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CHAPITRE DEUXIÈME.
Moil |ii-fiiiiiir transport auprès du bakiiioptèrc. Achat du baleinopt.ère. Le liaU-iiioptère tirù du lieu do Téoliouag-o,
ot amoiiô au fliallticr do luililj^c do Liudliolin.
Ce fut le mardi, 31 Octobre, À 10 heures I du matin, que CAEL HANSSON vint de sa
personne me donner la nouyelle de l'événement rare qui uous arrivait ici, à Gotliembourg.
A midi j'étais en route pour me rendre au lieu de l'écliouage, situé à un peu plus d'un
myriamètre de la ville; j'arrivai là à 1 heure A, muni des matériaux nécessaires pour
pouvoir, sur place, 24 heures déjà après la mort du baleinoptère, en relever une description
aussi complète que le permettait sa situation; cette description peut donc être considérée
comme particulièrement exacte, attendu que le baleinoptère, avec la basse température qui
régnait alors, cellc de 10" Celsius au-dessus de zéro, n'avait encore snbi aucune modification
ni aucune altération. Cet examen a été favorisé par un temps clair et sans vent, circonstance
fort heureuse, puisque, pendant le reste des heures de cette fraîche journée d'automne,
il m'a fallu, pour exécuter cette besogne, me tenir dans un petit bateau sans
aucun abri.
Le baleinoptère était étendu avec une inclinaison d'environ 45 degrés, sur son côté
droit, sur un fond uni de sable d'un mètre J à 2 mètres de profondeur d'eau; il y avait
un peu plus de profondeur du côte de la queue, qu'on voyait distinctement au milieu de
l'eau. Depuis la région des évents, à un mètre en avant de leur orifice, jusqu'à une distance
de plus d'un mètre en arrière du lobe du dos, le baleinoptère était au-dessus de
l'eau à une hauteur d'environ deux tiers de mètre. Avec l'aide de personnes actives et de
bonne volonté, j'ai réussi pendant le restant du jour à faire divers mcsurages ainsi que
plusieurs dessins et à relever plusieurs descriptions, aussi bien de l'animal en son entier,
dans les parties du moins auxquelles on pouvait arriver, que de plusieurs détails; et j'attachais
à cela d'autant plus d'importance, que l'occasion ne s'en représenterait plus, puisqu'il
y avait lieu de s'attendre à ce que, sous peu de temps, les gaz produiraient une tension
sur le corps.
Dans l'examen général que j'ai fait d'abord du cétacé, en me faisant conduire par le
bateau de manière à faire le tour de l'animal, j'ai trouvé qu'il était pour ainsi dire entièrement
intact, malgré les blessures et entailles qui lui avaient été faites non seulement par
celui qui l'avait tué, mais encore par des spectateurs qui déjà s'étaient rendus là en grand
nombre, et qui pour la plupart voulaient remporter un souvenir de leur visite. Ainsi était
déjà coupée l'extrémité du lobe de gauche de la queue; l'oeil gauche était arraché; cet oeil
a cependant été ramassé au fond de l'eau où il était eneorc resté tout lacéré; la cloison
membraneuse qui sépare les oritices des évents, était endommagée. Du reste le cétacé
avait une entaille de 217 millimètres de large et de l(i2 millimètres de profondeur juste
derrière les oriiices des évents, ainsi que ([uelques blessures sur le côté gauche, ])rovenant
de coups qui avaient i)ercé dans les chairs. Mais toutes ces blessures ensemble n'avaient
l'air que d'égratignarcs insignifiantes, quand à quelques mètres de distance on contemplait
ce corps aussi magnifique qu'énorme.
J e pris à la dite entaille de la tête plusieurs centimètres carrés de peau avec son lard sur
une profondeur de près d'un tiers de mètre; je pris aussi quelques morceaux de l'épiderme à
divers endroits du corps, quelques lames des fanons, ainsi qu'un peu de sang et l'oeil trouvé au
fond de la mer, voulant dès le même jour à mou retour chez moi faire l'analyse et l'examen
du tout. Puis je revins en ville, après m'être fait promettre par les propriétaires du baleinoptère
que j'aurais la préférence sur tout autre pour l'acheter, si le lendemain matin à
9 heures j'en voulais payer la somme demandée. Il fut convenu qu'à l'heure ci-dessus dite
les propriétaires du cétacé se trotiveraient chez moi pour négocier et conclure l'affaire.
Chemin faisant, je pensai que je pouvais compter sur la générosité de M:r J. DICKSON,
maître de forges, pour trouver le prix d'achat, et cela malgré le peu de probabilité qu'il pût
y avoir de la conservation du cétacé, s'il survenait un mauvais temps. Arrivé en ville, j'allai
tout de suite chez M:r J. DICKSON; je lui dis le motif pour lequel je venais à lui; je lui énumérai
tout ce que la science avait gagné à l'écliouement de la baleine D'ESCHEIOHT arrivé en
Septembre 1841 sur le cap nord-ouest de la Sélande, et je demandai enfin à être libre de toute
responsabilité pour le cas où par aventure la survenance du mauvais temps viendrait à
mettre à néant mes espérances. Lorsque M:r J. DICKSON m'eut entendu, il me fit la réponse
suivante: "Puisque vous désirez. Monsieur, que le iHusée de C4othembourg possède ce cétacé
et que vous voulez vous-même, à ce que je vois, essayer de le tirer de la mer pour
le conserver, ce à quoi je pense aussi que vous réussirez, c'est avec plaisir que je paie la
somme demandée pour la baleine là où elle est actuellement.»
Le lendemain, (c'était le l:er novembre), les propriétaires du cétacé se trouvèrent
chez moi et le marché fut conclu. Je chargeai alors l'un des Ingénieurs de la fabrique de
Machines de Lindholm de prendre toutes les mesures qu'il serait en son pouvoir de prendre,
pour tirer le baleinoptère de la place d'échouage, pour l'amener jusqu'à la ville et enfin
pour le placer sur l'appareil de halage de la dite usine. Aussitôt furent envoyés sur le
lieu deux bateaux à vapeur de petite grandeur, chacun de la force d'environ 6 chevaux,
suivis de deux grands chalands à charbon de terre, avec l'aide desquels on voulait essayer
de soulever le cétacé du fond, si les vapeurs ne pouvaient aucunement réussir à détacher
le colosse. Un des huissiers du Musée, lequel n'était pas étranger à ces sortes d'animaux,
ayant fait partie de l'expédition de Parker dans la mer Polaire en qualité de matelot, fut
envoyé en même temps par moi, et je lui donnai la commission particulière d'établir auprès
du cétacé une garde de jour et de nuit, comme aussi celle de m'avertir, aussitôt que celui-ci
aurait été dégagé du fond. Alors suivit pour moi une longue nuit sans sommeil, sans que
je reçusse de la côte aucune nouvelle du travail qui s'y faisait. Ainsi se passa encore le
jour suivant ainsi que le commcneement de la nuit du jeudi au vendredi 3 Octobre, lorsqu'enfin,
à une heure du matin, l'huissier du Musée revint m'apporter une triste nouvelle:
"Non, me dit-il, c'est absolument impossible. Les bateaux à vapeur ne peuvent venir à
bout de rien. L'eau est tellement basse que la baleine, la tête tournée à angle droit vers
Previiùre Partie.