leur offrir d’utiles renseignemens. Chez M. Delessert, ils ont eu en communication
les matériaux qui ont servi à Palisot de Beauvois pour sa Flore d’Oware et de
Bénin, ainsi que les plantes sèches du Sénégal des collections de Sieber et de Heudelot. M. De
Jussieu leur a permis de consulter son herbier qui renferme les plantes recueillies par Adan-
son et Roussillon dans la Sénégambie; M. Gay, celles de Richard et Dollinger. Ils ont dû à
l’obligeance de MM. Schouw et Hornemann de Copenhague, l’envoi d’un grand nombre
de plantes de Guinée qui formaient les types des descriptions de Thonning et Schumacher.
C ’est à l’ aide de ces précieux documens, si généreusement fournis par les amis et protecteurs
de la botanique, auxquels les auteurs de la Flore de Sénégambie témoignent ici leur vive
reconnaissance, qu’ils espèrent produire un ouvrage utile et qu’ils s’efforceront d’élever au
niveau de l’état actuel de la science. Cet ouvrage sera accompagné d’une carte très-détaillée
de toutes les parties de la Sénégambie parcourues par MM. Perrottet et Leprieur.