à leur tour de fondement à la génération qui les fuivra.
Ces Tubes relient vukies dans quelques, Corallines, mais
la Seétion fait au moins découvrir les Velliges des cavités
applaties; c’ell ce qui fe voit dans plufieurs Kératophytes: Au
lieu que dans plufieurs Coraux pierreux, ces trous font fi exactement
remplis, qu’ils ne 1 aillent aucune trace de cavités
tubuleufes, excepté au dehors; il ell même très probable que
celles-ci auroient aufli été également effacées par une nouvelle
Colonie, fi les Coraux étoient reliés plus long-tems dans
la Mer.
O n trouvera peut-être qu’il y a de la précipitation à conclure,
que non-feulement les Corps qu’on vient de décrire dans
cet Effai, font l’ouvrage d’Animaux, mais encore que ces
Corps plus compaéts, connus fous le nom de Pierres étoilées,
ceux que leur figure a fait appeller Cerebrttes, les Champignons
pétrifiés, & autres femblables, qu’on nous apporte de différents'
endroits des Indes-Orientales & Occidentales, ont la même
origine. Il y a cependant une préfomption bien forte en faveur
de cette opinion; c’ell que dans tous les Climats les plus
chauds, la Mer près de fes bords, & par tout où on a pû
faire des Obfervatiors, ell tellement remplie de différentes
fortes d’Animaux, qu’il n’y a aucun Corps inanimé qui puiffe
y relier long-tems fans que quelque efpèce s’en empare. Dans
ces Pays, la quille des vaiffeaux, les rochers, les pierres,
en un mot tout-ce qui ell'inanimé, ell d’abord couvert d’une
infinité de domiciles d’Animaux. Les branches mêmes des
Végétaux vivants, qui pendent dans l’eau, font immédiatement
chargées du frai de differents Animaux, & de Poiffons
à Coquille de plufieurs fortes. Ces derniers eux-mêmes, lors;
qu’ils font affoiblis par l’âge, deviennent le fondement d’une
nouvelle Colonie d’Animaux, contre les attaques desquels ils.
ne peuvent plus fe défendre.
S i
S i la vie animale ell donc répandue avec tant de profufion,
que ni tes Corps inanimés, ni les Végétaux qui ont encore
toutes leurs forces, ni les Animaux eux-mêmes lors que leur
vigueur naturelle ell diminuée, ne peuvent être à couvert de
pareilles ufurpations, peut-on croire que les Corps, dont nous
parlons, en fuffent aufli exempts que nous trouvons qu’ils le
font, s’ils étoient abfolument inanimés? En un mot, n’y eût-
il point d’autre raifon pour appuyer le fentiinent que nous
venons d’avancer , cette confidération feule fuffiroit pour le
rendre plus que probable; c’ell que les Polypes, qui habitent
les Corallines, les Coraux, les Pierres étoilées, les Cérébrites
&c., peuvent fe défendre contre les attaques de leurs ennemis,
aufli long-tems qu’ils confervent toute leur vigueur: mais
lors qu’ils font affoiblis par l’âge, ou par quelqu’autre accident,
ils ont alors le même fort que tous les autres Corps inanimés
qui font dans la Mer, je veux dire, qu’ils font obligés
de céder à une force fupérieure, & de fervir de fondement
à une nouvelle Colonie plus puiffante & plus heureufe. ;
C es Découvertes ne paraîtront peut être pas affez importantes,
pour mériter toute la peine qu’elles m’ont coûté.
Quelque jugement que d’autres en portent, je me trouve bien
dédommagé du tems que j’ai donné à ces Recherches : elles
m’ont ouvert de nouvelles fçénes de Merveilles étonnantes,
en me faîfant voir la variété & le nombre infini des Animaux,
dont toute la Nature ell peuplée. Il fe peut aufli que les faits,
que j’ài rapportés dans cet Ouvrage, & que les exemples que
j’y ai produits d’Animaux, là où jamais on n’en avoit floup-
çonnê, piqueront la curiofité de plufieurs de mes Leéleurs, Ss
leur feront goûter la même fatisfaélion , 5s le même plaifir
que j’ai reffenti dans la contemplation de ces objets. Mes E t
fais pourront encore animer ceux, qui ont plus de génie 6s de
pénétration, à pouffer plus loin ces Recherches, 6s à en tirer
de nouvelles preuves, (fuppofé que nous n’en édifions
Q 2 pas