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dessin ot sur tout ce qui pouvait d'ailleurs me servir à cet effet dans les descriptions que
j'avais relevées, je tis modeler un modèle eu terre de l'auimal entier, de la même gTosseur
que le dessin fait de proiil, ainsi que ô sections de diverses parties, au sujet de quoi je
pris pour bases eu partie les mesures de rondeur que j'avais relevées, et en partie les
coupes verticales et horizontales que j'avais mesurées, en me servant aussi du goniomètre
pour bien déterminer les angles de la carène dorsale et de la carène ventrale. Pendant
près de trois semaines, M:r A. KEILLEE, Ingénieur Civil, pour qui l'étude de la construction
des baleines a toujours été l'objet d'une prédilection particulière, et un habile sculpteur
en bois de cette ville que j'ai employé pour ce travail, ont été occupés, réunis à moi, de
la confection de ce modèle. Aussitôt qu'il a été achevé, il en a été pris, pendant qu'il
était encore humide, quelques photographies, et de pins encore j'en ai relevé quelques demisections
dans diverses parties en bois très mince. J'ai employé aussi un mouleur en plâtre
pour prendi-e des formes du dit modèle, comme aussi pour en couler un certain nombre
d'exemplaires.
J'en étais arrivé là au milieu de Décembre. Le lO du même mois, j'étais à même
de faire à. l'un des ateliers de mécanique de notre ville la commande des pièces de fonte
et des autres appareils en fer qui ont été employés de la manière qui va être dite à monter
la forme de grandeur naturelle sur laquelle la pean est définitivement posée.
Atin de faciliter les moyens de transporter cette forme, s'il en est besoin, le corps
consiste en quatre morceaux ditférens, coupés en travers, lesquels morceaux sont, dans les
points de jonction, munis intérieurement d'une pièce de fonte à trois branches. La périphérie
de ces rayons est formée d'une pièce de fer inclinée sur le côté ii angle droit, laquelle,
à la distance de chaque pied, est percée d'un trou, atin d'y visser le couple de bois
qui y correspond. Au centre de chacune des pièces de fonte se trouve un grand trou à
travers lequel se place en cas de besoin un espar de bois arrondi de 217 millimètres de
diamètre pour donner du soutien à toute la construction du corps, de même que pour le
tourner s'il le faut. Autour de chacune des pièces de fer susdites, est vissé un couple de
bois. Des couples de bois pareils, quoiqu'un peu plus forts en dedans, se trouvent en
outre tout le long du corps à 300 millimètres d'intervalle l'un de l'autre, à l'exception des
lobes de la queue et des membres antérieurs qui ont été faits par le sculpteur en bois
d'après nature, pendant qu'ils étaient encore frais.
La tête qnoiqu'aussi construite sur couples, est également un ouvrage du sculpteur;
les fanons y ont été fixés dans l'intérieur morceau par morceau, l'un des côtés des fanons
se posant pendant que l'autre côté, placé sous nos yeux, était encore entier et mou dans
la racine, à cause du sel dont, pendant tout le temps, cette racine avait été saupoudrée,
afin d'empêcher qu'elle ne séchât trop promptemeut. La mâchoire supérieure de la forme
de bois, qui est séparée de la poitrine par une section transversale, comme elle l'est aussi
par une section longitudinale du coin de la bouche jusqu'à la section transversale, s'élève
au moyen d'un mécanisme fort simple, de sorte qu'on peut approcher, voir de près les fanons
à l'intérieur, ainsi du reste que la cavité de la bouche. La partie de la tête a 4
mètres de long; elle est vissée à des charnières à la région de la nuque; et cette facilité
de soulever la mâchoire supérieure a l'avantage entre autres qu'on peut, en y entrant, se
livrer à toutes les études possibles. Comme bien des gens peuvent trouver aussi de l'intérêt
à pénétrer jusqu'à la partie de la poitrine, laquelle a près de 3 mètres de hauteur,
il y a été fait certains ornemeus et certaines dispositions pour la commodité des
visiteurs.
