une large ouverture, & il ne faut pas que leur Diamètre excède
la longueur du foier de la loupe avec laquelle vous vous
propofez de faire vos obfervations. Quand ces bouteilles font
bouchées de façon à empêcher l’évaporation, cette méthode
eft la meilleure qu’on puiife fuivre, pour conferver ces Plantes
animées, de manière qu’en les voyant, les plus incrédules
ne peuvent fe méprendre fur leur Nature & fur leur Origine.
I l eft bon cependant d’avertir ici, qu’il faut faire ces fortes
de Colleétions en été ; car pendant l’hiver ces Animalcules
font ordinairement contractes & engourdis par le
froid.
L es obfervations que j’avois faites fiir les Corallines véfî-
culeufes, & à cellules, me donnèrent les premières idées
qui m’ont fait çonnoître la formation des Kêratophytes. Découverte
qui me fit d’autant plus de plailir, qu’encore à
préfent cette ClalTe de Corps eft rangée, par les plus exaéts
Naturaliftes, parmi les Végétaux, mais couverts ou incruf-
tés accidentellement en différera endroits, comme plufieurs
autres Plantes, de nids de divers Infeûes qui leur font
propres.
O N trouve dans les Cabinets des Curieux quelques efpè-
ces de ces Kêratophytes, qui ont tant de rapport avec quelques
unes de nos Corallines véficuleufes à larges denticules,
qu’il n’eft guères poflible de les rapporter à différentes Claffes.
On en voit un repréfenté dans la Planche X X V I . Fig. S.
Qu a n t aux Kêratophytes des autres efpèces, je trouve
qu’ils reffemblent aux Corallines véficuleufes, & aux Corallines
à cellules, en des chofes fi effentielles, que je-ne
doute point que fi celles-ci appartiennent au Règne Animal,
comme les obfervations que j’ai faites jufqu’à préfent me le
perfuadent, les Kêratophytes n’y appartiennent aufli.
Q u’on
Q u’on fe donne la peine de comparer ces Corps enfem-
ble, & d’examiner attentivement la fuite des petits tuyaux
qui fe changent infenfiblement en ramifications celluleufes,
dansles Kêratophytes y & qu’on confidére en même-tems la
ftrufture de cette Coralline véficuleufe, nommée Arrête de.
Harang, & réprefentée dans la Planche X. Fig. a. alors je
crois pouvoir affurer qu’on fera de mon opinion.
C e qui fait ici de la peine aux Naturaliftes, c’eft cette
fubftance, qui approche fi fort du bois ou de la corne, dont
une partie du tronc & des branchés des Kêratophytes eft com-
pofée; comment en expliquer la formation, fi l’on ne fuppofe
pas que ces Corps font des Végétaux?
Mais au milieu de mes obfervations, je reçus heureufe-
d’Amérique, un très beau Kératophyte, de l’efpèce de ceux
qu’on nomme Eventail de Mer; on en voit une partie dans
la Planche XXVI. Fig. C , O , D , K. Ce Kératophyte, comme
on le verra par la defeription que j’en donne, démontre
clairement que des Animaux, du genre des Polypes, font les
Architeftes de cette croûte ligneufe ou femblable à la corne
de même que de la croûte calcaire qui couvre une nombreufe
Colonie d’Infeftes.
L e s Efcarres, que j’ai rangées dans la Claffe qui fuit celle
des Kêratophytes, méritent qu’on les obferve encore avec foin.
Il femble que quelques unes ne font autre chofe que des Matrices
ou des Ovaires de certaines efpèces de Poiffons à coquilles,
qu’on a quelque raifon de croire appartenir à la Claffe
des Bivalves. Je n’oferois cependant rien affirmer là-deffus, à
caufe de l’ignorance où nous fommes fur l’origine des Coquillages.
Cette matière eft encore fi obfcure, que jufqu’à préfent
nous ne connoiffons pas même la formation des Coquillages bivalves
les plus communs, tels que font les Moules, les Pé-
B z ton