tune dans les mines de diamants et d’or du Sud de l’Afrique, pour vivre
de leurs rentes après une couple d’années de travail, c’est-à-dire pour mettre
leur capital en femmes, chargées ensuite de l’entretien de leur seigneur
et maître. Celui-ci, pendant son séjour au Midi, avait aussitôt adopté la
manière de vivre et le costume européens; mais, de retour dans son pays,
il se hâte de les déposer. Ce n’est que rarement et fort à la longue que
ces nègres prennent pour tout de bon des coutumes européennes.
L a plupart des travaux, travaux des champs, ménage, soin des
enfants, etc., sont dévolus aux femmes. Un des principaux consiste à piler
le riz dans un bloc évidé, de 20 centimètres environ de diamètre et de la
hauteur à peu près d’une de nos tables, au moyen d’un long bâton, dont
l’extrémité inférieure est plus épaisse que le reste. L e bruit des piloirs à riz
avertit de loin les voyageurs qu’ils approchent d’un village. Les femmes
moulent aussi le blé, en l’écrasant sur une grosse pierre au moyen d’une
autre plus petite. Elles opèrent dè même pour la lessive. Les mères, quand
elles travaillent aux champs, ont toujours leur nourrisson à cheval sur le
dos, assujetti au moyen d’une pièce d’étoffe, de façon à ne laisser de visible
que la tête, qui dodeline à droite et à gauche à chaque mouvement de la mère.
Les femmes sont aussi chargées de faire la récolte du caoutchouc,
qui, dans le Sud-Est, n’est l'objet d’aucune culture. On le recueille dans
les forêts. Les jeunes filles s’y rendent par troupes; là, chantant à plein
gosier, elles se placent de façon à faire couler la sève des arbres à caoutchouc
sur leur poitrine, où l’évaporation, aidée de la chaleur de la chair,
lui donne bientôt de la consistance. Elles roulent alors la pâte, par la friction
sur leur poitrine, en gros fil, dont, sur le Zambèze, on fait des boules.
En revanche, dans les contrées d’Inhambane, on enroule ce gros fil de
caoutchouc autour d’un bâtonnet, qui prend ainsi l’apparence d’une navette
de tisserand. Nos noirs recueillent souvent aussi la sève des racines des
arbres à caoutchouc, ce qui en fait périr un grand nombre.
Chez les Zoulous, le soin des bestiaux incombe aux hommes. Sur
le Zambèze, où dans chaque village on ne possède que quelques chèvres,
quelques moutons, quelques porcs et quelques poules, et où les vaches sont
rares, luxe des riches, surtout des métis, ils ne s’en occupent pas. A u
nord du Zambèze, l’élevage disparaît presque complètement dans les contrées
auxquelles nous restreignons nos observations.
Les principaux travaux des hommes sont la chasse, la guerre, les
corvées pour les chefs et les grands (appelés donos sur le Zambèze), et
quelques besognes sédentaires.
Ils ne poursuivent que le gros gibier, les éléphants l) et autres grands
animaux, et ne tirent pas sur les menus animaux et les oiseaux. Actuellement
ils n’emploient comme arme de chasse que le fusil. Il est rare sur
la côte orientale de ne point trouver de fusils à percussion dans les demeures
des noirs à leur aise, en quoi ceux-ci se distinguent de leurs congénères
de Natal, où il est défendu de fournir des armes à feu et des boissons
spiritueuses aux noirs ; même dans le pays des Zoulous toute importation de
ces articles est prohibée. Les noirs ne veulent plus des fusils à pierre; on
n’en rencontre plus, et cela rarement, que sur le Zambèze. Ils mettent dans
leurs armes d’énormes charges de poudre et de plomb, remplaçant parfois
ce dernier par des .fragments de fer et d’autres objets durs.
L a couture est d’ordinaire aussi une besogne des hommes. L e fil dont
ils se servent est souvent simplement composé de parfilures de tissus européens,
qu ils roulent en fil entre leurs doigts rendus humides. Quoique le coton croisse
partout, l’usage de celui que produit le pays diminue rapidement; nulle part
on. ne le cultive.
Les cafres du Sud-Est de l’Afrique n’ont par de métiers régulièrement
exercés; ceux qui en connaissent un comme il faut sont des oiseaux
rares. Ils sont fort arriérés sous ce rapport et, par exemple, n’entendent
par eux-mêmes rien aux travaux de charpente, non plus que les autres noirs,
trait caractéristique et curieux. En revanche ils possèdent un talent inné pour le
travail des métaux 2) , et ont même — . quoique Ratzel le nie 3) ^ f l de bons
orfèvres, comme le prouve, par exemple, l’anneau de la planche X X I I ,
fig. 8. L or se trouve sous différentes formes, quoique en petites quantités,
sur le Zambèze et dans le pays de Manica; ce sont les femmes qui le recueillent.
Ces cafres savent aussi, de même que les Zoulous, transformer
le cuivre en objets divers4). Les noirs du Transvaal, en général mal doués
pour les métiers et inférieurs sous ce rapport aux cafres du Sud-Est, savent
au moins forger des fers d’assagaie. Les hommes seuls travaillent les métaux.
1) Voy. la pl. III, fig. 5.
2) Hartmann dit dans l’ouvrage cité, page 4 1 1 , que les Matabilis ne sont pas forgerons, en quoi ils se
distinguent des Machonas.
3) Die Naturvölker A frik a !s , p. 221. 4) Voy. PI. X , fig. 14 , etc.