mais s’allongeant. au delà et atteignant la longueur du périgone. Ce style se divise à
son sommet en trois branches courtes et obtuses qu'on a coutume d’appeler stigmates;
elles sont extérieurement lisses eV rouges, de consistance analogue au style; leur
face interne est d’un blanc un peu rosé, toute hérissée de papilles stigmatiques et
mériteroit seule le nom de stigmate. Je n’ai pas vu le fruit.
H I S T O IR E .
La plante que je viens de décrire est provenue d’ùne bulbe obligeamment envoyée
au jardin de Geneve, avec plusieurs autres Liliacées précieuses, par M. le comte
de Carnarvon ; elle etoit provenue dans son jardin de la fécondation artificielle de
1 Amaryllis vittata par le pollen de XAmaryllis Reginoe. Je me suis décidé à en donner
une figure non-seulement pour faire connoître une des plus belles plantes qui puisse
servir à l’ornement des jardins, mais surtout pour montrer un exemple remarquable
d’hybridité.
M. Will. Herbert, frère de Lord Carnarvon, a établi dans son traité sur les plantes
bulbeuses un principe dont cette plante présente un cas assez frappant, savoir que
dans les Amaryllidees hybrides, la fleur rappelle celle du père et l’herbe ressemble à
la mere. Si on compare nptre Amaryllis de Carnarvon avec les deux dont elle est
issue, et dont on trouve des figures aux planches 129 et 453 du Botanical Magazin, on
y remarque les traits suivans de ressemblance et de différence.
Les feuilles sont droites, courtes et roides et la hampe épaisse et glauque comme
dans 1 Amaryllis 'vittata ; la spathe est longue et droite, le p,érigone en entonnoir peu
allonge d une couleur rouge tres-vive, les étamines munies de barbe à l’origine de
leurs filets, les stigmates courts et obtus, et le style plus long que les filets comme
dans 1 Amaryllis Reginoe. On peut cependant observer i.° que dans XAmaryllis
Regince, chaque lanière du périgone est munie d’une bande verdâtre tandis qu’ici
elle est parfaitement blanche comme dans XAmaryllis v itta ta , mais le reste de la
fleur ressemble absolument à XAmaryllis Reginoe. 2 .0 Que la fleur de notre plante
se maintient horizontale comme dans XAmaryllis vittata et non inclinée comme
XAmaryllis Reginoe.
D’après le principe cité tout à l’heure et dont on vient de voir une curieuse
vérification, on pourroit présumer que la variété à larges feuilles üAm aryllis vittata
figurée par M. Lindley à la planche n de ses Collecta,tea, sefoit peut-être une
hybride de 1 Amaryllis Reginoe fécondée par l’Amaryllis vittata ; en effet elle a la
fleur du. , v itta ta , avec une tige verte et mince porportionnellement à la grandeur
totale de la plante comme dans le Reginoe.
M. Herbert a proposé de désigner les hybrides par des noms composés de celui de
leur père et de. leur mère, ainsi notre plante porteroit dans sa nomenclature le
nom d'Amaryllis Reginoe - vittata , et la variété de Lindley, si notre hypothèse se
vérifioit, se nommeroit Amaryllis vittata - Reginoe. Je suis loin de nier les avantages
de cette méthode philosophique de nomenclature, mais j’ai cru cependant ne pas devoir
l’adopter par les motifs suivans: i.° Elle donneroit fréquemment des noms très-longs
ou très-barbares. 2.0 Elle obligeroit pour être conséquent avec soi-même à changer
un grand nombre de noms établis. 3.° Dans une foule de cas où l’on ne connoît que la
mère d’un hybride, on ne sauroit comment la désigner. 4-° L ’embarras croîtra bien
davantage à mesure qu’on obtiendra ( et M. Herbert lui-même en a fait connoître un
exemple curieux) de doubles hybrides, c’est-à-dire provenant ou de deux plantes
hybrides croisées entr’elles, ou d’une plante ordinaire croisée avec un hybride. M.
Herbert lui-même paroit avoir senti ce dernier embarras, car il a fini par désigner
par le nom d’Amaryllis splendens une double hybride, qu’il avoit d’abord désignée
sous le nom d’Amaryllis rutilo - equestri - vittata. Je pense donc que pour plus de
clarté il convient de conserver pour les hybrides des végétaux la même méthode que
l’usage a consacré pour les mulets animaux ; savoir, de leur donner un nom propre
comme si c’étoit une espèce.
D’autres voudroient ne point les admettre au rang des espèces, et les classer parmi
les variétés, mais quoi qu’il soit très-vraisemblable que dans ce que nous appelons
variétés il existe beaucoup d’hybrides, il y a un avantage évident à séparer celles-ci
toutes les fois que leur origine est connue ; en effet pourquoi les placeroit-on parmi
les variétés de l’un de leurs parens, plutôt que de l’autre? Dira-t-on qu’on les
considérera comme variété de celui des deux auquel elle ressemble le plus? Mais
•ce choix seroit souvent difficile et toujours arbritraire. Dira-t-on qu’on les placera
parmi les variétés du père, parce que c’est celui auquel la fleuraison a le plus de
rapports? Mais le père d'aris la plupart des hybrides de jardins est inconnu.
Voudra-t-on enfin, par ce»dernier motif, les placer à la suite des variations de. la
mère? Ce moyen seroit le moins incertain de tous, mais il auroit l’inconvénient
d’écarter beaucoup plus souvent les hybrides des espèces avec lesquelles elles ont
des rapports de fleuraison. Il me paroit donc plus avantageux de distinguer les
hybrides par un nom et de laisser les épithètes de variété pour désigner ou les