tondes, & les Huîtres. Plufieurs de ces Productions informes
de la Mer, qu’on nomme Alcyons, ne méritent pas moins nôtre
attention. Si nous pouvions examiner ces Corps en différentes
faifons, je fuis perfuadé que nôtre curiofité ferait amplement
fatisfaite par les nouvelles découvertes que nous
ferions.
Comme dans la fuite de cet Ouvrage j’aurai fouvent oc-
cafion de parler de Polypes, il eft à propos d’en donner
ici une légère Defcription en faveur de ceux qui ne con-
noiffent pas encore ces InfeCtes. Pour cela je ne puis rien faire
de mieux que de décrire les Polypes d’eau douce, dont
Mr. Trembley, Membre de la Sodété R oya le , nous a fait
connoitre les finguliéres propriétés.
O n en voit un dans la Planche XXVIII. Fig. C. En y jet-
tant les y eu x , il fera aifé de comprendre ce que je veux
dire lorfque je parle des Polypes de Mer, de leurs bras,
de leurs griffes &c.
Le Polype d’eau douce eft donc un Animal dé la figure d’un
V e r , & d’une fubftance aufîi molle que les cornes des Limaçons
communs.
Par une des extrémités de fon corps, il eft adhérent,
comme par un fuççoir, aux Plantes aquatiques, ou à d’autres
Corps. Son autre extrémité, qui eft fa tête, eft environnée
de plufieurs filets ou bras, placés comme autant de
rayons autour d’un centre. Ce centre eft ' fa bouche ; & ces
bras flexibles, & capables d’une extention confiderable, lui
fervent à faifir des petits V e r s , ou d’autres Infeétes aquatiques,
& à les porter à fa bouche. Souvent on lui en voit
avaller, qui font plus gros que lu i, auffi a-t’il à un dégré é-
minent la propriété de dilater fa bouche beaucoup plus.à
proproportion
qu’aucun autre Animal. Après que fon eftomac
a fait la digeftion de ce qu’il a mangé, il rejette par fa
bouche ce qui ne fauroit plus fervir à fa nourriture ; & il
n’a pas d’autre ouverture vifible, pour donner iffue à fes ex-
crémens.
A u bout de quelques jours , fon corps parait hértffé de
petits boutons ou mammelons, qui font de jeunes Polypes
qui commencent à pouffer. A méfure qu’ils grandiffent,
on voit fortir de la circonférence de leur tête des fibres ou
des filets déliés, femblables aux bras de celui à qui ils doivent
la naiffance ; aufîi s’en fervent-ils bientôt au même ufa-
ge, en les emploiant à fe procurer de la nourriture. Quand
ils ont acquis toute leur grandeur ils pouffent à leur tour,
de la même manière, d’autres jeunes Polypes, qui Portent
auffi de leurs Corps. - Ainfi le même Animal fe fubdivife en
plufieurs ramifications, qui font autant de générations différentes
, unies en même tems à la même fouche, & difpo-
fées comme on les voit dans la Planche que j ’ai citée Fig. C.
Quand un de ces jeunes attrape quelque nourriture, elle ne
fert pas uniquement pour lui, mais encore pour toute la famille:
ce qu’il mange paffant dans le Corps de tous les autres,
contribue auffi à les nourrir tous.
U n Polype d’eau douce reffemble donc à une plante chargée
de branches, ou compofée de plufieurs Corps dont cha-
qu’un a cette propriété finguliére ; c’efl: que fi on le coupe
en deux, la partie qu’on en détache devient un Animal
complet ; en fe fixant fur une bafe, elle pouffe en peu de
tems des bras rangés en cercle comme ceux du Polype à
.qui il doit le jour; fa bouche fe forme dans le centre; il produit
une nombreufe famille; en un mot, à tous égards, il eft
un Animal auffi parfait que celui dont il a été féparé.
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