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 en  rapport  avec  la  préférence  des  noirs  mahométans  pour  l’élevage  du bétail,  
 le  coran  les  détournant  de  l’agriculture.  Quant  au  Zambèze  et,  quoique dans  
 une moindre mesure, à toute la côte orientale jusqu’au Limpopo, la chose s'explique  
 par  la  grande  rareté  du  bétail  à  cornes  et  aussi  d’autres  animaux  dont  
 la  dépouille  est  propre  à  faire  du  cuir;  c’est  ainsi  qu’il  y  a  quelques  années  
 il ne se trouvait qu’un seul et unique cheval dans toute la colonie de Mozambique. 
 Nous  avons  représenté  sur  la  planche  X X V I I ,  fig.  3 ,  sous  les  lettres  
 A ,   B ,  C   et  D ,  quatre  types  principaux  de  nattage  fait  en  fil  de  laiton,  de  
 cuivre  ou  de  fer.  Ils  diffèrent  très  fort  du  nattage  Zoulou 1).  C ’est  à  ces  
 modèles  que  nous  renvoyons  dans  le  texte  descriptif  au  moyen  des  quatre  
 mêmes  lettres.  L e   fil  de  métal  est  importé.  Quand  il  se  trouve  trop  épais  
 pour  1 usage  que  les  noirs  en  veulent  faire,  ils  l’étirent  eux-mêmes.  Chez  les  
 peuples  dont  nous  nous  occupons  n’existe  pas  l’usage,  qui  se  trouve  chez  
 les  Basoutos,  et  aussi  sur  la  Côte  d’Or  et  sur  la  côte  sud-ouest  de  l’Afrique, 
   d’employer  à  l’ornementation  les  doux  et  les  boutons  de  cuivre  dont  
 font  usage  les  ébénistes  d’Europe  et  qu’on  importe  en  Afrique. 
 Il  faut  remarquer  au  sujet  des  objets  en  fer  de  cette  collection  que  
 les  noirs  ne  savent  pas  durcir  ce  métal;  tel  qu’ils  le • travaillent,  il  a  bien  
 la  flexibilité,  mais  non  l’élasticité  de  l’acier.  On  connaît  la  corrugation  caractéristique  
 des  armes  africaines,  cette  ondulation  longitudinale  donnée  à  la  
 lame2).  Quelques-unes  de  leurs  armes  ont  cette  particularité,  d’autres,  quoique  
 de  la  même  sorte,  p a s 3). 
 Le s   haches  (appelées  nibasou  sur  le  Zambèze)  qui  se  trouvent  dans  
 cette  collection4)  s emploient  aussi  bien  comme  outils  que  comme  armes.  
 Dans  1 outil  agricole  -—■  le  seul  employé  dans  la  colonie,  les  charrues  par  
 exemple  y  sont  inconnues  -—  le  manche  est  très  court,  et  le  fer  y  est  planté  
 dans  le  travers.  C e st  une  sorte  de  bêche  ou  de  houe,  employée  aux  champs  
 exclusivement  par  les  femmes  et  les  enfants,  et  appelée  enxada  par  les  Portugais. 
   On  ne  peut  pas  transformer  cet  instrument  agricole  en  hache  de 
 1)  Voy.  la  pi.  X V I ,   ffe.  6   et  la  description.  2)  Voy.  la  pi.. X X V I I ,   fig.  5. 
 3)  Comp.  Hough,  On  the  corrugation  in  A frican   swordb lades,  etc. 
