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Les grappes naissent opposées aux feuilles supérieures, mais comme elles se
redressent et étouffent souvent par leur accroissement la véritable sommité de la
tige, elles finissent souvent par la remplacer, et on dit alors qu’elles sont terminales ;
elles s’allongent pendant la fleuraison et se composent de huit à dix fleurs très-petites ;
celles-ci sont pprtées sur des pédicelleà filiformes, longs de 2 lignes, dépourvus de
bractées à leur base; elles sont très - écartées dans le bas de la grappe, au moins
à la fin de la fleuraison.
Le calice est composé de quatre sepales appliqués contre la corolle, de forme
linéaire, presque en alêne ; les trois supérieurs sont plus courts que les pétales,
l’inférieur atteint presque leur longueur.
Les pétales sont petits, au nombre de quatre, linéaires, pointus, de couleur
jaunâtre; les deux inférieurs droits, sans tâches; les deux supérieurs un peu plus
longs, redressés du côté supérieur de la grappe, et marqués dans le milieu d’une
tâche pourpre.
Les étamines semblent au premier coup d’oeil au nombre de cinq, mais avec un
peu d’attention, on y retrouve les six étamines propres aux vrais Gléomés : les
quatre supérieures sont dépourvues d’anthères et réduites à des filets libres, linéaires,
pointus, en forme d’alène et assez courts; la cinquième est située au côté inférieur
de la fleur; elle est plus grosse que les précédentes ; son filet est presque cylindrique, de
couleur pourpre; il est couché sur le sépale inférieur du calice et atteint à peu
près sa longueur ; il porte une anthère épaisse, double, qui offre deux lobes
oblongs, composés eux-mêmes de deux loges; il est donc évident que cette
cinquième étamine est composée de deux étamines inférieures soudées ensemble
à la fois par les filets et par les anthères ; c’est un phénomène analogue à celui que
présente l’étamine en apparence unique du Salix monandra, lequel a véritablement
deux étamines monadelphes et syngénèses à la fo is , et c’est pour la rapeller què j ’ai*
donné à cette espèce le nom de Cleome monandra.
On observe à la base supérieure de l’ovaire une glande verte, assez épaisse, qui
rappelle l’organisation du Polanisia uniglandulosa.
L’ovaire est sessile, oblong, surmonté d’un style très-court, à stigmate simple.
Il se change en une silique cylindrique, sessile, garnie de très-petits poils,
surmontée par un style court et aigu, longue de 12 à i 5 lignes, droite, striée, à
deux valves et à une seule loge ; les graines sont attachées aux placentas intervalvulaires,
sur une seule série, au nombre de dix à douze. Elles sont reniformes, légèrement
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chagrinées, un peu comprimées, dépourvues d’albumen; l’embryon est courbé, à
radicule cylindrique et à deux cotylédons oblongs.
H IS T O IR E .
J’ai reçu les graines de cette plante du Jardin de Schwetzingen, mais sans désignation
de son pays natal. Semée sous couche au mois d’Avril, elle a fleuri en été.
Depuis que la gravure de cette singulière espèce a été livrée à l’impression, j ’ai
reçu de M. Schrader une planche qu’il se propose d’en publier sous le nom de
Dactyloena micrantha, et qui présente les détails de la fleur et du fruit avec beaucoup
de précision. Je ne nie point qu’on puisse avec facilité et peut-être avec convenance,
établir un genre nouveau fondé sur l’unité apparente d’étamine. Cependant je pensé
qu’il est plus comforme à l’analogie de laisser cette espèce parmi les véritables Cléomés,
en la considérant néanmoins comme une troisième section. En effet elle a réellement
six étamines et le torus court et hémisphérique, comme le comporte le caractère
du Cléomé; l’avortement de quatre anthères ne peut pas plus la séparer de ce genre
que l’avortement de six anthères n’a dû faire sortir le Polanisia dianthera du sien ;
la présence d’une glande latérale sous l’ovaire, ne peut pas plus déterminer sa
séparation des Cléomés que le même caractère n’a fait séparer le Polanisia uniglandulosa
de son genre. Il resteroit donc pour unique caractère distinctif la soudure des deux
étamines inférieures qui pourroit en effet motiver une séparation générique. Je me
bornerai à l’indiquer ici comme une section, parce que les Cléomés sont tellement
variées dans leurs formes, que si l’on s’écarte des caractères un peu généraux que j’ai
proposés dans le Prodromus, je crains qu’on ne se trouve obligé de multiplier les
genres au-delà des bornes.
Parmi ceux qui ont été proposés il en est un que je n’ai pas admis dans le Prodromus,
parce que je ne connoissois pas alors le fruit à. l’état de maturité; mais ayant dès
lors reçu ce fruit, je le regarde comme nécessaire à établir:; je veux parler du
Cleome raphanoides (Prod. 2. p. 2^0. n. 2^.); cette plante a un port si différent
des autres Cléomés que Willdenow l’avoit confondue avec les Raphânus, sous le nom
de Raphanus pilosus. Dès lors ayant reconnu qu’elle n’étoit point de la famille
des Crucifères, je l’insérai parmi les Cléomés en nottant que Thonning, qui en a
fait la découverte, la considéroit comme un genre particulier, d’abord sous le
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