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 fort  difficiles  pour  leur  riz  et  le  dédaignent  s il  n est  par  cuit  à  point  et  
 parfaitement  resséché.  Ils  aiment  y  joindre,  quand  ils  en  ont,  un  peu  de  
 poisson  sec,  de  viande  d’hippopotame  sèche,  ou  autre  chose  de  ce  genre,  
 et  enfin  beaucoup  de  poivre  indigène  très  fort  (appelé  p irê -p irê  sur  le Zambèze) 
   et  du  sel.  Ils  mettent  peu  de  ce  dernier  condiment  dans  leurs  mets,  
 moins  que  les  Européens  dans  les  leurs  et  le  fabriquent  eux-mêmes  en  
 lavant  des  cendres  végétales  ou  bien  une  terre  jaunâtre,  assez  abondante  
 dans  l’intérieur,  surtout  sur  le  Zambèze.  Il  s importe  d Europe  beaucoup  
 moins  de  sel  que  dans  la  plupart  des  localités  de  la  côte  occidentale.  Ici  
 aussi,  dans  l’intérieur,  il  sert  de  moyen  d échange. 
 Ensuite  il  faut  citer  comme  moyen  de  paiement  les  pelles  de  fer  (enxa-  
 d as),  le  fil  de  laiton,  les  grains  de  verre,  le  rhum  et  autres  objets.  L ’argent  
 commence  à  se  répandre  parmi  les  noirs,  d’une  façon  plus  marquée  à  mesure  
 qu’on  se  rapproche  de  la  côte;  il  circule  des  pièces  de  toutes  sortes,  
 surtout  anglaises  et  portugaises;  le  thaler  de  Marie  Thérèse,  si  répandu  
 depuis  longtemps  dans  la partie septentrionale de l’Afrique orientale,  se rencontre  
 peu  dans  le  Sud-Est.  L à   où  1 on  se  livre  à  1 élevage,  le  bétail  est  le principal  
 agent  de  paiement,  de  même  que  c’était  le  cas  au  Sud  de  l’Afrique  
 avant  l’envahissement  par  la  civilisation  européenne,  et  que  cela  y  est  encore  
 ici  et  là  le  cas  chez  les  noirs  non-mélangés.  On  emploie  beaucoup  pour  
 les  échanges  dans  le  pays  d’Inhambane  des  pièces  de  mince  toile  de  coton  
 européenne,  longues  d'*environ  huit  'yards,  que  1 on  nomme  kaniki.  Non  
 seulement  les  noirs  s’en  servent  pour  se  vêtir,  mais  encore  ils  en  gardent  
 chez  eux,  comme  on  garde  l’argent,  souvent  par  ballots  fermés.  Cette  toile  
 s’appelle  loupa  sur  le  Zambèze  et  y  joue  un  rôle  fort  moindre  dans  les  
 transactions;  les  pièces  ont  le  double  de  la  longueur  du  k a n ik i,  sont  beaucoup  
 plus  larges  et  s’achètent  en  beaucoup  plus  faible  quantité.  Les  mouchoirs  
 imprimés  ou  tissés  forment partout maintenant un moyen d échange commode. 
   L e   plus  usité  sur  le  Zambèze  consiste  en  cotonnades  écrues  de Bombay, 
   larges  d’environ  75  centimètres.  L ’unité  de  mesure  pour  cette  toile  
 est  le  1iraço ,  soit  la  distance  d’un  pouce  à  l’autre  quand  on  étend  les bras.  
 Pour  le  fil  de  cuivre,  l’unité  de  mesure  est  la  distance  entre  l’extrémité  du  
 petit  doigt  et  celle  du  pouce  quand  on  étale  la main.  On  ne  tient  pas  compte  
 de  la  taille  de  celui  qui  mesure.  Comme  mesure  de  capacité  pour  les  produits  
 agricoles  on  se  sert  à u p a n ja ,  qui contient 27  litres dans les centres portugais  
 et  30  litres  en  dehors.  Unp a n ja  d’arachides pèse environ  15  kilogrammes. 
