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 Les  tabatières  en  usage  chez  eux  affectent  les  formes  les  plus  variées  *)  et  
 servent  à  y  mettre  non  seulement  du  tabac,  mais  aussi  des  médecines  et  
 des  charmes.  Ils  en  portent  toujours  une  sur  eux,  tantôt  dans  les  plis  de  
 leur  ceinture  de  décence,  tantôt  suspendue  à  un  collier,  tantôt  passée  dans  
 un  trou  pratiqué  dans  le  lobe  de  l’oreille. 
 L ’emploi  décoratif de  grains  de  verre  colorés  est général  sur la côte sud-  
 est  et  dans  le Midi' de l’Afrique.  Certaines femmes acquièrent une grande habileté  
 à  revêtir  d’une  enveloppe bien  ajustée en perles de verre toutes sortes d’objets, 
   comme  tabatières,  puisoirs  et  autres;  c’est  un  ouvrage  difficile  et  qui  
 demande  de  l’art.  Du  reste,  il  ne  se  pratique  pas  partout dans  une  égale 
 perfection;  il  y  a  en  particulier une  vaste  différence  entre  ce  que  font  les 
 femmes  Zoulous,  et  les  produits  de  leurs  soeurs  des  bords  du  Zambèze.  
 Ces  dernières  emploient  d’ordinaire  des  perles  plus  petites  que  lès  femmes  
 Zoulous,  ce  qui  permet  de  mettre  plus  de  variété  dans  les  dessins;  ensuite  
 les  patrons  du  Zambèze  sont  plus  achevés  dans  l’exécution,  et  aussi  plus  
 compliqués,  parce  qu’on  y  emploie  un  plus  grand  nombre  de  nuances2) ;  
 enfin  les  femmes  Zoulous  arrangent  les  couleurs  avec  bèaucoup  moins  de  
 goût3);  elles  placeront  les  unes  à  côté  des  autres  plusieurs  nuances  pâles  
 sans  éclat,  du  bleu  clair,  .du  rose  et  du  blanc,  tandis  que  les  ouvrières  du  
 Zambèze  auront  soin  de  faire  intervenir  entre  ces  nuances  des  couleurs  plus  
 voyantes,  qui  donneront  au  tout  un  aspect  beaucoup  plus  agréable.  Ainsi  
 une  négresse  de  l’île  de  Chiloane près  de  Sofalla,  où  cet art  se  pratique 
 le  mieux,  ne  fera  jamais  suivre  du  bleu  par  du  vert.  Les Basoutos  juxtaposent  
 beaucoup  les  couleurs  claires  les  unes  aux  autres,  et  quant  au  Fingos  
 (Colonie  du  Cap),  ils  se  signalent  par  leur  prédilection  pour  le  noir  placé  
 à  côté  du  blanc,  sans  intervention  d’autres  couleurs.  Ces  perles  sont  toutes  
 de  fabrication  vénitienne.  On  les  enfile  sans  l’aide  d’aiguille,  et  cela  ne  
 marche  pas  vite.  Quant  à  la  grosseur,  les  gens  du  Zambèze  emploient  les  
 plus  petites,  puis  viennent  les  Zoulous,  après  eux  les  Fingos,  et  enfin  les  
 Basoutos,  qui  emploient  les  plus  grosses *). H  Nous  avons  remarqué  dans  
 le  musée  Suermondt  d Aix-la-Chapelle  un  couvert  en  fer,  vieux  d’une  couple  
 de  siècles,  petit  comme  c’était  l’habitude  au  17 e  siècle,  la  fourchette 
 1)  V o y .  pi.  X I   et  XII,  
 3)  Voy.  pi.  X V I ,   fig.  8 
 2)  Voy.  par  ex.  pi.  X IX ,   fig.  5   et  ISy  et  pi.  X X ,   fig.  5.  
 et  pi.  X I ,   fig.  15.  4)  Voy,  pi.  X IX ,  fig.  6. 
 à  trois  dents.  L e   manche,  tant  du  couteau  que  de  la  fourchette,  était  recouvert  
 de  grains  de  verre  à  la manière  de  l’Afrique  orientale.  L e   conservateur  
 du  musée  ignorait  la  provenance  de  ces  objets.  Peut-être  faut-il  les  considérer  
 comme  des  chibante;  ils  se  pourrait  qu’un  voyageur  qui  visitait  l’Afrique  
 à  l’époque  d’Olim  ait  eu  l’idée  d’y  faire  orner  son  couvert  particulier  
 d’une  façon  qui  en  faisait  quelque  chose  de  très  original.  —  Outre  leur  
 emploi  décoratif,  les  grains  de  verre  servent aussi  comme moyen  d’échange,  
 comme  il  a  été  remarqué  plus  haut. 
 De  même  que  l’ornementation  au  moyen  de  perles  en  verre  a  des  
 caractères  différents  sur  le  Zambèze  et  chez  les  Zoulous,  on  peut  distinguer  
 deux  tendances  quant  à  la  manière  de  décorer  les  objets  en  bois.  Sur  le  
 Zambèze,  la  sculpture  est  le  principal;  on  ne  colore  guère  le  bois,  ou  si  
 on  le  fait,  on  donne  la  même  teinte  aux  parties  sculptées  qu’au  reste  de  
 l’objet.  Les  Zoulous  en  revanche  dessinent  des  figures  en  noir,  sans  qu’il  
 soit  besoin  pour  cela  que  le  bois  ait  été  enlevé  auparavant  pour  les  former  
 en  creu.  Ces  figures,  comme  sur  le  Zambèze,  affectent  généralement  des  
 formes  géométriques. 
 Les  noirs  savent  préparer  eux-mêmes  des  boissons  fortes.  L a  principale  
 est  la  bière  des  cafres,  tirée  du  sorgho,  rafraîchissante  quand  elle  est  nouvelle, 
   mais  devenant  bientôt  très  alcoolique  et  enivrante;  elle  a  l’aspect  trouble. 
   Sur  le  Zambèze  ils  la  nomment  pombe  ou  bouadwe,  chez  les  Zoulous  
 tiw ala.  Ils  font  aussi  du  vin  de  palmier,  de  même  que  sur  la  côte  occidentale. 
   Une  autre  boisson  forte  est  le  soure,  sève  qui  découle  du bourgeon  
 à  fruits  du  cocotier  lorsqu’on  le  coupe.  Cette  sève  a  l’aspect  du  petit  lait;  
 pendant  quelques  heures  elle  garde  une  saveur  légèrement  sucrée,  après  
 quoi  elle  fermente  rapidement,  prend  une  saveur  alcoolique  agréable,  mais  
 devient  bientôt  après  acide  et  impotable ').  Enfin,  surtout  à  Inhambane  et  
 sur  la  côte  faisant  face  à  l’île  de  Mozambique,  ils  obtiennent  par  la  distillation  
 des  noix  de  cajou  une  boisson  très  forte,  avec  laquelle,  durant  les  
 semaines  pendant  lesquelles  ce  fruit  se  récolte,  la  majeure  partie  de  la  population  
 male  indigène  s’enivre  sans  interruption.  Les  grandes  cuillers  en  
 bois  représentées  sur  notre  planche  XIII  servent à  remuer  la  bière  des cafres;  
 les  noirs  n’en  ont  pas  besoin  pour  porter  leur  nourriture  à  leur  bouche,  les  
 mains  leur  suffisant  pour  cela. 
 l)   Comp.  Durand,  ouvr.  cité,  page  194.