obliquement lui et le tronc; à mesure qu’il s’élève, il le repousse en haut aussi
loin qu’il peut, tout en appuyant fortement son propre corps en arrière
contre le cerceau, ce qui lui permet d’appliquer solidement ses pieds contre
le tronc. Les noirs eux-mêmes font peu d’usage des noix de coco. Généralement,
quand celles-ci sont mures, ils les coupent en deux, puis les exposent
au soleil, ce qui fait que l’amande blanche se sépare de la coque;
alors on vend les amandes aux Européens pour en faire de l’huile. Cette
denrée s’appelle coprah, et les nègres ne la cèdent presque jamais que contre
de l’argent. Ils en abandonnent d’ordinaire la préparation aux femmes.
Les huttes des noirs sont d’ordinaire construites sans ordre, chacune où
cela plaît au propriétaire; celui-ci ne paie rien pour l’usage du sol, ni pour
les matériaux, qu’il a à recueillir lui-même là où la nature les lui offre. Les
sentiers qui relient ces habitations sont en sable, libres de folles herbes et
bien entretenus. Dans chaque village se trouve une hutte convenablement
entretenue, destinée aux voyageurs. Une autre sert exclusivement aux accouchements.
— Près de Tête les indigènes établissent de préférence leurs habitations
sur les rochers, afin de mieux se prémunir contre les surprises. Ils
taillent alors pour y parvenir, comme on le fait en Norvège, de longs escaliers
; il faut quelquefois plusieurs heures pour y monter.
Il est rare que les huttes des noirs ne soient pas habitées en même
temps que par eux par des. armées de vermine, punaises et puces. Pour
s’en garantir on creuse souvent dans le sol une fosse autour de l’endroit où
l’on étend sa fum b a pour se coucher, et l’on verse dans la fosse une
infusion végétale qui tient éloignés les malcommodes insectes. Aucune hutte
n’a de fenêtres, sauf quelques-unes des habitations des chefs et des noirs baptisés.
Il va sans dire qu’aucune de ces habitations ne possède d’étage. Les
cheminées font entièrement défaut, et la fumée n’a pour s’échapper que les
insterstices des murs et du toît, et l’ouverture servant de porte. A l’intérieur
de la hutte se voit une couple de poteaux servant à soutenir le toît, mais
il n’y a presque jamais de partitions intérieures servant à subdiviser l’espace,
en quoi ces huttes se distinguent de celles de plusieurs contrées de la côte
occidentale. Il n’est pas rare au Zambèze de rencontrer des paillottes (huttes)
dans lesquelles se trouve une sorte de grabat appelé kitand a, destiné
à recevoir la natte pour dormir. En fait de meubles, il n’y faut chercher
ni armoires, ni chaises, ni tables, ni lampes, ni même de coffres; il n’y
a pas un seul réduit servant à serrer quoi que ce soit. Ce que l’on trouve
dans la règle est une assagaie, une hache, une pelle (enxada), un foum ba
(pl. X V I fig. 2), un arc et des flèches, quelques appuis pour la nuque,
un petit nombre de pots en terre, un puisoir en calebasse, un ou deux
pots à tabac à priser|;et si l’on ajoute à cela ce que les noirs portent sur
leur personne, une couple de couteaux, des amulettes suspendus à un collier,
un mouchoir pour les reins et une petite tabatière, on aura une énumération
assez complète des objets constituant l’avoir d’un noir ordinaire.
Tous ces objets sont représentés en types variés sur nos planches; ceux,
qui s’y trouvent de plus sont des articles de luxe.
Ce n’est pas seulement dans la structure des huttes que l’on constate
un recul à mesure que l’on se rapproche des contrées habitées par des
blancs; l’industrie, des noirs, lit en général leur culture, suit la même dégradation.
Ils perdent la leur sans adopter, sauf de rares exceptions, celle des
blancs, surtout dans l’Afrique orientale. C ’est en partie une conséquence du
trafic d’esclaves auquel les blancs se livraient autrefois; une seconde cause
de ce recul se trouve dans l’importation d’objets de fabrique européenne,
qui reviennent à meilleur marché que ce quelles noirs produisent eux-mêmes;
et une troisième, dans l’usage des boissons alcooliques venues d’Europe.
Les métis ont des habitations qui, de même que leur couleur et leur
manière de vie, tiennent le milieu entre les maisons des Européens et les
huttes des noirs. Les parois sont en chaume, mais couvertes en dehors et
en dedans d’un crépi en terre glaise, parfois peint d’une couleur gris-bleu,
que l’on se procure en délayant dans l’eau de la cendre provenant du brou
extérieur de la noix de coco; on obtient cette cendre en faisant brûler
lentement le brou dans un trou fait dans le sol et ^recouvert de terre après
qu’on a allumé les fibres qui le composent. Par devant l’habitation court
une verandah, et à l’intérieur il y a des partitions, qui cependant n’atteignent
pas le toît; ce dernier est très élevé et en chaume.
On fait peu d’usage de planches; celles qu’on importe d’Europe sont
trop promptement attaquées par les insectes et le climat, et les planches
indigènes coûtent trop cher. On les obtient en sciant de grosses poutres,
appelées vig as. Il y a des espèces de bois indigène excellentes; le mous-
socosso (rigide, cassant et brun) et le mlbila (résistant et de couleur claire)
sont les meilleures. C ’est de la dernière espèce que l’on construit les
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