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afin que les jeunes Princeffes fes Filles s’amufaffent en les i-
mitant ; & pour cela il me pria de raffembler toutes les differentes
efpèces de ces Plantes qui fe trouvent fur nos Côtes ; ce
que je fis, fécondé par Mr. George Shelvocke, Sécrétaire au
Bureau Général des Polies, & par quelques uns de mes amis
en Irlande.
E nsuite M. Haies me procura l’honneur de préfenter
moi-même quelques-uns de ces Tableaux à Son Altelïc Royale ,
qui les reçût avec cette bonté dont elle accompagne tout ce
qu’Elle fait.
L a grande variété de ces Plantes que je reçus alors, me détermina
à en féparer les différentes efpèces, & à les ranger
dans les Claffes auxquelles elles appartiennent. En cela je
pris pour guide le favant Ray, qui dans fon Ouvrage intitulé
Synopjts Stirpium Britannicarum, a traité, mieux à mon a~
vis qu’aucun autre Auteur, de ces Produâions Marines, auffi
bien que des Plantes originaires de la Grande-Bretagne, & d e
l'Irlande. . . .
P our dilfinguer plus exactement leurs caraâères propres,
je crus devoir les examiner au Microfcope ; & avec ce fe-
cours je découvris, bientôt, qu’elles ne différaient pas moins
entr’elles par leur forme, que par la nature de leur compofi-
tion: celle-ci me parut telle dans plufieurs, que jefus plus porté
à les ranger parmi les Produâions Animales, qu’à les rapporter
au Règne Végétal.
C e l a me détermina à les féparer dès autres, & à ranger
toutes ces Produâions Marines en trois Claffes.
L a première comprenoit celles qui étoient manifeftement
des Nids ou des Cellules d’Animaux.
La
L a fécondé étoit compofée de ces Corallmes, dont la forme
& les fines ramifications, tout-à-fait reffemblantes à celles des
Végétaux, me les firent prendre dors pour de véritables Plantes
Marines.
E n f in je rangeai dans la troifiéme, les Corallines à articulations
pierreufes & les Keratophytes, qui me paroiffoient tenir
de la nature des Corps rangés dans les deux premières
Claffes.'
J’eu s l’honneur de préfenter à la Société Royale, au mois
de Juin 1752, cette Colleâion ainfi difpofée dans quatre
Tableaux, que j’accompagnai d’une Differtation, où je dé-
crivois ce qu’ils contenoient, comme je le croiois dans ce
tems-là.
J’é t o i s déjà convaincu par mes propres obfervations que
plufieurs de ces Corps, que jufqu’à préfent les Naturaliftes a-
voient pris pour des Plantes Marines, n’étoient en effet que
dés Produâions Animales ; plufieurs de ceux qui étoient dans
l’Affemblée fortifièrent les doutes que j’avois fur les autres, que
je n’avois pas oie reftitucr au Règne Animal.
P o u r déterminer ce qu’il en falloit penfer, je ne trouvai
point de meilleur expédient que d’aller examiner ces Corps
fur les lieux où ils fe trouvent ; & pour cela je me rendis au •
mois d’Août 1752. dans l’Ifle de Sheppey, près des Côtes
de Kent, accompagné de Mr. Brooking, habile Deffmateur,
qui voulut bien fe charger de faire les deffeins dont j’aurais be-
foin. L à , à l’aide d’un Microscope fait par Mr. Cuff, & que
j’avqis rendu propre à l’ufage auquel je le deltinois, j’eus oc-
cafion d'examiner dans l’eau même de la Mer ces Corallines,
dont l’origine me paroiffoit encore équivoque ; mais bientôt
mes doutes. furent diflïpés ; je fus pleinement convaincu que
ces prétendues Plantes n’étoient autre chofe que des Nids
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