lement et devient vitreuse; ce qui fait qu’on la mélange avec la gomme blanche dans le commerce. Les Maures en
font un usage fréquent pour se guérir de la dyssenterie.
Les fruits ou légumes sont munis de valves épaisses, presque ligneuses, formées chacun de deux parois brunes-
rougeâtres, d’une saveur extrêmement acerbe, et entre lesquelles suinte un suc rougeâtre qui se concrète en une
matière friable, résinoïde, d’une saveur semblable à celle de la gomme kino. Ces fruits sont éminemment propres
au tannage et à la teinture des cuirs. Les Maures et les Nègres lui donnent la préférence sur le Neb-Neb ( Acacia
arabica) et sur toute autre matière astringente, pour tanner les cuirs destinés à faire le marroquin. Ils emploient
le fruit avant la maturité, parce qu’alors il contient beaucoup plus de tannin et d’acide gallique. A cet effet, ils
viennent couper les branches des Gommiers afin d’en cueillir plus facilement les gousses vertes. C’est, faute d’avoir
donné attention à cette pratique, que quelques négocians européens, et notamment M. Potin de Saint-Louis, ont
fait une mauvaise spéculation en envoyant en France des quantités considérables de gousses mûres d'Acacia Adan-
sonii et arabica, complètement desséchées et tombées naturellement des arbres. Ces gousses, devenues lisses par
l’âge et le frottement, avaient alors perdu leur principe astringent, à tel point qu’elles n’étaient plus propres au
tannage et qu’on n’a pu en tirer aucune valeur. Pour tanner leurs peaux de chèvre et de mouton, les Maures et
les Nègres mettent celles-ci tremper dans une infusion à froid de gousses d'Acacia desséchées et réduites en poudre
grossière, à laquelle ils ajoutent tantôt de la chaux, tantôt de la cendre de Salsola. Par ce procédé, ils obtiennent
des cuirs d’une excellente qualité, semblables aux plus beaux marroquins, dont ils font des outres destinées à
contenir divers liquides, des selles, des harnais, et différens objets d’utilité.
Les gousses, ainsi que l’écorce et les feuilles de Y Acacia Adansonii, sont fréquemment usitées chez les Nègres,
contre les affections scorbutiques, et les ophtalmies qui ont pour cause le relâchement des fibres. A cet effet, ils
les mâchent, ou bien ils se lotionnentla bouche et les yeux avec une infusion de ces gousses dans l’eau froide. Cette
infusion sert aussi à les guérir de la dyssenterie.
ACACIA ARABICA.
A . spinis geminis, ramulis petiolisque pubescentibus: pinnis 3-io-jugis, foliolis io -25-jugis, oblongo-
linearibus, glandulà infrà infimas et sæpè inter ultimas pinnas; capitulis pedunculatis axillaribus subternis;
legumine moniliformi.
Acacia Arabica Willd. Spec. 4 ,p . 1084. DC. Prodr. a ,p . 461. Roxburgh, Fl. Corom. a, tab. i 49-
Acacia nilotica Delile, Fl. Ægypt. Illustr. p . 3i . non Mimosa nilotica L.
Mimosa Arabica Lamk. Diet, encycl. 1 , p . 19.
Gommier rouge Neb-Neb Adans. Encycl. de d!Alembert, Suppl. 1 , p . 80.
C rescit abundè in locis depressis secùs flumen Senegal, in regione W alo, et usque âd Bakel in
regione Galam.
Dicitur Neb-Neb à Nigritis.
F loret à Septembre ad Decembrem.
OBSERVATIONS. Cet arbre, haut de trente à quarante pieds, a été décrit par Adanson dans l'Encyclopédie de
d’Alembert, sous le nom de Gommier rouge Neb-Neb. Une bonne figure, accompagnée d une description suffisante
, ayant été donnée depuis par Roxburgh dans sa Flore de Coromandel, il ne nous a pas paru necessaire de
décrire cette plante complètement ici.
