toutes les aisselles des feuilles inferieures donnent naissance à de petites feuilles linéaires
. le plus souvent au nombre de deux, qui donnent à la feuille l’apparence d’être ternée
et qui sont réellement des parties d’un très-petit rameau avorté.
Les fleurs naissent en petit nombre vers le sommet des branches, alternes et munies
dun très-court pédicelle; elles constituent ainsi de petites grappes au sommet des
rameaux et l’ensemble de ces grappes forme une panicule très-lâche; les pédicelles
n’ont que deux lignes de largeur; une bractée linéaire ou en alêne et plus courte
que le pédicelle se trouve à sa base.
Le calice est tubuleux, persistant, parfaitement glabre et appliqué sur la corolle :
son tube a ï ligne et % de longueur, il est cylindrique à sa base, puis pentagone et
marqué de 5 veines; il se divise en 5 dents droites, subulées, longues de % ligne.
La corolle a le tube cylindrique, long de 4 à 5 lignes, c’est-à-dire trois ou quatre
fois plus long que le calice ; ce tube est pâle vers sa base, d’un pourpre sale et
noirâtre vers le sommet ; il se divise à l’extrémité en dix lobes réguliers, savoir cinq
dents larges, triangulaires, réfléchies, d’un pourpre sale, et cinq appendices alternes
avec les dents, dressés ou étalés, en forme de massue, longs d’une ligne et d’une
couleur vert-jaunâtre.
En fendant en long le tube de la corolle on voit qu’il donne naissance par
sa base a cinq étamines, trois filets stériles pointus, inégaux entr’eux et dont un est
plus court que le calice; deux fertiles de la longueur du tube de la corolle portant
chacun a leur sommet une anthere ovale-oblongue, biloculaire, dressée, non saillante.
Lovaire est ovoide, presque globuleux, glabre, verdâtre, entouré à sa base par une
glande jaune ; le style est filiforme blanchâtre, de la longueur du tube, terminé par
deux stigmates tres-petits et reunis en une seule masse. L’ovaire coupé en travers
présente aussi deux loges qui renferment un grand nombre de petits ovules ovoïdes
presqu’arrondis.
H IS T O IR E .
• graine de cette plante, qui quoique peu brillante a de l’intérêt pour le Botaniste,
m’a été obligeamment communiquée par M. Auguste de Saint-Hilaire; ce naturaliste
l’a découverte au Brésil dans les pâturages sur St. Paul. Cette graine, semée sous
couche en Avril, a fleuri au commencement de Septembre.
O B SER V A T IO N S .
Le genre Schwenckia, établi par Linnée, ne contenoit primitivement qu’une seule
espèce à laquelle il avoit donné le nom de Schwenckia Americana, et qu’il n’avoit
accompagnée d’aucun caractère spécifique, comme cela arrive d’ordinaire dans les
ouvrages généraux pour les plantes solitaires dans leur genre. Dès lors MM. Willdenow
et Vahl ont décrit ou indiqué sous le même nom des plantes peut-être différentes les
unes des autres, et M. Kunth en publiant la description de quatre espèces de ce genre
récoltées en Amérique par MM. de Humboltd et Bonpjand, a conservé à l’une d’elles
le nom de Schwenckia Americana. On ne peut être parfaitement sûr à laquelle Linnée
avoit premièrement appliqué ce nom, et pour ne pas accroître la confusion, je considère
l’espèce de l’Orénoque, décrite et figurée par M. Kunth, comme celle qui doit conserver
le nom de Schwenckia Americana.
Notre plante du Brésil en est très-voisine, mais elle en paroit certainement distincte
i.° par sa tige à peine pubescente et par ses feuilles glabres et non hérissées comme
dans l’espèce de l’Orénoque ; 2.° par ses feuilles plus grandes et évidemment acuminées
au lieu d’être obtuses; 3.° par les lobes de la corolle réfléchis et non dresses;
4-° par ses rameaux plus grêles et plus allongés ; 5.° par son calice glabre et non
pubescent.
Le Schwenckia est remarquable par la régularité de son calice et de sa corolle qui
contraste avec l’irrégularité des étamines. Il tend avec plusieurs autres exemples
( Verbascum, Celsia etc. ) à prouver que les familles des Scrophularinees et des
Solanées ne peuvent être séparées et, malgré l’avortement de trois anthères,
le Schwenckia me paroit plus voisin du Nicotiana que d’aucun des genres rapportés
aujourd’hui aux Scrophularinées.