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du côté supérieur par une glande nectarifère, surmonté d’un style filiforme et simple,
divisé à l’intérieur en trois loges, qui renferment chacune deux graines. Plusieurs fleurs
de chaque thyrse tombent sans fructifier. Le fruit est parfaitement semblable à celui
du Maronnier commun quant au péricarpe, et quant au nombre et à la forme
des graines; celles-ci paraissent en général un peu plus petites que dans l’espèce
ordinaire.
H I S T O I R E E T O B S E R V A T I O N S .
La brillante espèce de Maronnier que je viens de décrire, est cultivée dans les
jardins botaniques depuis quinze à vingt ans, mais elle y est encore rare et son origine
est encore inconnue; on soupçonne qu’elle est originaire de l’Amérique septentrionale.
Je l’ai reçu de MM. Baumann, habiles pépiniéristes de Bollwyller, près Colmar, sous
le nom d'Æsculus camea; trouvant que ce nom ne donnoit de sa belle couleur qu’üne
idée imparfaite, je le conservois sous le nom d'Æsculus coccinea, mais ne l’ayant
point publié j’ai du adopter celui d'Æsculus rubicunda, sous lequel il a été désigné
dans l’herbier de l’Amateur. Il en a dès lors paru une très-bonne figure sous le nom
d'Æsculus camea dans l’ouvrage de MM. Guimpel, Otto et Hayne.
Cette espèce diffère de toutes les espèces du véritable genre Æsculus par la couleur
de ses fleurs ; il se distingue en particulier de l’Æsculus pallida parce qu’il n’a pas les
etamines deux fois plus longues que la corolle; de XÆsculus glabra parceque les
onglets des petales sont plus courts que le calice et de XÆsculus hippocastanum parce
qu’il a presque toujours huit étamines et quatre pétales au lieu de sept étamines et
cinq pétales. Ce dernier caractère tend à prouver que le nombre des étamines ne
suffit point pour distinguer les Maronniers des Pavia; l’exemple des variétés dè
Maronniers dont le fruit est dépourvu de pointes, tend à montrer que le caractère
des fruits avec ou sans épines, quoique généralement vrai, n’est pas non plus sans
exception; le cararactère vraiment distinctif entre ces deux genres est que les
Maronniers ont le calice en cloche et les pétales plus ou moins étalés, et les Pavia
le calice en tube et les pétales droits ou dans la continuation du calice.
Quoique le Maronnier rubicond paroisse destiné à devenir moins grand que le
Maronnier commun, il n’en est pas moins un des plus beaux arbres d’ornement que
l’on puisse recpmmander aux amateurs. Il fleurit plus jeune que lui, et fait déjà un
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bel effet dès l’age' de cinq à sept ans ; placé à côté du Maronnier commun, il commence
à épanouir ses fleurs quand l’autre est prêt à passer. Il prend facilement de greffe
sur le Maronnier commun. Je n’ai eu jusqu’à présent qu’un petit nombre de graines
qui ne se sont pas développées par la germination.
On commence à cultiver dans quelques-uns de nos jardins, une variété du Maronnier
commun, dont j’ai déjà fait une courte mention à là page 129 de la 2.de partie du
second volume des Mémoires de la Société d’Histoire naturelle de Genève ; M. Saladin
de Rudé, l’un des membres de l’administration du Jardin et des bienfaiteurs de cet
etablissement, dont nous avons à regretter la perte, avoit observé dans sa campagne
de Frontenex un gros Maronnier, dont une branche portoit des fleurs doubles et par
conséquent stériles ; il en a fait greffer les bourgeons sur de jeunes pieds. Ces individus
ont commencé à fleurir; leur grappe est moins alongée que celle du Maronnier commun,
mais à fleurs plus rapprochées et très-doubles ; il y reste cependant quelques étamines
fertiles, mais elles ne portent point de fruits; en un mot elles sont parfaitement
semblables à la branche d’oii les greffes ont été tirées. Cette nouvelle variété mérite
l’attention des cultivateurs et des amateurs, soit par la beauté de ses fleurs, soit par
leur durée probablement plus longue, soit surtout parce que ces fleurs ne produisent
point de fruits, et n’offrent pas par conséquent le désagrément de salir les allées
en automne, comme le Maronnier commun, par la chûte des marons et de leurs
enveloppes.
On sait que les divers individus de Maronnier fleurissent souvent à des époques assez
différentes les uns des autres et assez constantes d’une année à l’autre. Je mentionnerai
sous ce rapport une variété précoce, qui se trouve dans un jardin des environs de
Genève; cet individu qui est très-grand, épanouit régulièrement ses feuilles et ses
fleurs un mois et quelquefois plus, avant tous les autres arbres de la même espèce.
Quand le temps est favorable à la fin de Février et au commencement de Mars il se
développe bien, mais il 11e produit presque jamais de graines mûres. La localité
n’influe point sur ce phénomène, car il est voisin d’autres Maronniers qui fleurissent
plus tard. Cette variété, éminemment précoce, mérite d’être multipliée par la greffe.
Les Maronniers n’intéressent pas seulement les amateurs par la beauté de leurs
fleurs, ils sont au nombre des arbres dont l’étude est la plus propre à faire comprendre
la théorie général de la Botanique; leur fruit est dans sa jeunesse à trois loges, dont
chacune renferme deux ovules ; on devroit donc y trouver six marons, mais par suite