 On  a  beaucoup  parlé  de  la  précocité  sexuelle  de  ces  gens;  mais  
 nous  croyons  qu’on  a  fort  exagéré  et  qu’elle  ne  dépasse  guère  celle  des  
 habitants  du  Midi  de  l’Europe.  L ’âge  de  la  vie  conjugale  arrive,  dans  
 notre  estime,  pour  les  hommes,  à  quinze  ans  environ,  pour  les  femmes,  
 à  treize.  Du  reste,  il  n’est  pas  possible  de  le  déterminer  exactement,  ces  
 gens  ne  connaissant  par  leur  âge;  ils  comptent  par  le  nombre  de  récoltes  
 qui  se  sont  faites  pendant  leur  vie;  mais  la  récolte  manque  parfois,  et  le  
 compte  se  trouve  faussé. 
 L ’adultère  est  considéré  comme  la  chose  du  monde  la  plus naturelle ;  on  
 le  blâme  et  on  le  punit,  mais  pas  bien  fort,  surtout  pas  là  où  les  noirs  
 ont  beaucoup  de  relations  avec  les  blancs.  Les  époux  finissent  d’ordinaire  
 par  se  réconcilier.  L a   sévérité  est  la  plus  grande  chez  les  tribus  qui  ont  
 le  plus  d’affinité  avec  les  Zoulous,  soit  dans  le  pays  de  Machona  et  dans  
 la  moitié  méridionale  des  contrées  qui  nous  occupent.  M.  Muller  a  assisté  
 sur  le  Zambèze  au  jugement  d’une  négresse  prise  en  flagrant  délit.  Elle  
 fut  acquittée  parce  que  l’amant  était  attaché  au  service  personnel  du  juge  
 et  que  celui-ci  ne  voulut  par  prononcer  une  peine  qui  l’aurait  privé  de  son  
 serviteur.  Là-dessus,  le  mari  reprit  sa  femme  et  l’emmena  en  riant.  Chez  
 les  Bitongas  (pays  d’Inhambane),  le  père  de  la  femme  coupable  d’adultère  
 paie,  ainsi  que  le  complice,  une  amende  au  mari,  ou  bien  le  premier  doit  
 rendre  le  cadeau  de  noces,  ou  enfin  donner  une  autre femme à son gendre *). 
 Quand  un  personnage  de  quelque  rang  fait  séjour  dans  un  village  
 de  noirs,  le  chef  de  Fendroit  désigne  une  ou  plusieurs  jeunes  filles  qu’il  
 met  à  sa  disposition  pour  passer  la  nuit  avec  lui  et  pour  l’éventer  avec  
 de  grandes  feuilles,  à  cause  des  moustiques,  qui  sont  une  plaie  de  ces  contrées. 
   Les  femmes  noires  se  livrent  volontiers  aux  blancs,  non  pas  tant par  
 plaisir  que  parce  que  cela  leur  fait  honneur;  elles  sont  toutes  fières  quand  
 elles  mettent  au  monde  un  métis. 
 L ’hérédité  n’est  pas  réglée  entièrement  de  la même  manière  dans  toutes  
 les  tribus.  D ’ordinaire  le  frère  du  défunt  hérite  de  toutes  ses  femmes3) ; 
 1)  Comp.  Codigo  dos  millandos  Cafriaes fo r   Adcho  da  Cruz  (Boletim  da  Soc.  de  Geogr.  de  Lisboa,  Junho 1878,  
 chapitre  dos  Adultorios). 
 2)  M.  da  C ruz,  dans  l’article  déjà  cité,  chapitre  da  herattça  dos  casamentos  e  espolios,  s’exprime  comme  suit:  
 „ 0   filho  da  primeira  mulher  toma  conta  da  segunda  mulher,  sua  madrasta;  o  da  segunda  mulher  toma  conta  da  
 „primeira  e  assim  alternadamente  até  a  ultima  mulher  e  filho,  e  bem  assim  o  espolio  em  quantidades  egaes” . 
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