 4)  L e   musée  de  Copenhague  possède  (N°.  172a,  page  53  du  catalogue)  une  hache  des  Ovampos,  Sud-Ouest  
 de  1 Afrique,  tout-à-fait  conforme  au  type  représenté  sur  notre  planche  I I ,  fig.  7   à  1 1 ,   sauf  què  le  manche  de  celle de  
 Copenhague  est  plus  grossier.  —  Comp.  aussi  dans  l’ouvrage  cité  de  Ratzel,  à  la  page  222  une  hache  de  cafres,  à  la  
 page  286  une  hache  des  Bamangwatos,  et  à  la  page  449  une  hache  des  Wanikas. 
 guerre,  ou  vice-versa,  en  changeant  la  position  du  fer;  du  moins  celles  
 que  nous  avons  vues  n’avaient  qu’une  seule  fente  dans  le  manche,  longitudinale; 
   point  de  transversale.  l)  L a   hache  N°  9  de  la  pl.  I  ne  s’emploie  
 que  pour  abattre  des  arbres.  Comme  elle  est  très  lourde,  elle  est  maniée  
 par  les  hommes  seuls,  qui,  dans  le  bassin  du  Zambèze —  remarquons-le  en  
 passant  •—■  se  chargent  d’ordinaire  des  parties  de  la  besogne  des  femmes  
 qui  demandent  beaucoup  de  force  physique,  ce  qui  se  présente  surtout  en  
 matière  d’agriculture. 
 En  ce  qui  regarde  lès  assagaies,  notons  que  sur  le  Zambèze  elles  
 ont  presque  toujours  à  l’extrémité  inférieure  une  pointe  en  fer,  qui  manque  
 généralement  aux  assagaies  d’Inhambane  et  des  contrées  situées  plus  au  sud.  
 Cette  pointe  sert  à  appuyer  l’arme  obliquement  contre  le  sol  pour  recevoir  
 sur  le  fer  un  ennemi  qui  charge,  et  aussi,  quand  on  se  sent  attaqué  par  
 derrière,  à  frapper  en  arrière  sans  retourner  l’arme.  C ’est  l'arme  indispensable  
 du  noir  à  la  guerre,  et  il  ne  manque  non  plus  jamais  de  l’emporter  
 en  voyage;  il  s’en  sert  alors  comme  d’un  bâton  pour  la  marche.  Un  nègre  
 en  route  fait  l’effet  d’un  guerrier  en  campagne,  avec  son  assagaie,  sa  hache  
 de  combat,  souvent  son  arc  et  ses  flèches,  et  parfois  son  casse-tête,  k iri.  
 Cette  dernière  arme  est  très  rare  dans  le  Mozambique,  mais  en  grand usage  
 parmi  les  noirs  du  Sud  de  l’Afrique.  Le s   assagaies,  du  moins  celles  de  
 sortes  ordinaires,  n’ont  rien  de  rare;  sur  le  Zambèze,  ces  armes,  ainsi  qùe  
 les  appuis  pour  la  nuque  et  que  les  arcs  et  les  flèches,  sont  si  abondantes  
 qu’on  peut  se  les  procurer,  comme  on  dit,  pour  un  morceau  de  pain. 
 On  n’a  pas  de  javelots  dans  les  contrées  qui  nous  occupent2). 
 On  ne  voit  que  peu  de  boucliers  le  long  du  Zambèze  inférieur,  bien  
 dans  le  bassin  supérieur  du  fleuve.  Le s   Zoulous  au  contraire  et  les  tribus  
 qui  se  rapprochent  d’eux  les  considèrent  comme  indispensables.  Pour  les  
 orner,  ils  aiment  à  employer  des  bandes  d’une  peau  dont  la  couleur  tranche  
 sur  celle  du  bouclier,  ce  qui  produit  les  séries  de  carrés  caractéristiques  
 de  ce  genre  d’armes.  On  verra  sur  les  planches  V   et  V I  que  ces  carrés  
 ont  sur  les  boucliers  des  Zoulous  pur  sang  une  forme  différente  de  ceux  
 des  autres  boucliers  représentés.  L e   bouclier  de  Gaza  (Pl.  V I,  N°  4)  se 
 1)  Il  y  en  a  un  bon  dessin  dans  l’ouvrage  de  Ratzel,  p.  222. 
 2)  Voy.  Ratzel,  p.  532  et  541.