de leur chef le plus célèbre, comme cela est souvent le cas au Sud et dans
l’Est de l’Afrique, et aussi par exemple chez les Mondombés 0 ; on les appelle
aussi les Vatuas. Actuellement ils sont gouvernés par le fils d eM ’zilla,
Moundoungazi, qui a pris le nom de Gougounyana2) , en portugais Gugun-
hana. Il y a quelques années il a noué des relations avec les Portugais,
puis, récemment, avec les Anglais. Le s M’zillas sont très redoutés des
Zoulous, comme M. Muller a pu s’en assurer, par exemple, sur les bords
du Zambèze et à Inhambane3).
Un autre exemple nous est fourni par les Matabilis ou Matabélés, qui,
de même que les Zoulous, sont constitués en un état politique, et que leurs
vêtements et leurs armes et d’autres indices signalent comme étant des Zoulous.
Vers 1836 ils habitaient le Transvaal actuel et obéissaient à Mosele-
katzéji ancien sujet et capitaine (induna) du puissant roi de Natal, Tchaka,
qui, dit-on, aurait fait périr un million d’hommes, et qui était le frère et
prédécesseur de ce Dineghane que nous venons de nommer. Moselekatzé s’était
enfui en 18 17 avec ses gens des terres de ce roi cruel et avait conquis le
Transvaal sur les noirs qui l’habitaient alors et qu’il massacra en masse.
Mal lui en prit d’oser plus tard s’attaquer aussi aux Boers, car ceux-ci le
chassèrent en 1837 du Transvaal, au nord duquel il s’établit avec ses gens.
Ils y demeurent encore, depuis 1870 sous Lobengoulo, successeur de Moselekatzé,
et chef renommé. Quand les blancs les laissent faire, ils se montrent
encore plus turbulents que les Zoulous; tuer est ce qu’il y a de plus honorable
à leurs yeux.
Citons encore les Landines (Zoulous), qui se montrent également
fort peu sédentaires, quoique ils ne soient pas même un peuple pasteur. Si
Livingstone les trouvait il y a trente ans dans la proximité de Senna sur
le Zambèze, où les habitants en avaient une peur terrible, il faut maintenant
les chercher cinq degrés plus au sud, en arrière de Sofalla et d’Inhambane.
Landines est le nom générique au moyen duquel les Portugais désignent
la grande famille des Zoulous.
1) Comp. D aniel Veth's Reizen in Angola, par le Dr. P- J. Veth et Joh. F . Snelleman, page 338.
21 L ’habitation de Gougounyana représente aussi le type ordinaire der kraals zoulous. 11 possède une armée
de 20,000 Zoulous de race pure, dont 2000 sont armés de fusils Martini, les autres de Passagaie et du bouclier,
— Comp. Denis Doyle, A journey through Gazaland, Proc of the Roy. Geogr. Society, Octobre 1891.
3) Comp. Expediçao as terras de M uzilla em 1882, par A . M. Cardoso (Boletim da Soc. de Geogr. de Lisboa
1887, page 153).
De même, à ce qu’on assure ') , les noirs du Mossamedes, sur la côte
sud-ouest, seraient originaires du pays du Zambèze.
Tout aussi inconstante est la puissance relative des nombreux petits
états que constituent ces noirs si remuants; l’un monte et l’autre descend
alternativement, comme sur une escarpolette. Ainsi les Makololos, de la
famille des Betchouanes et originaires du Midi de l’Afrique2) , étaient un
peuple puissant lorsque Livingstone les visita en 1853 et en 1861 ; ils occupaient
alors un vaste territoire dans le bassin du Zambèze et commandaient,
sous leur célèbre chef Sébétouane, à de nombreuses autres peuplades en
arrière de la côte de Mozambique. Actuellement ils ont disparu et il ne reste
d’eux que leur langue. — De même cet empire du Monomotapa, qui dans les
siècles passés fut si puissant et si renommé, situé jadis sur la rive droite du
Zambèze inférieur, a disparu depuis de la liste des puissances nègres 3).
L a facilité avec laquelle les noirs dans tout le Sud et le Sud-Est de
l’Afrique émigrent d’une contrée à l’autre, tient pour une grande part au
fait que l’autorité de leurs chefs n’est pas territoriale, mais personnelle, qu’elle
s’étend sur les sujets, non sur le territoire que ceux-ci habitent à un moment
donné. D ’eux-mêmes, il n’ont par la notion de pays, chacun avec son gouvernement
dont la limite d’action est marquée par dés frontières. Il est vrai
que les démêlés qu’ils ont eus avec les blancs les y ont initiés ; mais leur principe
à eux est que le chef gouverne sa tribu, non une contrée spéciale, et il arrive
même, dans les lieux où ne prédomine par l’influence des blancs, qu’un
territoire puisse être occupé simultanément par des gens de races diverses,
obéissant -à des chefs indépendants les uns des autres. L e grand attachement
des noirs pour leurs chefs contribue à maintenir ce principe. L ’autorité des
chefs est héréditaire, sans pourtant que ce soit toujours en ligne directe. Ils
gouvernent par la grâce de Dieu. Leur désobéir est un des plus graves
péchés possibles aux yeux des noirs.
L e principe dont nous venons de parler se trouve sans doute en relation
étroite avec l’occupation principale de beaucoup de ces. clans, qui se livrent
à l’élève du bétail, et sont par là forcés de changer fréquemment de pâturages.
Ces migrations à leur tour engendrent des guerres continuelles. En
1) Comp. D aniel Veth’s Reizen in Angola.
2) Originaires du territoire actuellement occupé par l’Etat Libre d’Orange, selon Hartmann, D ie N ig ritie r,
page 416.3
) Comp.' Bolletim e Annaes do Conselho Ultramarino, 18 5 7 , N° 4 3 , page 415.