gg|4o ■
à 3 et 4 pouces de longueur et offre par conséquent un long espace totalement nu.
De la sommité de cet article baissent trois pédoncules; un central uniflore dépourvu
de feuilles et long d’ i pouce à i pouce et % ; deux latéraux plus longs que le précédent,
qui sont de vrais rameaux et se divisent une ou deux fois en suivant le même
système, de manière qu’à la dernière ramification-les trois péduncules portent chacun
une fleur et que l’ensemble de cette disposition forme une espèce de. corymbe
trichotome. Les bractées ou feuilles florales sont ovales-oblongues, sessiles, longues
de 3 à 4 lignes, un peu courbées de manière que leur face supérieure est concave
et peu velue.; les bords des bractées supérieures sont un peu scarieux et ces organes
tiennent tout-à-fait le milieu entre la consistance des feuilles et celle des bractées.
Les fleurs sont blanches, inodores, plus grandes que dans la plupart des Céraistes;
leur calice est composé de cinq sépales ôvales-oblongs, cotonneux en dehors, lisses
en dedans, scarieux sur les bords, longs de 5 lignes. Les petales sont au nombre,
de cinq rétrécis en un onglet cunéiforme; leur limbe dépasse du double la longueur
du calice et est profondément fendu en deux lobes obtus séparés par un sinus aigu.
Les étamines sont au nombre de dix, libres entr’elles, insérées ainsi que les pétales
sur le torus sans adhérence avec le calice, placés alternativement devant et entre
les pétales; ces dernières sont plus précoces et un peu plus longues. Les anthères
sont ovales, à deux loges ; leur pollen est jaune-pâle. L’ovaire à l’époque de la fleuraison
est arrondi, verdâtre, glabre, surmonté de cinq styles blancs, un peu allongés. Cet
ovaire se change en une capsule cylindrique, deux fois plus longue que le calice, à
une seule loge, et qui s’ouvre à sa maturité par le sommet en dix dents droites. Le
placenta central, qui est assez allongé, porte des graines rousses, un peu chagrinées.
H IS T O IR E .
Cette plante croît dans les lieux pierreux des hautes montagnes de la Crimée où
elle , a été observée par M.. Marschall de Bieberstein et par M. Steven. Ce dernier
m’en a. envoyé des échantillons desséchés et les graines qui ont donné naissance aux
individus que je décris ; ceux-ci ne different des échantillons récoltés dans leur
sol natal que parce qu’ils sont un peu plus allongés et plus dressés.
Elle fleurit en Crimée du mois de Mai au mois d’Aout ; je l’ai eue en fleur dans le
jardin de Genève en Mai et Juin. Elle y a bien vécu pendant trois ans et est morte
énsuite pendant l’hiver.
L’illustre auteur de la Flore de Crimée avoit d’abord désigné cette plante sous
. ( 4i )
le nom de Cerastium repens, mais lui-même a reconnu quelle en différoit trop
pour pouvoir s’y rapporter, même comme variété; M. Smith auquel il en avoit adressé
un échantillon, pense d’après l’inspection de l’herbier de Linné, qu’elle appartient au
Cerastium tomentosum de cet auteur ; mais le Cerastium tomentosum lui - même
est une espèce sous laquelle Linné a réuni divers objets et dont il a peu
soigné les caractères. Le synonyme de Sauvages qu’il a cité est très-obscur et on
ne sait guère à quelle espèce il appartient; on peut seulement affirmer que comme
il est relatif à une plante de Montpellier et que celle-ci n’y croît point, on ne peut l’y
rapporter; le synonyme de Gaspard Bauhin est tout aussi douteux, et il est
très-vraisemblable qu’il se rapporte à quelqu’une des espèces d’Europe et non à la
plante de Crimée; la phrase de Linné, qui admet pour caractère des capsules
globuleuses, ne s’applique que très-imparfaitement à notre espèce qui les a cylindriques
et il faut supposer que si notre plante est celle que Linné a désignée il n’en a vu
que lovaire qui est en effet gloduleux et qu’il a supposé que la capsule conservoit
la même forme. Si donc la plante de Crimée est la variété du Cerastium tomentosum
comme son herbier paroit l’indiquer, il faut reconnoître que tous les synonymes,
les caractères et probablement la patrie sont inexacts.
Quant à la variété /3 de la même espèce, la phrase de G. Bauhin, citée par T .inné,
se rapporte à une plante originaire du midi de l’Europe et cultivée assez fréquemment
dans les jardins sous le nom d’Oreille de Souris; c’est à celle-ci que M. de Lamarek
a conservé le nom de Cerastium tomentosum qui est assez généralement adopté et
M. Tenore, reconnoissant qu’elle a été primitivement décrite par Columna ( phytob.
ed. 1744. p. n 5. t. 3i ) , l’a désignée sous celui de Cerastium Columnoe.
Dans cet état de choses j ’ai cru qu’il convenoit mieux de donner un nom nouveau
à l’espèce de Crimée, plutôt que de lui conserver ce nom de tomentosum, qui auroit
prêté à trop de confusion et j ’ai désiré conserver le souvenir de son origine, en lui
donnant celui de Cerastium Biebersteinii, pour rappeler le botaniste auquel on en a
dû la connoissance.
M. Seringe a rapporté avec doute à cette espèce le Lychnis maritima incana et
tomentosa de Morizon, ( hist. oxon. 2. p. 546. s. 5. t. 22. f. 44. ) ; mais il me paroit plus
vraisemblable d’après la description que ce synonyme, doit être rapporté au Cerastium
tomentosum de Lamarek ou Cerastium Columnoe de Tenore, quoiqu’il soit vrai que
la figure ressemble davantage à celui de Bieberstein.