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j'avais fait coudre dans une vieille toile h voile et attaclier eiisemljle eu Ijottes de 2 à 3
mètres de long tous les os ([ui apj)artenaient à l'épiue dorsale, aliu que les plus petits os
du dessous de la queue, les(iuels étaient encore eaeliés dans la eliair, ne se déplaçassent
pas; ce qui fut fait aussi pour les épipliyses. La cuisson eut lieu à feu lent, mais pas
assez longtemps pour que les cartilages se séparassent des os. Le crâne immense dut ee-
])endant être cuit à la vapeur dans une caisse en bois montée sur place exprès.
Lorsque eette cuisson fut faite, ces jiarties du cétacé furent aussi apportées et déposées,
sans que leurs enveloppes furent défaites, dans la cour du Musée, où des arrangements
étaient pris pour nettoyer le squelette.
Ne croyant pas pouvoir utiliser la chair cliargée dans les chalands, j'en fis cadeau au
l)aYsan qui avait tué le baleinoptère. Le lendemain du jour où celui-ci avait été dépecé,
ces chalands furent donc remorqués de l'usine de Lindholm ii l'endroit où le cétacé avait
reçu la mort. Le Préparateur du Musée accompagna ces bateaux et en examina attentivement
le contenu, sans arriver à d'autre résultat que de retrouver quelques parties de grands
tendons du dos, bien qu'il eut reçu, lui aussi bien que tout autre, la promesse d'une bonne
récompense, s'il retrouvait les petits os qui manquaient. Lorsqu'ensuite la chair eut été
cuite en partie par celui à qui elle avait été donnée, pour en extraire de l'huile, cette chair
fut encore une fois fouillée, mais sans qu'on parvînt au résultat désiré.
Dans la nuit qui a suivi le jour où cette chair a été mise ii terre au dit lieu, il est
arrivé, au dire de CAEL HANSSON, des scènes plaisantes; les paysans de la côte sont accourus
de tous les environs et s'en sont retournés chez eux, chacun emportant le morceau le
plus gras qu'il piit saisir, et cela malgré l'odeur horrible qui s'en exhalait. Ces paysans
pensaient pouvoir se procurer facilement ainsi un peu d'huile; mais, en même temps, deux
aigles de mer (Falco albicilla), qu'on a tués les jours d'après dans le voisinage, venaient
sans doute dans l'intention, quant à enx, de se régaler de chair de baleine.
Eevenous actuellement au :\Iusée de Gothembourg; peu de jours après que les diverses
parties du cétacé y eussent été recueillies, le travail y était déjà en pleine activité dans
plusieurs endroits. A un mètre et demi au-dessus du plancher dont j'ai parlé, étaient
dressées deux grosses barrières de bois, rabotées bien unies et enduites de graisse, dont
les deux bouts reposaient sur des croix de bois de charpente; au moyen de poulies et de
cordes, les bandes de peau sont l'une après l'autre hissées sur ces barrières, l'épiderme eu
dessous; 8 vigoureux pêcheurs du pays de Echus sont occupés, à détacher, au moyen de
grands et de petits coutelas, le lard, jusqu'à n'en laisser qu'une épaisseur de 27 millimètres
sur la peau. Quelques autres brossent avec des brosses dures, faites de fil de laiton pour
cet usage, la peau ainsi dépouillée de son lard jusqu'à ce qu'elle devienne unie du côté
intérieur; une autre personne découpe le lard et l'introduit par la bonde dans un tonneau
vide, ayant contenu de l'huile, tenu là tout prêt. Les bandes de peau aiiisi préparées sont
replacées comme elles l'étaient aupiiravant, et encore une fois une légère couche de sel fin
est saupoudrée entre les côtés de l'épiderme. Entre les côtés du lard est placée une
couche, épaisse de 40 millimètres, de sciure de bois sèche, de notre essence ordinaire de
sapin. I^a peau seule des lobes de la queue et des membres antérieurs, si riche en tendons,
est égalisée sur une barrière de bois par un tanneur que j'ai fait venir. Au bout de
deux à trois semaines se trouve terminé l'enlèvement du lard, besogne aussi sale que pénible.
