l’eau falée & les plongeant dans de l’efprit de v in , il y eut
pluûeurs de ces Animaux qui moururent fans avoir le tems de
fe contracter, & de fe retirer dans leurs cellules. Par-là je
parvins à conferver ces petits Animaux, de même que ceux
de pluûeurs autres Productions Marines, dans leur forme naturelle.
Ce moyen me réüffit fur-tout avec cette efpèce d’Alcyon
qui reffemble aux lobes des Poumons, & que les Pêcheurs
appellent Figue de M e r , parce qu’il renferme plu-
fieurs grains jaunes alfez femblables à des fémences. On en
voit uii reprefenté dans la Planche XVII. Fig. b. Sa furface
extérieure, vue au Microfcope, me parut parfemée de
petites étoiles, repréfentées dans la même Planche Fig.
B , C , D.
C e fut alors aufïi que j’obfervai, pour la première fois, des
Animaux vivans dans cette efpece de Coralline qui eft repré-
fentée dans la Planche XI, Fig. A. dans celle que fa figure
fait appeller Epine de Harang; voiez Planche X. Fig. A.
& dans les Corallines à ramifications tubuleufes, dont on voit
la Figure, groflie au Microfcope, dans la Planche XVII. Fig. A.
Ce fut là encore que je remarquai des Animaux fur la Coralline
à cellules, qui fe trouve groffie auffi au Microfcope, dans
la Planche XX. Fig. C. A mon rétour à Londres, je trouvai la
pluspart de ces Polypes fort bien confervés dans l’efprit de
vin où je les avois mis, quoiqu’ils y M en t entaffés avec divers
autres Corps plus folides, tels que des Etoiles de Mer, & des
Alcyons adhérans à des Coquilles.
M’étant ainfi convaincu que la méthode de tremper les Corallines
dans l’efprit de vin, les conferve avec leurs Animaux,
fans aucune altération ; je crois faire plaifir aux Naturaliftes
en la décrivant plus amplement; s’ils la fuivent ils pourront
faire venir des différentes Côtes de la Mer, les Corallines &
les autres Productions Marines dont ils voudront connoître les
habitans, fans être obligés d’aller les examiner fur les lieux.
I N T R O D U C T I O N . 9
Les Corallines les plus variées fe trouvent fur les Rochers,
ou fur les bancs d’Huitres, qui ont été négligés pendant quelque
tems, au moins c’efl-là où je les ai vû le plus fouvent en
petits buiffons. Dès que les Pêcheurs ont pris des Huîtres qui en
font chargées, il faut qu’ils les mettent promptement dans un
fçeau rempli d’eau de Mer, car les Animaux, qui y habitent, font
fi tendres qu’ils ne s’auroient être un moment dans l’air fans fe
rider ; après quoi on doit les tranfporter fur le rivage, & les
détacher avec des pinces de deffus les Coquilles, pour les
plonger doucement dans un baffm rempli d’eau de Mer bien
pure. Au bout d’une heure, ou peut-être même en moins
de tems, une loupe d’environ deux pouces de foyer fait voir
la Plante toute hériffée de Polypes, qui revenus de la violence
qu’on leur a faite, commencent à étendre leurs bras. Alors on
faifit brufquement ceux qu’on voit vivans , & on les plonge
au moment même dans un vafe rempli d’efprit de vin, qu’on
doit avoir à fes côtés ; par-là on ôte la vie à ces Animaux, fans
leur lâiffer le tems de fe contracter. Des flaccons remplis de
diverfes Productions Marines, ainfi raffemblées, peuvent être
envoyés à quelque diftance que ce foit, fans que la figure des
Polypes en foit en aucune façon dérangée.
O n peut encore emploier cette autre méthode. Placez les
Huîtres chargées de Corallines, dans un grand Vafe de terre ou
de bois, avec autant d’eau qu’il en faut pour couvrir les Corallines
, & pas davantage. Laiffez le tout en repos pendant
une heure; alors verfez doucement fur les bords du vafe, autant
d’eau bouillante qu’il y a d’eau froide. Celà fait, ôtez
promptement les Corallines de deffus les Coquilles, & mettez
les dans des flaccons remplis d’efprit de vin. Si enfuite vous
voulez les examiner, il faut féparer les différentes efpèces, &
les mettre à part dans des bouteilles de Cryltal remplies d’un
efprit de vin bien clair, mais qui ne foit pas plus fort que de la
bonne eau de vie : ces bouteilles doivent être longues & avoir
B une