H4 C H A P I T R E XI. Des Coraux Tubuleux.
en partie d’yvoire. Un morceau que ƒ en jettai fur la table»'
rendit le même fon qu’auroit fait une pipe.
U n e tranche fort mince, que j ’en coupai avec peine, &
que je mis dans du vinaigre, fermenta avec violence. Après
avoir changé le vinaigre deux ou trois fois, je trouvai que la
matière crétacée ou pierreufe était diifoute, & qu’il n’étoit
relié que les membranes, qui enveloppent les petites lames;
d’où je conclus que la tige tenoit autant de la nature du
Corail, que de celle de l’os ou de l’y voire.
O N voit en K la figure d’un Encrihus ou Lilium Lapideum »
qui n’eft peut-être que les dépouilles pétrifiées de l’Animal
dont nous parlons. Je me rapporte à cet égard au jugement
de ceux qui s’attachant à l’étude des Foffiles; je ne crois cependant
pas qu’ils ayent encore rien avancé de plus probable
fiir ce fujet.
J’a i confulté Rojinus, Auteur Allemand, qui a publié à
Hambourg, un traité qui roule particulièrement fur ce curieux
Foffile, dont il a en même tems donné un fort beau
deffein: toute la différence que j’y ai trouvée eft, qu’un En-
crinus eft plutôt une forte d’Etoile de Mer , avec une tige ou
une queue articulée; & que les rayons de l’Etoile, au lieu d’avoir
des griffes, comme nôtre Polype, font garnis intérieurement
de plufieurs rangs de fibres articulées, ce qui fait que
chaque rayon reffemble à une broffe.
I l me femble donc que nôtre Polype eft d’un tout autre,
genre, & qu’il a été jufqu’à prefent abfolument inconnu*
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CHAC
H A P I T R E XII. *15
C H A P I T R E XII.
D e la manière dont les Animaux des Corallines Vêjîculeufes fe
multiplient, avec quelques autres découvertes Microf-
copiques, faites au mois de Juin 1755.
T’A I remarqué dans l’Introduélion, qui eft au commencement
de cet Effai, que ceux, qui avoient pris les Corallines Vé-
ficuleufes pour des Végétaux, avoient afîigné, & même avec
quelque apparence de raifon, différents ufages aux Véficules,
ou petites ampoules qu’on y trouve. Si par exemple on examine
avec foin les vaiffeaux féminaux de quelques efpèces de
Moufles terreftres, & particulièrement de celles que les Bo-
taniftes nomment Hypnum & Bryum, on y trouvera une
grande reffemblance avec ces Véficules. D’autres Naturalif-
tes ont cru, qu’elles étaient deftinées à foûtenir dans l ’eau
leurs tendres ramifications, comme les petits globules creux,
qui font fixés fur de petits pédicules, & placés le long des
branches de l’Acinaire, (efpèce de Fucus, qu’on trouve en û
grande quantité dans les Pays chauds, que baigne l’Océan
Atlantique ;) ou comme les ampoules du Chêne de Mer de
nos propres Côtes. Mais comme les petites ampoules des
o Corallines ont généralement une ouverture au fommet, il eft
clair qu’elles ne font pas propres à cet ufage.
C omme j’étais occupé au mois de Juin 1774, à obferver à Brightbelmflone dans la Province de Sujfex, quelques Productions
marines de cette claffe, je découvris que les Véficules
de la Coralline appellée Chêne de Mer, Planche V. Fig.
A , étaient habitées par une efpèce de grands Polypes, qui
partaient du corps charnu, qui occupoit le milieu de la tige
droite, & des branches, & qui paroiffoient ne faire qu’un
tout avec lui ; 'mais cette découverte me caufa plus de furpri-
fe, qu’elle ne me donna de fatisfadlion.
P 2 LL’’éé tt éé