Toutes les bandes de peau ont été pour la seconde fois laissées eu rcjios. Le lard
qui en est ainsi séparé, pèse 3400 kilogrammes poids net. On peut compter à peu près
maintenant sur la conservation de la peau du cétacé.
Pendant que ce travail s'est fait dans l'intérieur, un nombre assez considérable de la
même classe de gens actifs et infatigables a été occupé en plein air dans la cour au nettoyage
du squelette. Chaque paquet a été soigneusement dépaqueté l'uu après l'autre. Les
petits os étant sous les vertèbres de la queue sont marqués, de même que l'endroit correspondant
sur le coin inférieur de chaque vertèbre, avec un nombre, différent à chaque os,
de pointes de cuivre et de laiton, et cela avant que ces petits os soient enlevés de leur
place; cette précaution-là était prise, afin d'avoir la certitude de pouvoir les remettre à leur
véritable place. Après que la chair est enlevée et que les cartilages intervertébraux sont
nettoyés dans les bords, les os sont brossés au moyen de brosses douces avec du savon
et de l'eau chaude. Une petite pompe à incendie complète le nettoyage, après quoi tous
les os ainsi nettoyés sont placés sur nu tréteau élevé, afin de les mettre à l'abri des rats
et des tentations des curieux.
Les fanons, qui, après avoir été séparés par le milieu dans la partie antérieure de la
bouche, ont été enlevés jiarfaitcment entiers, sont mis, salés sur leur racine, sur un tréteau,
dans l'intérieur, afin qu'ils ne sèchent pas avant que soit venu le temps de procéder au
travail, qui doit être lent sans doute, de replacer cet appareil, magnifique au plus haut
degré, sur la grande forme en bois de grandeur naturelle dont il sera parlé au chapitre
suivant.
En même temps sont lavés les intestins qui ont été déposés dans le sel; puis ils sont
étudiés et mis dans l'esprit de vin; mais je prends le soin de mettre dans les vases une
couche épaisse de foin enveloppé de linge, afin que les parties d'eau qui se séparent et
tombent au fond, ne nuisent pas aux produits préparés.
Pendant tout cela, mon ami, M:r ASPLUND, Docteur en iMédecine et en Chirurgie, me
prête une assistance active dans l'analyse de la paroi musculaire du coeur, lequel est endommagé
juir la putréfaction.
•Te trouve également la même bonne volonté et le même zèle dans M;r EKSTRÔM, Docteur
en Médecine, qui a fait de l'oeil et de ses affections l'objet d'études particulières; il
veut bien prendre le soin d'analyser et de soumettre aux préparations convenables l'oeil
droit du cétacé, celui qui était resté intact et n'avait été vu ([ue lorsque le sujet eut été
complètement dépecé; cet oeil était dans tout son état de fraîcheur; je l'avais détaché la
veille et il était resté, la nuit, conservé, dans de la gla,ce.
En même temps aussi, je fais subir une préparatiou de nettoyage à l'un des côtés du
bout de la queue, encore également frais et contenant 12 vertèbres, afin d'en faire la
description et afin aussi de conserver les parties de tendons, après les avoir fait sécher,
sur le squelette futur.
Cependant sont sculptés eu bois les membres et les lobes; ce travail pour lequel l'ouvrier
se guide sur les modèles qu'il a sous les yeux, les parties naturelles elles-mêmes encore
en leur entier, devient une représentation complètement fidèle de la nature; il est fait cependant
partout plus petit de 14 millimètres que nature, laquelle différence est celle de
l'épaisseur de la peau.
Le lobe dorsal sculpté en bois est ensuite revêtu par le Préparateur du Musée de
sa peau naturelle, qui a été préparée après avoir été coupée de sa place; ce placement
a lieu au moyeu de pointes de laiton avec des bandes de peau placées sous la tête des
clous. Ainsi revêtu, ce lobe artificiel devient, de grosseur même, tel que la nature,
et il sera appliqué sur la grande forme de bois dont il sera parlé en détail au chapitre
suivant.
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