grandeur, leur figure, & leurs autres qualités extérieures.
Toutes paroiffent avoir la même ftruéture, & laChymie en
tire les mêmes principes.
L a partie qui imite le bois ou la corne, eft revêtue d’une
efpèce d’écorce pierreufe ou calcaire, qui couvre le tronc &
les branches, jufqu’aux extrémités.
C e t t e écorce calcaire eft fort mince à l’origine du tronc,
mais elle devient plus épaiffe à mefure que les branches
avancent: En général cette enveloppe eft à proportion beaucoup
plus épaiffe dans les plus jeunes fibres, fi même elle ne
l’eft pas réellement. Cette matière calcaire répand aufli, lors
qu’on la brûle, une odeur femblable à celle des Corps Marins
qui approchent de la nature de la corne. Dans plufieurs fortes
de Kératophytes, cette écorce examinée attentivement, même
à l’oeil fimple, préfente des ordres réguliers de pores ou
de cellules; mais vue au Microfcope elle paroit conftamment
être un corps organifé, un affemblage régulier de cellules, fem-
blables a celles dans lefquelles des animaux ont été formés, ou
dans lefquelles ils ont vécu, & non une concrétion fortuite,
& faite de matières étrangères, telle que celle qui couvre la
moufle & d’autre végétaux, qui ont été accidentellement in-
çruftés dans des eaux pétrifiantes.
Q uoique la plupart des Kératophytes, lors qu’ils font
en état de perfeétion, foient couverts de cette écorce calcaire,
on en trouve pourtant fouvent qui n’en ont point du tout..
Il n’en faut cependant pas conclurre que ces derniers ayent été
formés de cette manière; puis qu’il eft plus que probable,
qu’ils ont été dépouillés de leurs enveloppes, par la violence
des ondes, ou par quelques autres àccidens, qui leur ont
enlevé une partie, qui ne paroit pas être moins effentidle à
ces Corps, que l’écorce l’eft aux arbres. C’eft pour n’avoir
pas fait cette refléxion, que les Botaniftes fe font ici trouvés
emembaraffés,
& que Boerhaave lui même a été engagé à divifer
les Kératophytes en deux Claffes, dont l’une comprend ceux
qui ont l’enveloppe calcaire, & qu’il appelle Titano Kérato-
phyta, & l’autre ceux qui en font dépouillés, ce qui arrive facilement
près des Côtes: Il donne à ces dernières le nom fimple
de Kératophyta.
Q u o iq u e les Obfervarions que nous venons de rapporter
foient affez fortes, pour prouver que les Arbriffeaux de Mer
font la fabrique d’un Animal, cependant comme il y a encore
plufieurs perfonnes qui n’èn font pas bien convaincues, nous
croyons devoir, par cette raifon, entrer dans un examen plus
exaét & plus détaillé, de la nature de ces Corps Marins.
Ceux qui peu avancés dans leur crue, n’ont encore que trois
ou quatre pouces de haut, reffemblent a un petit jet d’une Plante
calcaire. Si on les difféque longitudinairement, & qu’on les
examine avec attention, on y trouve au centre un Tube délié
qui imite la corne, & qui contient une matière blanchâtre, comme
de la moelle; d’autres Tubes très petits lui font attachés,
l’environnent, & le couvrent tout entier d’un bout à l’autre.
D a n s les Kératophytes plus avancés, ces petits Tubes calcaires
pouffent, à l’endroit où les branches fortent, de petites
Cellules d’Animaux, du genre des Polypes, & chacune
avec une ouverture. Ces Cellules font difpofées le long des
branches, & toujours avec une certaine régularité exaélement
appropriée à chaque efpèce particulière : plufieurs Naturalif-
tes les ont confondues avec les nids des Infeétes qu’on trouve
fur les Plantes; mais ce qui auroit dû les détromper,
c’eft que ceux ci font placés au hazard, çà & là , & fans aucun
ordre , au lieu que les autres ont précifément la même
forme & le même arrangement, qu’on obferve dans les Cellules
des Corallines. On a vü les Animaux de ces Cellules
s’étendre eux mêmes pour chercher leur nourriture, & les ma-
K tériaux