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 Tout  en  maintenant  ce  que  nous  venons  de  dire  du  but  descriptif  
 restreint  que  nous  nous  sommes  proposé,  il  nous  semble utile  d’entrer  ici  dans  
 quelques  détails  au  sujet  des  gens  qui  ont  confectionné  ou  chez  lesquels  
 on  a  trouvé  les  objets  que  nous  décrivons,  pour  ensuite  dire  aussi  quelque-  
 chose  de  la  collection  elle-même  qui  a  donné  lieu  à  notre  publication. 
 Le s   objets  qui  la  composent  ont  été  recueillis  dans  la  partie  orientale  
 de  l’Afrique,  entre  le  10e  et  le  30e  degré  de  latitude  sud,  surtout  dans  la  
 colonie  de  Mozambique,  et  c’est  tout  spécialement  à  la  connaissance  ethnographique  
 de  cette  province  de  l’empire  portugais  et  des  nouveaux  territoires  
 anglais  situés  derrière  que  nous  désirons  contribuer.  Si  nous  donnons  néanmoins  
 quelques  objets  provenant  de  contrées  situées  plus  au  sud  ou  même  
 d’endroits  fort  éloignés,  c’est  qu’ils  nous  ont  paru  intéressants  à  comparer  
 avec  des  objets  analogues  originaires  de Mozambique;  le  fait  seul  qu’un  objet  
 se  trouve  représenté  sur  nos  planches  ne  doit  donc  pas  faire  conclure  qu’il  
 appartient  au  Sud-Est  de  l’Afrique. 
 C ’est  le  bassin  du  Zambèze  qui  a  fourni  de  beaucoup  la  majeure  
 partie  des  objets  représentés.  Quand  notre  description  est  suivie,  comme  
 indication  de  la  provenance,  du  mot  de  Zambèze,  sans  spécification,  il  faut  
 entendre  par  là  la  partie  du  fleuve  qui  s’étend  de  l’embouchure jusqu’à Tête. 
 L e   nom  de  ca fres  est  celui  qui  nous  a  semblé  le  plus  exact  pour  
 désigner  les  habitants  des  contrées  sur  lesquelles  porte  notre  étude.  Quant  
 à  la  division  du  pays  et  au  groupement  des  tribus  qui  l’habitent,  on  en  
 trouvera  l’indication,  par  approximation,  dans  les  cartes  relatives  à  l’Afrique  
 de  l’atlas  de  Habenicht *).  Presque  tous  les  noms  mentionnés  dans  nos  descriptions  
 s ’y  trouvent. 
 l)  Chez  Justus  Perthes,  Gotha,  feuilles  8  et  ÎO  et  supplément  (Ethnogr.  Uebersichf). 
 Le s   tribus  chez  lesquelles  les  objets  représentés  par  nous  ont  été  
 fabriqués1)  sont,  en  allant  de  l’ouest  à  l’est,  et  en  remontant  du  sud  au  
 nord,  les  Betchouanas 2) ,  avec  les  Basoutos,  qui  en  sont  une  branche  et  qui  
 habitent  les  républiques  hollandaises  et  les  contrées  environnantes,  les  Souasis  
 et  les  Amatongas,  en  arrière  de  la  baie  de  Delagoa;  au  nord  du  Limpopo,  
 les  Matabilis  et,  plus  à  l’est,  les  M’zillas  et  les  Landines,  toutes  tribus  de  
 la  race  zoulou;  ensuite,  au  sud  du  Zambèze,  les  Banhais  (entre  la  Kafoué,  
 affluent  du  Zambèze  et  Tête),  les  Machonas3)  et  les  Baroués;  au  nord  du  
 Zambèze,  depuis  le  confluent  du  Chiré  jusqu’à  la  moitié  du  lac  Nyassa,  
 les  Mangandjas  avec  leurs  subdivisions.  Il  faut  toutefois  remarquer  que  ces  
 cafres  eux-mêmes  ne  se  désignent  guère  par  ces  noms;  ils  préfèrent  s’appeler  
 d’après  leurs  chefs,  souvent  d’après  plusieurs  et  en  variant  les  dénominations. 
   C ’est  le  cas  surtout  au  Zambèze.  Nous  avons  pour  cela  évité  dans  
 ces  pages  autant  que  cela  pouvait  se  faire  l’emploi  de  noms  de  tribus  et  
 de  familles. 
 Le s   cartes,  disions-nous,  donnent  approximativement  la  demeure  des  
 diverses  tribus.  Elles  ne  peuvent  pas  faire  mieux,  la  population  du  Sud-Est  
 de  l’Afrique:  étant  sujette  aux  migrations;  on  n’est  point  certain  de  retrouver  
 au  bout  de  quelques  années  une  tribu  à  l’endroit  où  l’on  a  inscrit  son  nom  
 quand  elle  l’habitait  réellement. 
 Prenons,  par  exemple,  les  M’zillas.  Il  y  a.  un  demi-siècle  ils  appartenaient  
 à  l’empire  des  Zoulous,  qui  alors  habitaient  le  pays  de  Natal  actuel.  
 Leur  capitaine  Manicoussé  s’attira  le  courroux  du  chef suprême  des  Zoulous,  
 Dineghane,  le  même  qui  en  1836  a  fait  massacrer  les  Boers  sous  Piet  
 Retief  près  de  Mgoungounthlova  (actuellement  Pietermaritzburg,  capitale  de  
 Natal).  Manicoussé  s’enfuit  de  l’autre  côté  du  Limpopo  et  s’établit  dans  la  
 contrée  appelée  pays  de  Gaza,  où  il  fonda  un  puissant  royaume  devenu  
 fort  redoutable  sous  son  fils  M’zilla.  Le s   sujets  de  celui-ci  portent  le  nom 
 1)  Comp.,  pour  le  district  de  Cabo  Delgado,  A frica   Oriental  portugueza  por  H.  O’Neill  (Boielim  da  Soc.  de  
 Geogr.  de  Lisboa  3A  Série  N°  4  et  5);  pour  le  pays  de  Manica,  le  bulletin  de  la  môme  Société,  1882,  3eSérie  N°  1',  
 page  57  et  N°  2 ,  page  70 ;,  et  pour  le  Sud  de  la  colonie;  D e  Inhambane  a  Lourenço-Marques  por  Armando  Longle  
 {Bulletin  de  la  même  Société,  1886,  page  13). 
 2)  11  y  a  aussi  des  tribus  de  la  race  Bétchouane  qui  vivent  maintenant  entre  le  Limpopo  (Inyampoura)  et  le 
 Zambèse  (Comp.  Hartmann,  D ie  N ig ritie r  page  415),  P-  ex.  les  Makalakkas.  L e   Dr.  Fr.  Ratzel,  dans  son  ouvrage  
 D ie  Naturvölker  A frik a 's,  place  ces  derniers  sur  le  Zambèse,  mais  E .  de Vasconcellas (A s  Colonias  Portuguezas,  année  
 1888)  parle  d'eux  comme  vivant  plus  au  sud.  L a   Vossische  Zeitung,  Edition  du  dimanche,  N°  6  Page  24,  année  1872 ,  
 ainsi  que  Hartmann  dans  l'ouvrage  que  nous  venons  dè  citer,  page  3 7 »  disent  qu’ils  se  trouvent  à  Zimbabye,  juste  à  
 l’occident  (gerade  westlich)  de  Sofalla.  « 
 3)  Voy.  dans  la  Fortnightly  Review  de  1889  un  article  de  F .  C.  Selous.