les Côtes $ Angleterre & & Irlande, & que leur compofition
eft fi compliquée, qu’on auroit peine à comprendre ce que j’en
dirois, fi je ne faifois pas précéder la defcription des Corps plus
Amples ; je commencerai par les Corallines. Par ce mot j’entens
des Productions Marines, qui ont la forme de Plantes, & qui
font compofées de plufieurs branches minces, & fubdivifées en
fines ramifications. Elles reffemblent à quelques efpèces de
Moufles; aufli les Botaniftes les ont-ils rangées dans la même
Clafle.
E lles différent des véritables Plantes Marines par leur tif-
fu, aufli bien que par leur dureté, & par les principes que la
Chymie en tire. Dans les Plantes Marines, qui méritent véritablement
ce nom, telles que les Algues, les Fucus&c., la Difi
tillation ne fait découvrir que peu ou point de fel volatil ; au
lieu que les Corallines en donnent une très grande quantité :
quand on les brûle il s’en exhale une odeur femblable à celle
de la corne, & des autres fubftances animales. Cela feul fuf-
fit pour prouver que ces Corps n’appartiennent pas tout-à-fait
au Règne Végétal, malgré la conformité de leur forme avec
celle des Plantes.
P o u r fuivre quelque méthode, dans la Defcription que nous
allons donner de ces Corallines, nous les diftinguerons en véficu-
leufes, en tubuleufes, en celluleufes, & en Corallines compofées
de diverfes articulations. Linnaus a compris toutes, ces différentes
efpèces fous le nom de Sertularia, dans la Clafle qu’il
a formée des Corps, qui par leur Figure, reffemblent au Corail.
A v a n t que d’aller plus loin, il eft à propos de remarquer
ici que les Defcriptions, que je donne dans cet Ouvrage, font
faites la pluspart d’après des Corallines qui m’ont été apportées
de loin ; quoique je n’aye rien épargné pour en avoir de
fraiches, & pour les examiner fur les bords mêmes de la Mer,
toutes les fois que j’en ai eu l’occafion.
Les
L e s Corallines véficüleufes fe diftinguent par leur fubftan-
ce, qui approche de celle de la corne, & par des branchages
qui font autant de tuyaux, difpofés de façon, qu’ils paroif-
fent former une très jolie Plante. La pluspart de ces Corallines
ont leurs branches dentelées, comme les feuilles des Mou fi
fes. Dans certaine faifon de l’année on les trouve chargées de
petits Corps d’une forme déterminée, & femblables à de petites
Veflies, qui tirent leur origine de différentes parties de la
tige & des branches; chaque différente efpèce a des Véficules
d’une figure particulière. Quand elles font féches, leur couleur
efl pour l’ordinaire jaunâtre, ou d’un brun pâle.
S i on les plonge dans l’eau, elles reprennent la forme qu’elles
avoient dans la Mer, & fe rempliffent bientôt d’humidité,
ce qui leur donne une couleur d’ambre à demi transparente,
& les rend fort élaftiques. On les trouve adhérentes aux rochers,
aux coquilles, & au x fucus, par des petits tuyaux qui
reffemblent à des racines. Mifes dans le Vinaigre, elles n’y cau-
fent aucune effervefcence.
C H A P I T R E II.
Des Corallines Véjîculeufes.
N°. 1. f^ O ra llin a vejtculata fparjîm & alternatim ramofa,
denticulis oppojitis cylindricis ,oribus crenatis,patulis.
Tamaris de Mer.
Cette Coralline a été prife dans une eau fort profonde, près
de l’Ifle de Dalkey, à l’entrée de la rade de Dublin. Ses branches
font placées aflèz irrégulièrement, mais cependant alternativement
de différens côtés. Son tiflu reflemble à celui de
la corne, & eft transparent. Ses denticules font grandes, cylindri-
C ques,
Planche I,
Fig. a. A.