* Hijîoria A-
nalium. Lib.
V. Cap. 16.
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C e t t e Incruftation calcaire s’attache aux Rochers, & aux
Coquilles, & fe trouve en grande quantité Fur les Côtes de
Cornouaille. Si on examine bien foigneufement la furface
de ce Corail, elle paroit remplie de petits pores, qui deviennent
prefque imperceptibles, lors qu’ils ont été quelque tems
hors de la Mer. En ayant rompu un petit morceau, que
je plaçai fous le Microfcope, j’y d’écouvris fur les cotés,
plufieurs étages de Cellules, feparées les unes des autres,
comme elles font repréfentées en D.
S i on met un morceau de ce Corail dans du Vinaigre, fa
partie calcaire fe diffoud dabord, & les réparations, auffi bien
que les Cellules, deviennent très vifibles : Mais la partie mem-
braneufè refie dans fon entier, ce qui donne lieu de croire
qu’elle efl de la formation d’un Animal.
L a Fig. d.N°. 2., repréfente un morceau de ce Corail, adhérent
à une de ces coquilles qu’on nomme Lepas, où Oeil
de Bouc. Nous avons fbuvent. trouvé de légères Incrufla-
tionS ce Corail, fur les petites branches de cette efpèce d’A lgue
qui croit fur les rochers, & qui efl connue des Botanif-
tes fous le nom de Conferva, de même que fur la furface de
quelques Fucus larges & minces.
C H A P I T R E IX.
Des Eponger.
ON croyoit déjà du temps d’Ariflote, que les Eponges ap-
partenoient au Règne Animal. C’efl ce Philofophe lui
même qui nous l’apprend. * „Plufieurs perfonnes, nousdit-
„ i l , étoient dans l’idée que les Eponges font fufceptibles de
„fentiment, & qu’elles fe contrarient, lors qu’on veut les arra
Des Eponges. 93
- racher. Mais Ariflote rejetta cette opinion, & fut fuivi
en cela par la plupart de fes Seftateurs. Il paroit cependant
afTez probable que les premiers qui eurent cette id é e ,.y furent
conduits par une forte d’expérience: s’il efl vrai en effet
que les Eponges foient le domicile, & la fabrique de Polypes, ou
d’Animalcules d’un ordre particulier, on ne peut pas douter
que tant de milliers de petits Animaux, qui fe retirent fubi-
tement, & tous à la fois, dans leurs trous, à l’approche du
danger, ne faffent éprouver à la main, qui veut arracher toute
la Colonie du lieu où elle efl fixée, une réfiflance, d’une
nature bien différente de l’impreflion, que feroit fur elle un
corps inanimé.
L e s efpèces d’Eponges qu’on trouve fur nos propres Côtes,
font en petit nombre, & pour la plupart fort petites, &
fort délicates. Il efl rare d’en voir qui n’ayent pas été feparées
depuis long-tems, du lieu où elles croiffoient, & pour
l’ordinaire leur Organifation efl beaucoup endommagée.
C e l a efl caufe que je ne fuis pas en état de donner
une defcription fatisfâifante, de la flruéture & des ufages
des différentes parties de cette Claffe de Corps marins;
quoique j’aye d’ailleurs examiné avec la dernière attention la
plus part de ceux que nos Côtes nous offrent, outre un
grand nombre d’efpèces différentes, que j’ai trouvées dans les
’ Cabinets des perfonnes de ma connoiffance. Il n’y à guères
que ceux, qui vivent près des lieux ou croiffent les Eponges,
& qui ont le temps & l’habileté neceffaires pour les obfer-
ve r, lors qu’elles font encore fraîches, qui puiffent bien nous
mettre au fait de leur nature & de leur propriétés. Si l’on
choifit une Eponge qui ait de grandes ramifications bien dif-
tinéles, & qu’on en éxamine avec foin un petit morceau au
Microfcope, ôn trouve qu’elle fort de plufieurs petits Tubes,
qui, en s’étendant & en s’élévant, pouffent des branches de
coté, dans toutes fortes de directions. Ces branches s’entre-
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