
 
        
         
		d’une  manière  analogue  qu’ils  appelaient  M.  Muller,  en  sa  qualité  de  chef  
 des  factoreries  hollandaises,  »fils  du  Gouverneur  Général  hollandais” .  Ils  
 n’auraient  même  pas  été  loin  de  l’appeler  Gouverneur  Général,  s’ils  ne  
 s’étaient  pas  figuré  celui-ci  comme  un  vieillard. 
 Quand  les  habitants  d’un  village  (çolonos)  des  bords  du  Zambèze  
 apprennent  l’approche  d’un  personnage  de  quelque  rang,  ils  se  précipitent  
 à  sa  rencontre  et  se  battent  entre  eux  pour  avoir  l’honneur  de  porter  son  
 palanquin  ou  son  hamac.  Les  mêmes  querelles  se  reproduisent  quand  il  
 repart,  pour  l’honneur  de  le  porter  un  bout  de  chemin.  Cet  usage  s’appelle  
 gandin a.  Quand  on  est  en  voyage,  l’avant-garde  noire  a  soin  de  marquer  
 le  chemin,  p.  e.  en  plaçant  un  rameau  ou  en  traçant  une  raie  en  travers  
 du  sentier,  là  où  la  troupe  qui  suit  ne  doit  pas  passer. 
 Les  huttes  des  noirs  de  l’Afrique  orientale  présentent  suivant  les  contrées  
 une  grande  variété  et  le  voyageur  est  nécessairement  frappé  de  la  lente  
 amélioration  qu’il  y  constate  généralement  en  allant  du  sud  au  nord,  s’éloignant  
 de  plus  en  plus  de  la  civilisation  européenne;  on  peut  le  voir  dans  une  
 mesure  en  examinant  nos  planches  X X V   et X X V I.  Zanzibar  a  les  meilleures  
 huttes;  la  pl.  X X V ,  fig.  i  en  offre  une  preuve,  mais  il  faut  remarquer  qu’il  
 y   a  plusieurs  types  différents  dans  le  sultanat.  Dans  la  contrée  du  Nyassa  
 septentrional  les  habitations  des  noirs  sont  faites  avec  soin  et  témoignent  
 d’une  certaine  aisance  chez  les  habitants.  Les  parois,  d’ordinaire  de  forme  
 ronde,  sont  faites  de  bambou  et  de  petites  briques  rondes,  et  supportent  
 un  toît  qui  surplombe.  L a   porte  est  assez  grande  pour  permettre  
 d’entrer  debout.  A   l’intérieur  on  trouve  même  un  lit  environ  deux  pieds  
 plus  haut  que  le  sol,  semblable  à  ceux  des  Veys  de  Libéria,  et  comme  
 ceux-ci  couvert  de  nattes  de  bananier  ').  Sur  le  Zambèze  et  dans  le  pays  
 d’Inhambane  les  indigènes  ont  encore  des  huttes  relativement  belles  et  grandes, 
   dans  lesquelles  ils  peuvent  se  mouvoir  à  leur  aise,  quoique  elles  n’aient  
 pas,  comme  celles  de  Zanzibar,  une  verandah  et  un  plancher  en  bambou;  
 il  va  sans  dire,  quant  au  plancher,  qu’il  existe  dans  les  huttes  construites  
 sur  pilotis,  ce  qui,  du  reste,  est  une  exception2).  Les  parois  sont  en  paille  
 claire,  soigneusement  arrangée  brin  à  brin,  et  sont  surmontées  d’un  haut 
 1)  Voy.  D.  K.  Cross,  Proc,  o f the  Roy.  Geogr.  Society,  février  18 9 1 ,  p.  87.  _ 
 2)  On  rencontre  sur  les  bords  du  Zambèze  un  assez  grand  nombre  de  huttes  sur  pilotis,  ainsi  construites  
 pour  mettre  les  habitants  à  l’abri,  soit  des  bêtes  féroces,  qui  pullulent,  soit  des  inondations,  qui  sont  très  fréquentes. 
