Si l’on compare le Pin des Canaries avec les espèces qui pourroient avoir quelque
analogie avec lui, on est bien vite assuré de ses différences caractéristiques ; presque
tous les Pins à trois feuilles sont originaires d’Amérique, et ont pour la plupart les
écailles des cônes terminées par un crochet pointu et recourbé qui manque dans
nôtre espèce. Par la grandeur de son cône et la longueur de ses feuilles, elle auroit
quelque rapport avec le P inus palustris ; mais celui-ci, outre plusieurs différences
dans le port, a le cône plus allongé que celui des Canaries, et 1 aile qui couronne
les fruits est deux fois plus longue. Malgré le nombre habituellement ternaire des
feuilles, le Pin des Canaries a plus de rapport réel avec ceux de l’ancien Continent,
et notamment les Pinus P in ea , Halepensis et Maritima. Il ressemble au Pin à pignons
principalement à cause de la disposition singulière des jeunes pousses inférieures comparée
avec le reste de l’arbre * mais la forme ovale-allongée de son cône et 1 aile qui termine
ses carpelles ne permettent pas de les confondre. Le Pin maritime des Landes de
Bordeaux porte un cône qui s’approche de celui des Canaries pour la forme, mais qui
n’atteint guères que la moitié de sa longueur, et dont les écailles, au heu d’etre a peu
près régulièrement carrées à leur sommet, sont sensiblement plus larges que longues;
enfin, le Pin d’Alep, qui a le cône plus petit et plus pointu que les deux precedenS,
diffère encore davantage de notre espèce. Celle-ci se distingue, en outre des trois précédentes
, par la couleur très-glauque des feuilles des rameaux inférieurs, et par
le nombre ternaire des supérieures. Le Pin de Mogador , qui est encore a peine
connu, paroît se rapprocher du Pin des Canaries, mais on n’en a point encore vu
le fruit, et la seule feuille que j ’ai reçue de M. Broussonet paroît annoncer une espèce
différente.
Je ne terminerai point cët article sans dire que l’examen soigné que j’ai fait de
la végétation et de la structure du Pin des Canaries se rapporte si exactement à l’excellente
description et à la théorie ingénieuse que M. de Tristan a donnée de ce genre
dans les Annales du Muséum d’histoire naturelle (Vol. XVI, p. Mo), qud me paroît
impossible de douter, i.° que les feuilles solitaires des rameaux inférieurs sont les
vraies feuilles de la plante, qui se développent à l’état foliacé tant quii ne naît point
de rameaux axillaires, et se changent en écailles caduques et ciliées lorsque les
rameaux axillaires à trois feuilles se développent; 2.« que les chatons mâles naissent
à faisselle des écailles qui représentent les feuilles, et remplacent ainsi les ra-
meaux axillaires à trois feuilles.