
Parmi les fourneaux nommés Flussoffen, dans' lesquels on traite les minerais de fer avec du
charbon de bois, pour produire de la fo'nte, il en est de quinze à dix-huit pieds de haut en
Carinthie, et d autres de quarante-cinq pieds de haut en Sibérie.
Rien n est peut-être plus difficile k déterminer que les hauteurs et les proportions des hauts
ourneaux, pour traiter les minerais de la manière la plus avantageuse ; aussi nous garderons-nous
bien den prescrire : il paroit que l'objet principal est de savoir conduire le fourneau dont on
dispose, en proportionnant le minerai, le charbon et le vent, de façon k obtenir le plus d'avantages
dans l'économie et dans la bônté de la fonte. r
Quoique la généralité des fourneaux n’ait qu’une ieuîe tuyère, deuxisouflets ou une machine
souHante > 1 ,est “ pendant, comme celui de Vordenberg et d’Eisenartz eii Styrie, de
lreybach en Carinthie, de Bergen en Bavière, de Newiamskoi en Sibérie, du Sropshire
et du Glamorgamshire en Angleterre, etci, qui ont deux tuyères. Orelly a proposé de placer
trois tuyères au fourneau de Preuilly dans le département de l’Indre ; enfin, il est des fourneaux,
comme celui d Abernaut dans le South-Wales en Angleterre, qui ont deux tuyères à côté Tune
de 1 autre, et deux coulees dans deux directions opposées.
Afin de donner une idée des hauts fourneaux, nous allons faire connoître celui dont on
fait usage a Vordenberg en Styrie, et qui a deux tuyères et quatre souflets.
Avant de décrire ce haut fourneau, disons un mot de la manière dont on le conduit.
On emplit le haut du fourneau de charbon ; on l’allume par le bas ; le feu se conduit avec
lenteur, en lui donnant peu d’air pour l’alimenter, afin que le fourneau s’échauffe graduellement
: lorsqu il est assez échauffe, on charge un peu de minerai avec le charbon , on donne plus
d a ir , et 1 on fait jouer les souflets lorsque le minerai grillé , désoxidé, et presque fondu, est
près d arriver devant la tuyere. On fait la grille pour nétoyer le creuset et le préparer à recevoir
la fonte. r
I l faut ensuite augmenter graduellement les charges de minerai, jusqu’à ce que le charbon
en ait la quantité qu’il peut fondre; alors on conduit le fourneau, en variant la quantité de minerai
jeté dans le gueulard à chaque charge, et en variant aussi la quantité d’air que l’on fait
entrer dans le fourneau.
QOn juge de la marche et de l’état du fourneau, i ° . par l’état de la fonte que l’on coule;
i . celui des scories ; 30. la couleur du bain de fonte et celle des gouttes de matière qui tombent
dans le creuset; 40. la forme et la couleur de la flamme en sortant par le gueulard et par la tympe ;
50. le bruissement que la marche du fourneau fait entendre.
Un fondeur habile prévoit à 1 avance, à l ’aide de ces cinq caractères, les accideris qui peuvent
arriver pendant le travail, et il détermine le remède que l’on peut employer pour les éviter ou
les détruire.
Si l ’on veut avoir de plus grands détails sur la conduite d’un haut fourneau, on peut consulter
Y Art des Forges de Swedenborg et la Sidérotechnïe de Hassenfrat^.
Figure i re. Plan du haut fourneau de Vordenberg, pris à la hauteur de la tuyère.
1. Double muraillement du fourneau,
z . Parois.
3. Creuset.
4. Projection du ventre du fourrieau : on voit que le ventre est circulaire, tandis que le creuset
est carré.
5. Ouverture de la coulée de la fonte.
6. Ouverture pour la coulée des laitiers.
7. Creux paraboloïde dans lequel on reçoit la foîitë pour la lever en plaques minces, auxquelles
on donne le nom de blettes.
8. Barre de fer sur laquelle on place, ou appuie, le ringard pour lever les bletres.
Le lever de la fonte en plaque mince n’a lieu qu’en Styrie et en Carinthie : cette opération
facilite 1 affinage de la fonte3 et produit une économie considérable en tems et en charbon.
Dès
POUR LA MÉTALLURGIE. s5
Dès que la fonte est réunie dans le trou paroboloïde, on jette dessus un petit sceau d eau;
ce liquide fait figer les laitiers, qu’on enlève avec des ringards. Lorsque la fonte est entièrement
découverte, on jette de l’eau sur le bain, la surface se fige, on soulève et Ion enlève
la croûte figée ; on jette de nouvelle eau, on fige une nouvelle croûte, que 1 on enleve de la même
manière : l’opération sê continue jusqu’à ce que toute la fonte, réunie dans le creuset, ait été
enlevée en plaques minces.
Ces plaques sont affinées après un grillage particulier lorsque 1 on veut obtenir du fe r , et
elles sont fondues sans grillage préliminaire lorsque l’on veut obtenir de 1 acier.
Ouverture faite aux souflets pour modifier la quantité d air qu ils lancent ; on les ouvre
lorsque l’on veut diminuer l’air; on les ferme avec un tampon lorsqu on veut 1 augmenter.
1 o. Intérieur d’un souflet.
11. Extérieur d’un souflet.
12. Base coudée, tringle de bois sur laquelle passent les cammes.
1 3. Charpente sur laquelle les souflets sont posés.
14. Ame ou soupape à clapet, par laquelle l’air entre dans les souflets.
15. Mentonnets porte-ressorts, qui soutiennent et poussent les liteaux des souflets.
Figure 2. Coupe verticale du haut fourneau dans la direction du souflet.
1. Fondation.
2. Canal de dessèchement pour favoriser l ’évaporation de i’humidite.
3. Maçonnerie qui recouvre le canal.
4. Pierre de sole formant le fond du creuset.
5. Double muraillement.
6. Intérieur du creuset.
7. Intérieur du gueulard.
8. Intérieur du fourneau ; la plus grande largeur se nomme ventre. ^ ^
9. Parois des fourneaux ; elles doivent être construites en pierres ou en briques très-réfractaices.
10. Ouverture de la plate-forme pour charger le minerai, le charbon et les fondans dans le
gueulard.
11 . Vide intérieur de la cheminée.
1 1 . Murailles ou parois de la cheminée.
13. Tuyère.
14. Vide intérieur d’un souflet.
15. Souflet vu à l’extérieur.
1 6. Arbre mu par une roue hydraulique pour donner aux souflets le mouvement qui leur est
nécessaire.
17. Cammes fixées sur l’arbre.
18. Charpente qui supporte les souflets. ,
19. Ame ou soupape à clapet, formant l’ouverture par laquelle l’air entre dans le souflet.
10. Mentonnet porte-ressort.
1 1 . Base cpudée.
Figure 3. Élévation du fourneau vu par-devant.
1. Fondation.
2. Massifs du fourneau.
3. Cheminée.
4. Voussoir ou embrasure , berceau fait dans le double muraillement pour parvenir devant le
fourneau et manoeuvrer dans l’intérieur.
5. Ouverture pour l’écoulement des scories.
6. Ouverture pour l’écoulement de la fonte.
7. Ferrement, placé dans le double muraillement, pour donner plus de solidité à la maçonnerie
et empêcher les écarcemens produits par la haute température de l’intérieur. D