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»la baleine lançait en sonfflant ainsi, était comme un brouillard épais; plus tard j'ai trouve
»([ue c'était très chaud; mais on n'eu était aucunement mouillé. Deux jets s'élançaient
»l'un à cùté de l'antre; ces jets ne se séparaient bcaneon]) de chacun des côtés.
»Nous nons éloignâmes bientôt après de la baleine et nous retournâmes il terre pour déli-
»bérer sur ce qu'il fallait faire. OLOF quitta le bateau, en assurant que pour rien au monde
»il n'oserait porter nu coup à la baleine. Il resta eu effet â terre, tenant â la main le bout
»d'un câble; mais moi, me tenant à ce câble, j'avançai tout doucement vers la baleine pour
»lui porter des coups. Quand j'en fus â 12 pieds de distance, je devins irrésolu. Je
»n'osais pas entrer en lutte avec une bête que je connaissais si peu. Je m'en éloignai donc
»tout doucement; niais, arrivé â terre, je repris tout d'uu coup le courage et je retournai
»au géant. A tout événement, je pouvais m'en tirer, la vie sauve, au moyen du câble 'dont
»j'ai parlé, lors même que le bateau devrait être sacrifié. Arrivé à la distance de 6 i)ieds
»de la baleine, je lui portai, au moyen d'uu couteau fixé à l'extrémité d'une gaffe, 3 coups
»à un pied en avant des trous par où elle soufflait. Il sortit un peu de sang des blessures ;
»mais ou pouvait bien voir que la baleine ne s'inquiétait guère de ces égratignures. Elle
»se travaillait comme auparavant et elle ue faisait qu'avancer de plus en plus sur le bas-
»fond, composé d'un foud de sable incliné en pente.
»Quand OLOF vit alors qu'il n'y avait pas de danger, il se mit avec moi eu bateau.
»J^e cable fut laissé, fixé â terre. OLOP vit alors quelque chose de reluisant sur le côté
»de la tète de la baleine, à deux pouces au-dessous de l'eau. Ue temps en temps la ba-
»leine faisait remuer cet objet reluisant, comme l'aurait fait un homme.
»11 était bien évident que c'était l'oeil. La baleine clignotait de cet oeil ; et nous prîmes
»la résolution de le Ini crever, pour qu'elle ne nons vît lias. Après cela nous comptions
»bien pouvoir venir à bout d'elle. Le couteau y fut enfoncé, la gaffe enti'ant à une pro-
»fondeur de 2 pieds. Le sang- jaillit, de la grosseur d'un doigt, à quelques pouces au-dessus
»de l'eau: puis il coula ainsi au delà d'une demi-heure, comme lorsqu'on met eu perce un
»tonneau de bierre. L'eau tout à l'entour en devint rouge. Alors la baleine fit des mouve-
»mens d'ondulation eu haut et en bas; elle battait de la queue et des nageoires, comme
»d'ordinaire lorsqu'elle soufflait; mais elle ue pouvait pas lever la tète du fond; celle-ci au
»coutraire s'enfonçait de plus en plus dans le sable. Au moyen de harpons et de cordes
»nous réussîmes â fixer un bout de câble dans la peau sur le côté de la tète. Nons ha-
»lâmes ainsi la baleine, quand elle faisait des efforts, et je crois que cela a contribué
»aussi à la faire monter davantage. Du bateau, je lui ai donné plusieurs coups de hache,
»mais sans effet apparent. Puis j'ai monté sur son énorme tête et je me suis mis â lui
»faire au moyen de la hache une entaille juste derrière les trous par où elle soufflait. Le
»sang a bientôt coulé en abondance et a descendu aussi dans les trous, et, la baleine étant
»venue â souffler, j'ai été tout d'un coup rougi dans tout mon corps du sang qu'elle faisait
»jaillir; et jamais do ma vie je ne me suis vu un air tel ([ue dans ce moment-là. Il faisait
»tout glissant à se tenir sur la baleine; et, celle-ci ayant fait de violents soubi-esauts surtout
»aux premiers coups de hachc, il a fallu plusieurs fois <|ue je sautasse ilans le bateau.
»Pour peu ([u'on vînt à toucher à ses lèvres, elle devenait horriblenient furieuse; mais il
»n'en était pas de même, lorsqu'on la touchait à d'antres endroits. Je lui ai aiiisi porté
»des coups de hache depuis 10 heures jusqu'à trois heures et demie de ra]irès-niidi. Alors
»nous attachâmes un bout de câble daus la peau que nous avions ainsi entamée et qui
»était de l'épaisseur d'un demi-pied, et nous fixâmes ce câble à terre. Le soir était arrivé.
»Nous nons en retournâmes chez Jions, sans parler à personne de la trouvaille (pie nous
»avions faite. Personne encore, que nous deux, ne savait rien de ce que nous avions fait
»pendant le courant de la journée.
»Lorsque le lendemain nous arrivâmes à la baleine, l'eau avait beaucoup baissé, de
»sorte que la baleine paraissait pins d'un pied au-dessus de l'eau. La baleine s'était aussi
»par ses efforts rapprochée beaucoup de la terre. Au moyen d'une faux, j e fis une entaillure
»à l'oeil, et j'enfonçai cette faux à une grande profondeur, à cet endroit de l'oeil de même
»que dans le ventre. Le sang jaillit du creux de l'oeil de la grosseur d'uu bras, au moins
»une heure entière. Il était facile de voir que la baleine perdait de plus en plus ses forces,
»depuis le moment surtout où je lui avais fait une blessure profonde dans le corps, derrière
»les nageoires. L'air sortit ensuite par l'ouverture de cette blessure; mais il n'en sortit
»jamais plus par les trous naturels d'en haut. Il était alors 11 heures du matin. La ba
»leine resta presque tranquille et saignant toujours jusqu'à 3 heures de l'après-midi; mais
»alors elle nous donna de ses forces un échantillon tel que nous n'en avions pas vu au-
»paravant. Subitement elle souleva son corps, s'appuyant sur la tête et sur la queue,
»comme un arc courbé, tout-à-fait hors de la surface de l'eau; puis.elle se rejeta au fond,
»de sorte que l'eau se divisa avec uu fracas horrible; par ce mouvement la baleine s'a-
»vança de 18 pieds plus eu avant vers la rive; et ensuite elle ne fit plus aucun moii-
»vement.»
Le S:r 0. ANDEESSON, organiste, qui était sur le rivage dans ce moment-là et à qui
j'ai communiqué les détails du récit précédent, ajouta à ce sujet ce qui suit:
»Le mouvement de la baleine en forme d'arc a été très probablement causé par le fait
»de quelques eufans, qui enfoncèrent un aviron dans la bouche de la baleine, après quoi
»celle-ci fit immédiatemeut le bond en question. On vit, un instant après, le colosse, dont
»la mâchoire inférieure reposait sur le fond de la mer, se courber daus la région de la
»nuque, ouvrir lentement la mâchoire jusqu'à environ 4 pieds de hauteur, puis la laisser
»retomber avec la même lenteur qu'auparavant.»
Telle fut, au dire de ce dernier témoin, la dernière manifestation de l'état de vie du
baleino|)tère.
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