Après la saison des pluies et vers le temps de la floraison, il découle de son tronc et de ses branches un suc gommeux
rougeâtre, légèrement amer, transparent, se concrétant difficilement en larmes ou petites boules, et qui
tombe souvent à terre où il forme des croûtes si épaisses qu’elles empêchent les plantes de se développer. Cette
gomme rougeâtre n’est pas recueillie par les collecteurs de gomme, et on ne la trouve point mélangée avec celle
du commerce.
Les Nègres emploient l’écorce de cet arbre en infusion contre la dyssenterie. Ses fruits servent, de même que
ceux de l’espèce précédente, au tannage des cuirs ; mais ils jouissent de propriétés moins astringentes. Ceux qui
viennent de l’Inde portent dans le commerce le nom de Bablah. Son bois rougeâtre, très-pesant, dur et incorruptible
dans l’eau, est recherché pour la construction des petites embarcations.
ACACIA SING. Nob.
A. caule arboreo excelso, spinis geminis minimis aut nullis ; ramis patulis ramulisque glabris ; pinnis
10-20-jugis; foliolis 3o-4o-jugis linearibus glaucis; glandulà oblongâ infrà pinnas, et 2-3 minoribus
inter extremas pinnas; capitulis 2-5 fasciculatis axillaribus.
A rbor 3o~4o pedes alta, ramosissima; trunco crasso, erecto; ramis patulis., brunneis, glabris, an-
gulatis, subinermibus. — F olia bipinnata; pinnis 10-20-jugis; foliolis 3o-4o-jugis, oblongo-linearibus,
minimis, approximatis mutuôque sese tegentibus, glaucis; petiolo communi complanato, glandulam
valdè conspicuam oblongam infrà pinnas, glandulasque minimas 2-3 inter extremas pinnas gerente.—
S tipulæ spinescentes, rectæ erectiusculæ albidæ, magnitudine variabiles, nunc 2 lin. nunc 1- 2 poil,
longæ.— F lores minimi, albidi, suaveolentes, m capitulos sphæricos pedunculatos aggregati; pedun-
culis longis gracilibus geminis ternis fasciculatisve axillaribus. — C alyx infundibuliformis prismaticus,
coloratus, apice 5-fidus; segmentis concavis extùs pilosis.—Corolla calyce paulô longior, apice 5-fida,
tubulosa, infernè attenuata, hypogyna.—S tamina creberrima, exserta, imæ basi corollæ inserta, ibique
libéra; filamentis capillaribus flexuosis; antheris didymis minimis. — Ovarium minimum, oblongo-
lineare, glabrum, stylo longo gracili terminatum.— L egumen nobis ignotum.
Crescit rara in siccis ad ripas fluminis Sénégal in via publicâ N'Gliio et Dagana regionis W a lo , et
in pago Fos's prope lacum Panié-Foul dictum. Crescit etiam in regione Galam.
A Nigritis dicitur Sing seu Zing, Singdour.
F loret à Septembre ad Martium.
OBSERVATIONS. L ’Acacia Sing & des rapports nombreux avec Y A . Famesiana; mais outre que cette dernière
espèce est un arbrisseau de quinze pieds au plus d’élévation, on trouve entre les deux plantes des différences suffisantes
dans la longueur des épines stipulaires, dans le nombre des pinnules et des folioles, dans la distance qui
sépare entre elles ces folioles, et dans le nombre et la position des glandes du pétiole commun.
Le Sing ou Zing des Nègres est un bel arbre de trente à quarante pieds, dont le tronc, assez droit et très-gros,
porte des branches élégamment disposées en parasol, à la manière du Cèdre du Liban. 11 est assez rare au Sénégal,
car on n’en rencontre jamais à la fois qu’un ou deux individus plantés, au milieu de quelques villages du Walo vers
le haut du fleuve. C’est sous leur ombrage que les chefs des villages voisins se reunissent pour palabrer, c est-a-
dire pour délibérer sur les affaires du pays.
Cet arbre exsude une gomme blanchâtre en petites larmes et peu abondante. 11 a des racines extrêmement longues,
dures et flexibles, d’un brun rougeâtre, qui servent aux Nègres à faire des manches de sagaies.