ainsi Rumphius les réunit dans un seul article. Forskahl ne mentionne que le Sesamitm
Indicum en Égypte, tandis que M. Delile, en parlant du Sésame d’Égypte, le nomme
Sesamum -orientale.
M. Sims conserve les deux espèces comme distinctes, en attribuant des fleurs opposées
au Sésame de l’Inde et alternes au Sésame d’Orient ; mais on trouve tous les
degrés possibles dans la position des fleurs sur les mêmes individus ; l’état naturel
est d’avoir les feuilles et les fleurs opposées : celles du haut s’en écartent plus ou
moins; la figure du Sesamum veruni de Gamerarius [hort. med. p . 43) , flue M. Sims
regarde comme appartenant au Sésame oriental, offre en particulier les feuilles inferieures
à trois segmens et les fleurs alternes dans le bas, opposées dans le haut de
la tige comme la mienne.
Malgré ces causes d’incertitude, je vois que la distinction des deux especes est
conservée dans le catalogue du Jardin de Kew, dans celui de Berlin, et surtout dans
celui de Calcutta où Roxburgh devoit avoir eu l’occasion de connoître très - bien ces
plantes. Je conservé donc encore les espèces des auteurs, mais j’engage les botanistes
qui seront dans le cas de les étudier dans leur pays natal, où dans de tres-grandes
collections , à examiner si ces deux espèces n’en forment qu’une, ou doivent rester
distinctes. Avec les documens que je possède, mon opinion personnelle seroit de les
établir comme suit :
• Sesamum Indicum, foliis ovato-oblongis lanceolatisve, inferioribus sæpe trilobis tri-
séctisve, caule erecto pubescente, capsula mucronatâ.
a. Grandidentatum, foliis inferioribus trisectis trilobisve,. lobis grosse et acutè
dentatis , Caule deorsum petiolisque inferioribus glabris.
Pluk. t. 109. f. 4* Rumph. amb. 5. t. 76. f. 1. — Sesamum indicum auetorum.
fi. Subdentatum, foliis inferioribus trisectis trilobisve, lobis integris aut obtusè
subdentatis, caule deorsum petiolisque inferioribus glabris.— Sesamum indicum var, fi.
DC. jard. Gen. 1 . 1. 5. Sims. bot. mag. t. 1688. Cam. hort. med. t. 43.
y. Subindivisum, foliis inferioribus omnibus aut plerisque indivisis, caule petiolisque
puberulis.
Burm. zeyl. t. 38. f. 1. Dod. pempt. t. 532. Lain. ill. t. 5a8. Rheed. mal. 9. t. 54-
— Sesamum orientale auetorum.
Je pense que, si on se décide à réunir les deux espèces en upe, le nom de Sesame
de l’Inde, qui indique la vraie patrie de la plante, doit être préféré à celui de Sésame
d’Orient, qui n’indique que l’habitude qu’on a de la cultiver dans le Levant.
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La plante figurée par Rheed, sous le nom de Car-Elu [hort. mal. 9. t. 55), parolt
être évidemment une espèce de Sésame, et il n’est pas même démontré qu’elle forme
une espèce bien distincte de la précédente, dont elle pourroit bien être considérée
comme une quatrième variété à feuilles simples, fortement dentees, et de forme plus
ovée.
La singulière monstruosité dont j’ai donné la description en parlant du pistil est
un nouvel exemple dès résultats des soudures et des avortemens pour masquer la
symétrie habituelle des plantes. J’engage ceux qui s’intéressent à ce genre de recherches,
si important pour la théorie générale de l’organisation, à comparer ce fait:
1.0 avec la figure de la Digitale d’Orient, que j’ai communiquée à M. Elmiger, pour
l’insérer dans sa Monographie de ce genre, publiée, à Montpellier, eh 1812; 2.0 avec
les considérations que j’ai exposées à ce sujet dans la première partie de la Théorie
élémentaire de la Botanique.
Il est vrai de dire , comme je l’ai fait plus haut, que la capsule du Sésame est à
quatre lobes ; mais cette expression pourroit faire naître de fausses idées , si pn
ne lui donnoit pas plus de précision. Le pistil du Sésame est formé de deux carpelles
soudés par leurs ovaires et leurs styles, et dont les stigmates sont libres ; l’ovaire
de chacun d’eux est formé d’une lame foliacée, dont la nervure moyenne encore visible
est déprimée en sillons, et dont le bord se replie à l’intérieur jusqu’au point
d’atteindre cette nervure moyenne dans les deux tiers environ de sa longueur ,■ et de
former ainsi deux loges longitudinales pour chacune des deux valves de la capsule.
Les deux carpelles sont séparables à leur maturité , et les deux loges de chacun d’eux
sont béans vers le sommet du côté intérieur. Au moyen de ce' développement, la
figure de Gærtner (carp. 2. t. 110) est très-intelligible. Dans la monstruosité décrite
plus haut, on trouve trois ou quatre carpelles réunis au lieu de deux. Peut-être doit-
on admettre que le nombre normal des carpelles de ce genre, comme de la plupart
des genres de Dicotylédones , est de cinq;_ qu’ils sont réduits à des nombres inférieurs
par des avortemens prédisposés plus ou moins constans, et que, dans l’exemple
du Sésame que je viens de décrire, ce que nous appelons une monstruosité, comparée
à l’état habituel, est une espèce de retour à l’ordre normal.