Les indigènes des bords du Zambèze sont habiles vanniers. Ils emploient
comme matière première des rameaux refendus, lakka-lakka, le
roseau, caniça, ou le jonc herbeux, moulella. Suivant la grandeur et la
forme des corbeilles qu’ils font, ils les nomment au Zambèze chitoundas ou
micobas\ les dernières sont sans couvercles, les premières en possèdent.
Tous les cafres de l’Afrique méridionale savent faire des corbeilles étanches,
mais les Kosas de la Colonie du Cap y sont tout particulièrement habiles.
Les noirs savent aussi fabriquer de la corde ou de la ficelle au moment où
ils en ont besoin; ils ont vite fait de recueillir des fibres propres à cet usage
et de les tordre.
L ’appui pour la nuque, auquel on donne les formes les plus diverses,
est un des objets considérés comme indispensables par les cafres, et ils en
portent toujours un avec eux, suspendu à leur ceinture. Ceux du Zambèze
constituent un type très différent de ceux que l’on fait en arrière d’Inham-
bane; et de leur côté ceux des contrées plus méridionales ont un cachet
à eux, différent des autres. On peut à leur aspect deviner à quelle tribu
appartenaient ceux qui les ont fabriqués; ils font partie de ce que l’on pourrait
appeler les objets ethnographiquement typiques. Ainsi, ceux provenant des tribus
établies en arrière d’Inhambane et apparentées aux Zoulous, que nous reproduisons,
par exemple à la planche X IV , figure 1 3 , offrent une grande
analogie avec l’appui Zoulou donné par Ratzel à la page 249 de son ouvrage.
Les serrures faites par les noirs sont très rares dans le Sud-Est de
l’Afrique. Les cafres de ces contrées ferment leur porte, dans le pays d’Inhambane,
généralement avec un verrou en bois ou un tourniquet, et sur le Zambèze
le plus souvent avec de m m lella\ l’on n’importe point chez eux de
serrures en fer avec clef; même les cadenas sont invendables parmi eux.
Notre planche X V donne à la figure 7 la reproduction d’une serrure en
bois, telle qu’on en trouve à Inhambane. Qu’on en lise la description et que
l’on veuille bien la comparer avec la note suivante, que nous trouvons dans
le N ouvelliste de B a ta v ia *) du 7 décembre 1891 :
»Le journal anglais the European T rad e M a il rapporte la décou-
»verte d’une serrure égyptienne vieille de plus de quatre mille ans. Les
»anciens Egyptiens ne faisaient pas comme nous leurs serrures en métal, 1
1) Bataviaasch Nieuwsblad.
» mais en bois, et la clef aussi était en bois. Contre 1 un des montants de
»la porte était assujetti un crampon en bois, dans lequel pouvait passer un
»verrou se mouvant contre la porte elle-même. Si 1 on enfonçait le verrou
»aussi loin que possible dans le crampon, trois chevilles se mouvant dans
»la partie supérieure de ce dernier tombaient dans trois trous pratiqués
>> dans le verrou, et l’immobilisaient jusqu à ce que 1 on relevât les chevilles.
»Pour clef on employait une pièce de bois munie à son extrémité de trois
»chevilles à égales distances les unes des autres que celles du crampon, on
»l’insinuait dans une coulisse du verrou, et en la soulevant on soulevait
»les chevilles faisant arrêt; alors on pouvait tirer le verrou .
L a ressemblance de ce système avec celui de notre serrure est frappante,
et elle paraît d’autant plus digne dêtre relevée que la contrée en
arrière d’Inhambane, d’où vient notre serrure, a été anciennement occupée
par une autre population que celle qui 1 habite actuellement, — que c est de
ces antiques habitants que proviennent les ruines bien connues qui existent
dans ce pays,|fW; et que les savants recherchent avec un vif intérêt tout ce
qui pourrait servir d’indice de l’origine des premiers occupants.
L e modèle d’embarcation représenté à la figure 3 de la planche X V I
donne une idée des canots indigènes. Il ne présente cependant pas la forme
la plus fréquente, qui en diffère par la structure de la poupe, saillante de
même que la proue, et non verticale. Ces canots se nomment alm adia.
Ils n’ont point de gouvernail. Il y en a qui ne se montent que par une personne
seule, et qui ne sont pas munis de bancs; mais les trajets de quelque
étendue se font dans des alm adias plus grands, munis dun, de deux ou
de trois bancs. L ’équipage ( tripulaqao) de ces grands canots est formé de
deux matelots ou rameurs par banc, appelés au Zambèze manamasi, d un
maître (marimo) et d’un piloteur (cadammo). Ce dernier se tient debout à
la proue pour sonder avec une perche la profondeur incessamment changeante
du fleuve. L e marimo gouverne au moyen d une pagaie et commande.
On emploie aussi sur le Bas-Zambèze un modèle un peu différent de l ’alma-
d ia , appelé cocha] la forme générale en est celle de l 'alm adia, mais il a
un gouvernail assujetti à la poupe par des liens en herbe (moulella). Ce
sont de grandes embarcations, montées, outre le cadammo et le marimo,
par six manamasi.
Passons maintenant aux vêtements. L à où la civilisation européenne