I',
, at
E
66 PACHYDERMES FOSSILES.
Cette assertion est moins fondée sur la présence des défenses dans la
mâchoire inférieure du Mastodonte d'Eppelsheim, lesquelles pourraient
aussi se trouver dans le jeune M. angustidens, que sur la forme toute
particulière de la dernière molaire, laquelle, d'après une dent isolée de
Chevilly et d'après la mâchoire inférieure représentée par Cuvier, n'offre
que quatre pointes doubles et un talon, tandis que, dans celui d'Eppelsheim
, elle a cinq pointes doubles et un talon bien prononcé.
Depuis que j'ai reçu du Muséum de Paris le plâtre moulé du Tetracaulodon
que Godman a décrit, et la mâchoire inférieure du Mastodon
gîganteus^ Cuv. pl. III Jig. 1 et 2j je suis parfaitement convaincu
avec M. Laurillard, que le premier est un jeune individu de la dernière
espèce, comme Ta aussi prétendu Harlan, bien que M. Isaac Hays pense
le contraire et qu'il veuille faire deux espèces du genre Tetracaulodon.
Je n'ignore point que MM. CVoizet et Jobert ont eu le mérite d'avoir
distingué cet animal et de l'avoir nommé Mastodon avernensîs ; cependant
j'ai lieu de croire que l'épithète que je lui ai donnée le désigne
mieux; car je prouverai que le Mastodon avernensîs est le jeune animal
d'une espèce qui ne le cède point en grandeur au Mastodon giganiews,
et qui, le surpassant peut-être, pourrait lui disputer son nom.
Bien que mes noms fussent déjà portés sur mes planches, je n'aurais
nullement hésité à les changer, si ceux de M. Croizet ne faisaient presque
tous allusion à des contrées; et, avouons-le, de pareilles dénominations
doivent le plus souvent leur origine à l'embarras ou à la difficulté
du choix, et loin d'imiter cet exemple, comme dans les autres branches
de la zoologie, il faudrait plutôt chercher à l'éviter. En me permettant
cette observation, je déclare que je serai toujours prêt à reprendre mes
dénominations, dès qu'on les trouvera impropres
•) On lit sur le Tetracaulodon dans le Bulletin (le la Société ge'ologique de 1833 par
M. Boue, pag. 443, ce qui suit : „M. Isaac Hays a iiiiLlié la description des os ina-
„xillaires inférieurs des Mastodontes, conserve's dans le cabinet de la Société pliiloso-
„pliique américaine à Philadelphie, avec les remarques sur le genre Tetracaulodon. Ce
MASTODON LONGIROSTUIS. ' 67
Comme je suis loin de douter de l'identité du Tetracaulodon et
du Mastodonte gigantesque, je me permets d'ajouter quelques mots^
touchant le dernier et de donner une figure du premier pl. XXI Jig. 1 :
ce que j'ai cru nécessaire, ayant plus tard l'occasion d'y renvoyer mes
lecteurs.
Cette mâchoire nous présente quatre molaires, dont les deux premières
sont usées par la détrition, la troisième est à peine attaqnée à l'extrémité
antérieure et la quatrième est entièrement intacte.
„mémoire a pour l)ut de confirmer la découverte faite par feu M. le docteur Godman,
„qu'il fallait séparer le Tetracaulodon du Mastodonte et que le premier genre n'était
„point un jeune individu du Mastodonte gigantesque.'^
„A ce propos, l'auteur s'occupe de la dentition des Mastodontes; il décrit et figure
„avec soin des mâchoires inférieures du Mastodonte dans son jeune âge, son adolescence
„et dans l'âge adulte. Puis il donne des détails et des figures des mâclioircs inférieures
„du Mastodonte gigantesque adulte, du Mastodonte de Cuvier, et leur oppose les mâ-
„choires semhlahles du Tetracaulodon dans son jeune âge et dans l'âge adolescent.
„Enfin il distingue et figure les mâchoires des T. Collinsii et Godmani.'-'
Connaissant, ainsi que je l'ai dit plus haut, le moule du Tetracaulodon Godman, je
ferai seulement observer que cette mâchoire portant tous les indices de la jeunesse,
non-seulement dans sa forme principale, dans la situation des trous de nerf, mais encore
dans les dents elles-mêmes, il est évident que le Mastodonte est l'animal adulte.
E n admettant qu'il y ait de jeunes individus sans incisives à la mâchoire inférieure
et sans autre marque distinctive, il est permis de croire avec Peal e que cette distinction
est sexuelle et que les défenses peuvent être attribuées à de jeunes mâles.
Cette opinion s'accorde parfaitement avec les observations que nous pouvons faire
chaque jour sur les animaux vivants. L'étalon a toujours des dents canines à la mâchoire
supérieure, mais rarement à la mâchoire inférieure, tandis que le plus souvent
la jument en est privée, et que la plupart des femelles ont des défenses fort petites
et, en général, des dents plus petites. Meckel prétend même que chez la femme
les dents permanentes arrivent plus tard que chez l'homme, et que souvent les dents de
l a i t de la femme, une fois tombées, ne sont point remplacées par des dents permanentes.
M. de Mcyer arrive à cette conclusion générale (voir les détails qu'il nous donne
sur les dents dans son Traité sur les dents et les ossements fossiles de Georgensmund)'. que
-la différence des dents de la femelle et de celles du mâle consiste surtout en ce qu'il
s'en développe un nombre moins grand chez la femelle, et que celles qui paraissent
sont moins fortes.
I- i.