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 la  règle  les  cafres  vont  nu-tête.  Aussi  les  couvre-chef  représentés  sur  notre  
 planche  X V II  sont-ils  très  rares;  seuls  les  fetich eiro s  les  portent,  outre  certaines  
 circonstances  particulières  où  l’on  s’en  affuble.  Les  chapeaux  à  forme  
 imitée  de  ceux  d’Europe  reproduits  sur  notre  planche  X V   sont  aussi  une  
 grande  rareté.  En  ceci  la  côte  orientale  diffère  de  l’occidentale,  où  les  noirs  
 prennent  de  plus  en  plus  l’habitude  de  se  couvrir  la  tête  de  coiffures  de  
 tous  genres.  Ceci  est  aüssi  le  cas  dans  l’Afrique  méridionale,  où  les  cafres  
 portent  volontiers  un  feutre  et  une  chemise  (ce  qui  est  rare  dans  le  Sud-  
 Est),  et  quelquefois  même  un  pantalon.  L e   pantalon  est  obligatoire  dans  
 les  villes  de  l’Afrique  méridionale ;  dans  le  Sud-Est  il  n’est  porté  que  par  
 les  nègres  baptisés. 
 L e   costume  le  plus  général  tant  des  hommes  ‘)  que  des  femmes  dans  
 le  Sud-Est  est  des  plus  succincts.  Il  consiste  en  un  mouchoir  jeté  légèrement  
 autour  des  reins,  avec,  au  dessous,  une  petite  pièce  d’étoffe  pour  la  
 décence;  parfois  ce  dernier  article  manque,  mais  rarement.  L e   buste  reste  
 presque  toujours  nu.  Seulement  quand  elles  viennent  en  ville,  les  femmes  
 sont  tenues  par  les  ordonnances  de  se  couvrir  le  buste  d’une  pièce  d’étoffe;  
 et  encore  ne  le  font-elles  pas  toujours.  L a   même  ordonnance  s’applique  dans  
 les  villes  du  midi.  Souvent,  à  l’intérieur  des  terres,  tout  ce  que  portent  
 les  noirs  des  deux  sexes  se  réduit  à  un  bout  d’étoffe  de  la  largeur  de  la  
 main,  tantôt  tout  simple,  tantôt  orné  de  grains  de  verre.  Jusque  vers  l’âge  
 de  huit  ans  les  enfants  ne  portent  aucun  vêtement  du  tout.  Les  étoffes  de  
 coton  ont  peu  pénétré  dans  le  pays  de  Manica  et  au  nord  de  Tête  sur  le'  
 Zambèze;  là  on  emploie  d’ordinaire,  pour  la  décence,  des  queues  de  vache  
 ou  des  lambeaux  de  cuir 2). 
 On  fait  grand  usage  pour  se  vêtir,  dans  tout  le  pays  situé  en  arrière  
 d’Inhambane,  de  morceaux  d’écorce,  que  l’on  détache  du  tronc  de  l’arbre  
 particulier  qui  la  produit,  et  que  l’on  bat,  ce  qui  l’étend  tout  en  la  rendant  
 plus  mince.  On  obtient  ainsi  des  pièces  flexibles  qui  peuvent  mesurer jusqu’à  
 1,50  M.  sur  1.  On  nomme  cette  écorce  ainsi  préparée  mapouta)  elle  est  
 rouge-brunâtre,  mince  et  a  un  peu  l’aspect  du  cuir.  On  la  porte  aussi  sur  
 le  Haut-Zambèze,  chez  les  Makalakas,  sur  les  bords  du  lac  Nyassa,  puis 
 l)  Voy.  pi.  X V I I ,  fig.  9   et  10. 2)  Voy.  pi.  X V I ,   fig.  7. 
 au  Congo  et  dans  quelques  autres  contrées.  Les  noirs  1 emploient,  non  
 seulement  pour  se  vêtir,  mais  encore  comme  emballage. 
 Les  femmes  métis  et  les  femmes  noires  des  blancs  ou  des  métis  portent  
 une jaquette  à  courtes manches,  qui  descend jusqu’aux  hanches,  puis légèrement  
 attachée  autour  des  reins  une  très  large  pièce  d étoffe,  qui  tombe  
 sur  les  pieds,  et  une  seconde  pièce  semblable,  qui  va  des  aisselles  aux  
 genoux1).  Il  est  juste  de  dire  que  la  moralité  des  négresses  est  en  proportion  
 inverse  de  l’abondance  de  leurs  vêtements. 
 L e   mouchecca2)  est  une  ceinture  portée  par  les  femmes  aisées  sous  
 leurs  vêtements  de  dessus,  soit  pour  retenir  leurs  pagnes,  soit  de  façon  à  
 comprimer  leurs  seins  vers  le  bas  et  à  les  faire  pendre.  On le fixe par devant  
 en  le  serrant,  puis  en  passant  dessous  les  deux  bouts.  Les  femmes  commencent  
 à  le  porter  sur  les  seins  après  qu elles  ont  eu  pour  la  première  
 fois  la  compagnie  d’un homme.  En augmentant ainsi artificiellement la tendance  
 naturelle  de  leurs  seins  à  pendre  quand  elles  n’ont  plus  leur  virginité,  les  
 femmes  croient  augmenter  leur  beauté.  Cet  usage  existe  aussi  chez  les  Mon-  
 dombes  de  la  côte  occidentale.  Sur  la  côte  orientale  les  seins  des  femmes  
 s’allongent  tellement  qu’elles  peuvent  souvent  allaiter  par  dessus  l’épaule  les  
 enfants  qu’elles  portent  sur  leur  dos;  les  femmes  hottentotes  le  font  parfois  
 par  dessous  le  bras.  —  Les  mouchoirs  et  ceintures  représentés  sur  nos  
 planches  X V I ,  X VIII  et  X IX   ont  été  fabriqués  par  des  indigènes. 
 L e   tissage  est  d’ordinaire  réservé  aux  hommes.  Us  emploient  un métier  
 dont  Livingstone  donne  le  dessin3). 
 Le s   noirs  du  Sud-Est  de  l’Afrique  refusent  pour  leurs  vêtements  les  
 étoffes  dont  la  couleur  n’est  pas  solide,  parce  qu’ils  veulent  pouvoir  les  
 laver.  Ils  sont  très  propres  sur  leur  personne  et  se  baignent,  ou  du  moins  
 se  lavent  le  corps,  plus  d’une  fois  par  jour,  quoique  sous  ce  rapport, d’après  
 nos  observations  personnelles,  ils  ne  soient  pas  encore  de  la  force  des  indigènes  
 de  Libéria  et de  la  Côte  d’Or,  qui  donnent à  ceux  qui  les  dominent  un  
 exemple  que  ces  derniers  feraient  bien  de  suivre.  Nous  avons  remarqué  
 que  les  noirs  perdent  de  leur  goût  pour  la  propreté  à  mesure  qu’ils  entrent  
 plus  en  contact  avec  les  blancs. 
 1)  Voy.  pi.  X V I I ,  fig.  8.  2)  Voy.  pi.  XVI II. 
 3)  Ouvr.  cité,  p.  I l 2.  —  Comp.  Durand,  ouvr.  cité,  pages  439  et  440.