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Le morceau de la poitrine a un peu plus de 5 mètres; la partie abdominale est
également longue, et ces deux parties, comme les 2 autres, peuvent facilement se visser
ensemble au moyen des écrous qui traversent les couples. Après que la peau est restée
quelques mois sur cette forme de bois et que l'eau s'en est évaporée presque entièrement,
cette peau a été tranchée dans les sections transversales.
Mais tous ces arrangemens fout aussi que l'exemplaire peut avec la plus grande facilité
se mettre eu morceaux et s'emballer par parties; on peut ainsi le transporter facilement,
aussi bien en cas d'incendie aux lieux où il serait exposé, que pour les tournées qu'on est
en train de faire au moment où le présent écrit est sous presse.
A tout ce qui précède je veux ajouter enfin une description abrégée du traitement que
la peau a subi. La chose aussi peut présenter de l'intérêt, attendu que quant à la conservation
et à l'aspect, cette opération ne laisse rien à désirer.
Comme je lai dit déjà, c'est le 22 Novembre que pour la première fois la peau a été
mise au repos avec du sel et de la sciure de bois; j'ai fait venir ensuite, deux fois la semaine,
un habile contremaître-tannenr, pour en faire l'inspection et pour délibérer avec moi
sur les mesures qu'il fallait prendre encore afin de la conserver fraîche et de l'empêcher
de sécher pendant le cours de quelques mois. 11 importait grandement aussi pendant ce
temps d'en faire partir le plus d'huile possible. La fraîcheur de la température et les
couches de sel fin qui y ont été- saupoudrées, chaque fois qu'on y a touché, mais à une
fort petite épaisseur, ont produit à cet égard le meilleur résultat. Le moyen qui m'a semblé
contribuer le plus à éloigner l'huile, a été d'y apposer une nouvelle couche de sciure de
bois tous les huit jours pendant les six premières semaines. Mais, la sciure de bois blanc
étant en elle-même fort grasse, j'ai employé seulement, aussi vite que j'ai pu en recevoir
d'une soierie mécanique de notre ville, de la sciure de bois d'acajou et de noyer, fine comme
de la farine. Cette substance a été d'une efficacité certaine, attendu surtout que la température,
pendant le temps où ce travail a eu lieu, a continué à être favorable; car elle
n'a jamais été assez basse pour gêner le travail, s'étant tenue jusque vers l'époque de Noël
jusqu'à 8 degrés Celsius au-dessus de zéro et n'étant descendue que deux ou trois fois
jusqu'à 4 degrés. Lorsqu'enfin la sciure de bois n'a plus retiré d'huile, malgré le brossage
répété au moyen des brosses de laiton que j'ai précédemment décrites, j'ai employé, au
au lieu de sciure de bois, de la terre de pipe sèche et réduite en poudre, jusqu'à ce que
celle-ci à son tour ne. prît plus d'huile. Le samedi, 16 Décembre, les morceaux de peau
qui appartenaient à la queue, au nombre de trois, un pour le dessus et deux pour le dessous,
ont été mis dans l'eau pour en ôter le sel. Dans les vingt quatre heures suivantes, l'eau
a été renouvelée deux fois. Le 19 au matin, ces morceaux de peau ont été retirés et suspendus
pour en laisser découler l'eau. Le lendemain, le côté intérieur a été enduit au
moyen du pinceau d'une solution d'arsenic, après quoi la peau de ces morceaux a été posée
sur la grande forme de bois et les morceaux en ont été cousus ensemble. Toutes les tranchées
étaient faites par moi de manière à se trouver de 30 à 50 millimètres en dedans de
chaque bord. Le jour suivant, des morceaux de jonc, fixés au moyen de clous de cuivre
dont la tête était rabattue, avec des sous-bandes de papier enduit de cire et de carton, ont
été appliqués dans tous les endroits où il était nécessaire que la peau fût tendue plus unie.
Puis a été cloué par dessus un filet de rubans de fil en carrés de 200 millimètres sur
chaque côté avec un intervalle de 30 millimètres entre chaque clou; ce qui avait pour but
une tension de moindre étendue et d'empêcher par là que la peau ne se crevât. Tout
cela a réussi. L'épiderme lui même est resté intact pour la plus grande partie, et sur le
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Première Partie.