
Jil
¡.l
^ lit. '
ÎL,
11'
[iiilli;i
jiir
•iii|iiii|i|
IG
Et en même temps aussi, à l'aide d'une petite pompe à incendie, je nettoie par le rinçage
l'intérieur du canal intestinal. Le dégorgeuieut s'en fait à travers nu tamis tin de
fils de laiton, sur lequel se rassemblent quelques vers intestinaux, ainsi que quelques parcelles
d'arêtes, derniers restes de la nourriture prise par le cétacé; après quoi l'eau est
exprimée, l'intestin se gonfle an moyen d'uu soufflet et on le suspend avec son mésentère
tendu pour le sécher; on a soin de mettre un peu de foin entre les sinuosités de l'intestin
qui se rapprochent l'nne de l'autre, afin de laisser libre entrée à l'air.
En même temps encore et enfin, les membres antérieurs encore frais et qui, comme le
bout de la queue, u'out pas subi de cuisson, sont soumis à nue préparation de nettoyage,
mon intention étant que ces membres antérieurs, formant un eusemble complet avec
leur bnmérns, accompagnés de tons les cartilages et des tendons qui sont restés intacts
lors de l'enlevement de la peau, remplissent enfin lenr place sur le squelette futur,
comme étant un de ses ornemens les plus accomplis et par conséquent les plus dignes
de valeur.
Voici eu abrégé un exposé du premier travail auquel ont été soumises les diverses
parties du cétacé jusqu'au point où on a pu dire qu'à peu de chose près le tout était
recueilli de manière à pouvoir servir aux études de la science; travail qu'il a fallu presser
bien souvent, en le continuant pendant la nuit même, afin de prévenir la putréfaction,
quoique la saison ait été constamment favorable et malgré l'assistance active et infatigable
que j'ai reçue. Uaus mainte circonstance il m'a semblé que j'étais sur le point d'y épuiser
mes dernières forces; mais ces forces revenaient à la vue de mes laborieux pêcheurs et de
leurs chefs, sur les efforts desquels je pouvais compter en tonte sécurité. Ce travail préparatoire
fut accompli le soir dn 22 Novembre; alors ces braves gens s'en retouruèrent
chez eux; à la vérité ils avaient gagné à cela un joli salaire, mais leurs vêtemens étaient
transpercés de graisse; ils emportaient enfin ma sincère et chaleureuse reconnaissance pour
avoir bien accompli, et selon mes désirs, ce travail dans tontes ses parties.
Ce fut pour moi un moment de repos bien agréable, lorsque, ce soir-là, après tant de
jours d'un travail soutenu et tant de nuits sans sommeil, je vis ainsi entamée et en bon
train une oeuvre qui n'avait jamais encore été tentée.
Il me reste ici à faire la description des instrumens et des autres matériaux qui ont
été employés au premier traitement des diverses parties du cétacé; mais, en outre de ce
que j'ai déjà exposé précédemment, je peux me borner sur ce point à parler des moyens
par lesquels je suis parvenu à enlever le lard de la peau avec autant de soin que de
promptitude. Les barres de bois dont j'ai parlé, couchées horizontalement, ne laissaient à
cet égard rien à désirer. Les bandes de ])eau si lourdes, lesquelles autrement n'auraient
pas été maniables, une fois placées sur ces barres, présentaient aux travailleurs toute la
facilité possible, de l'un comme de l'autre côté, pour séparer le lard, en le tranchant verticalement,
puis horizontalement, et pour laisser à la peau l'épaisseur désirée, attendu (pie
l'ouvrier ayant l'une des mains posée sur l'épiderme tourné en dessous, pouvait être facilement
sûr de l'entaille qu'il faisait dans le lard. Je ne crois pas non plus qu'un seul trou
ait été fait à la peau pendant tout ce travail. L'épiderme aussi n'a pas souffert, attendu
que les barres étaient bien lisses et que les bords en étaient arrondis. Les parcelles de
peau détachées en tout ou en partie par accident étaient fixées à leur place au moyen de
fils de laiton. Les morceaux détachés ont été aussi, quant à ceux au moins pour lesquels
c'était nécessaire, munis de plaques de ziug avec des numéros qui y ont été pratiqués,
sur lesquelles annotation a été faite. I^e brossage qui s'en est suivi était un moyeu assez
17
i l : P
il
radical, tant pour avoir la peau d'égale épaisseur que pour arracher le tissu cellulaire et
pour faire disparaître une grande partie de l'huile, sans que la peau perdît pour cela rien
d'essentiel dans sa force. Les brosses dont je me suis servi à cet effet, consistaient en un
morceau de bois solide et épais, de la longueur de 220 millimètres, de la largeur de 90
millimètres et de l'épaisseur de 37 millimètres, ayant en travers une courroie de cuir pour
fixer la main. /V 8 millimètres de distance l'un de l'autre, étaient fixés des fils de laiton,
non passés au feu, de l'épaisseur en diamètre de 3 millimètres 1 et de la longueur de 33
millimètres. Cette brosse avait dans la longueur une légère convexité. Tous les fils de
laiton étaient taillés en travers d'un seul et même côté de la brosse. Cet ustensile
produisait un travail promptement exécuté et fort bien fait. L'huile mêlée au tissu cellulaire
se détachait ainsi en quantités considérables. Une bêche de bois dur, de la largeur
de 70 millimètres, munie d'une extrémité un peu convexe, avec un manche de 200 millimètres
de longcnr, était poussée en avant après le brossage, ce qui faisait encore exprimer
toute une quantité d'huile, sans qu'il fût nécessaire d'opérer nue pression particulière avec
cette bêche non plus qu'avec la brosse. L'épiderme ne pouvait pas non plus supporter
une forte pression, vu la nature de la substance qui est en dessous de cet épiderme;
cette substance au commencement avait assez de ressemblance avec de la gomme élastique,
mais elle était fort sensible à la pression, et, dès qu'on la soumettait à la tension, il en
résultait des fissures irrémédiables, et même alors cette substance se séparait du tissu
graisseux qui était eu dessous. D'abord, comme je l'ai dit, très gluante, cette substance
prend une nature qui ressemble à celle d'une gelée tant soit peu visqueuse.
J ' a i à peine besoin de dire que les crocs de fer que j'ai fait fabriquer exprès, les uns
munis de longs manches de bois et les autres de poignées courtes de la forme de l'oeil
d'une clef, étaient nécessaires pour manier la peau, lorsque le lard y tenait encore; mais il
est naturel de penser que ce n'était que du côté du lard qu'on se servait de ces crocs pour
saisir la pean. Quand on considère que le lard qui tenait à la peau pesait, comme je l'ai
dit, 3400 kilogrammes, que cette peau consistait en 5 bandes et quelques parties moindres
de la tête et des lobes et qu'elle était partout glissante comme de la glace et fort
susceptible du côté extérieur, il est facile de se représenter qu'il fallait à la fois des ustensiles
parfaitement appropriés à leur but et des ouvriers sur lesquels on pouvait compter,
pour que ce travail pût produire de bons résultats.
rremicrc Partie.