![](./pubData/source/images/pages/page17.jpg)
B U H
Notice su r les indigènes
les bras sur la poitrine de façon à appuyer leurs mains sur leurs épaules
et font deux ou trois courtes révérences en fléchissant légèrement les
genoux, d’une manière qui souvent ne manque pas de grâce. Le s noirs de
race pure ne connaissent dans le Sud-Est ni le baiser, nila poignée de mains.
L e s noirs du Mozambique ont la vertu de 1 hospitalité. Meme un
blanc sera bien reçu s’il se présente dans la demeure de 1 un d entre eux.
En outre, quand on a à faire à eux individuellement, on les trouve presque
sans exceptions serviables, prêts à donner un coup de main; en revanche,
ils se montrent revêches, surtout dans les tribus apparentées aux Zoulous,
quand ils se trouvent un certain nombre réunis.
Comme la plupart des Orientaux, ils aiment les détours et sont portés
à la dissimulation. Rarement quand on les interroge ils donnent une
réponse directe; d’ordinaire ils parleront de ce dont on n’a que faire, pour
arriver obliquement à ce qui est en question. Us font précéder chaque réponse
des mots: »Oui, Monsieur” , même quand la réponse est négative.
Demandez par exemple: »Pouvons-nous arriver encore ce soir à Tête? .
On vous dira: »Oui, Monsieur. Nous avons Choupanga loin derrière nous.
»Monsieur atteindra-t-il encore la Loupata? Oui, Monsieur. Y aura-t-il clair
»de lune cette nuit? Oui, Monsieur. Mais Tête est loin. Nous y arriverons
»peut-être demain” .
L a langue des noirs du Zambèze diffère de celle des tribus, qui ont
de l’affinité avec les Zoulous, établies en arrière d Inhambane et plus au
sud; et c’est ainsi que les noirs amenés par M. Muller du Zambèze à Inhambane
ne pouvaient pas s ’entretenir avec ceux de l’endroit. L e s tribus du
Zambèze ne font pas entendre les sons gutturaux qui distinguent les dialectes
zoulous. Elles prononcent les consonnes essentiellement au moyen des
lèvres; leurs dialectes ont beaucoup d’M, de B et de P. Souvent un son se
répète dans un seul et même mot, comme Moùtoukatukke l).
Dans le district de Cabo Delgado, au nord de la Colonie, les noirs
parlent le Souahéli presque pur. C ’est une langue extrêmement répandue,
qui se parle dans le sultanat de Zanzibar, sur les côtes de Madagascar,
1) Comp., pour les langues, Vocabulario comparado de Makua, Lomwe, e dialeclos de Angoche e Ibo (Boletim
da Soc. de Geogr. de Lisboa 3A Série N° 5 > 1882, page 271)* __ _ ,
Comp. aussi A s linguas da A frica Oriental Portugueza (Boletim da Soc., de Geogr. de Mozambique Junno
l§ 8 t , pagfr 13 _ Q ,
Comp. de plus Bleek, A comparative Grammar o f South A frican Languages, Capetown lo(l)2/4 .
du S u d -E st de 1'A friqu e. 19
dans l’Arabie, etc. ’). L e Souahéli a eu une notable influence sur la langue
des noirs de la partie méridionale de la Colonie; c’est ainsi, par exemple,
que les noirs de Sofalla se servent de plusieurs mots que l’on rencontre sous
presque la même forme dans le Souahéli 2).
L e s noirs de la côte sud-est apprennent d’ordinaire facilement les
langues étrangères. Il leur suffit de faire un seul voyage en Europe avec
un voilier pour parler la langue des matelots. Ils s’assimilent si vite les sons
qu’ils entendent, qu’au bout de quelques jours de voyage sur le Zambèze
toute la suite noire de M. Muller, dont la majorité savait pourtant le Portugais
assez bien, prononçait à sa manière à lui les mots portugais qu’il
avait estropiés.
Le s noirs aiment extraordinairement à causer entre eux, pour le plaisir
de causer. On les verra des heures durant s’animer, gesticuler, tout en
débitant des flots de paroles, comme s ’ils traitaient des affaires les plus
importantes; il ne s’agit pourtant que de faire la conversation. Celle-ci,
entre hommes, roule surtout sur le beau sexe. Donnez à un nègre le temps
de babiller et crier à son saoul, donnez-lui en même temps, quelque chaud
qu’il fasse, un gentil petit feu près de lui et quelque chose à manger, il
est le plus heureux des hommes. Du reste l’humeur grognon et la mélancolie
sont des raretés parmi ces gens. Quand ils marquent de la lassitude,
les blancs qui les emploient n’ont souvent qu’à lancer quelque plaisanterie,
si possible bien salée, pour les ragaillardir et les remettre en train;
si les blancs mettent eux-mêmes la main à la pâte, cela ne gâte rien, au
contraire.
Jamais, dans aucune partie de F Afrique, nous ne leur avons vu repousser
quelque nourriture que ce soit, quelles qu’en fussent la qualité et la quantité.
Seuls, dans le Sud-Est, les oeufs et le lait font exception, surtout les oeufs,
auxquels dans cette contrée un noir ne toucherait sous aucun prétexte; en revanche,
ils dévorent avec le plus grand plaisir oiseaux de proie, singes, serpents,
rats des champs, racines de tout genre, feuilles indigestes, etc. L a bonne viande
est presque inconnue dans leurs menus. Leur mêt principal consiste en farine
de sorgho (appelée mapira. par les cafres) cuite dans l’eau, bouillie dont
1) Voyez: Bishop Steere, A handbook o f the Suaheli-language as spoken at Zanzibar.
2) Comp: A s linguas etc. (ouvrage cité), page 122.