 toît,  dont  les  lignes  ne  se  confondent  pas  avec  celles  des  parois.  Dans  le  
 pays d’Inhambane les habitations sont d’ordinaire rondes avec des portes en bois,  
 et le plus  souvent carrées avec des portes en paille sur le Zambèze. — Parvenu à  
 la  latitude  de Lourenço-Marques,  on voit les huttes extrêmement simplifiées. Ce  
 sont  des  dômes,  dont  le  toît se confond presque avec les parois, avec une ouverture  
 de  la hauteur  d’un  homme pour y  donner  accès,  laquelle  est  fermée  seulement  
 d’une  couverture,  d’une  pièce  d’étoffe  ou  d’une  peau.  Les  tanières  
 des  noirs  pur  sang  du  pays  de  Natal  sont  souvent  encore  plus  misérables.  
 Ressemblant  moitié  à  des  niches  à  chiens,  moitié à des ruches d’abeilles, parfois  
 pas  plus hautes  qu’un  homme,  elles  ne  sont  fréquemment guère plus  habitables  
 qu’un  chenil.  Dans  ces  contrées,  les  noirs  ne  se  donnent  très  souvent  pas  
 la  moindre  peine  pour  construire  confortablement  et  entretenir  leurs  demeures; 
   la  paille  en  est  bientôt  devenue  brun-gris,  les  parois  ont  des  trous  et  
 n’adhèrent  par  places  plus  au  sol,  il  n’y  a  pas  de  porte;  on  y  entre  en  
 rampant  par  un  trou  et  l'Européen  qui  a  osé  s’y  hasarder  se  hâte  d’en  
 ressortir.  —■  Les  huttes  des  tribus  congénères  des  Zoulous  qui  habitent  en  
 arrière  de  Sofalla- et  d’Inhambane1)  ont  naturellement  toutes  lé   caractère  
 des  demeures  de  Zoulous;  elles  sont  disposées  en  groupes  (k ra a ls),  dont  
 chacun  est  entouré  d’une  haie  d’épine,  et  ressemblent  sous  beaucoup  de  
 rapports,  au  type  des  figures  2  et  3  de  notre  planche  X X V I.  Chaque  
 épouse  a  toujours  sa  hutte  à  elle-seule.  Dans  pays  d’Inhambane  c’est  la  
 coutume  d’entourer  d’une  paroi  en  chaume  les  huttes  appartenant  aux  divers  
 membres  d’une  seule  famille.  On  y  nomme  ces  groupes  chouambou,  sur  le  
 Zambèze  loanna;   un  village  nègre  s’appelle  fovoçao. 
 D ’ordinaire  l’existence  d’un  village  de  noirs  s’annonce  détîoin  par  les  
 cocotiers  que  les  habitants  plantent  à  l’alentour  et  dans  l’intérieur  du  village.  
 Ces  arbres  sont  rares  à  l’état  sauvage.  On  ne  les  plante  pas  en  grand  
 nombre,  ce  qui  vient  peut-être  de  la  superstition  assez  répandue  sur  le Bas-  
 Zambèze,  en  vertu  de  laquelle  on  croit  que  celui  plante  un  arbre  mourra  
 peu  après.  Ce  sont  généralement  les  enfants  qui  sont  chargés  de  cueillir  
 les  noix  de  coco;  ils  montent  à  l’arbre  en  s’aidant  d’entailles  faites  dans  le  
 tronc.  Parfois  aussi  on  se  passe  de  ce  secours  et  le  grimpeur  s’aide,  comme  
 cela  se  fait  sur  la  côte  occidentale,  d’un  cerceau  en  joncs  qui  l’embrasse 
 1)  Comp.  Districto  de  Inhambane  por  A .  A .  Caldas  Xavier  (.Boletim  da  Soc.  de  Geogr.  de  Lisboa, 1883, page 482).