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p R AE F A T I o.
Botinicc naturalis hiiloriae pars illa, cujus do&ina ftirpium cognitioncm
tradit. Hae vcro , quia fimplici fcmpcr atque conftanti omnino lege a
natura producuntur , certam iane ubique fabricam agnofcunt, a qua nunquam
receditur. Neque uUac unquam novae , nifi a praegreflls prius ortae,
repertae fuerunt ; fed, a majoribus fuis progenitae fimilibus, tantum
depxehenduntur. Quare infînitae non funt, aut riumero carentis, multitudinis.
Poterunt igitur, imo certt; & debebunt, omnes, quotquot fupcrllites
vigent creatae, humanis obfervari laboribus, fuosque poftea in numéros lege
ordinis digeri. Ut enim periiile forfin aliquas ex illis, quas orbi condito
infeverat Creator, haud negem, ita plane fcimus, fecundumpromulgatas
naturae leges ne unam quidcm Ijjontc ortam obfervari. Primae igitur
hac in difciplina partes emnt, omnes plantas defcribere, quotquot de tellure
prodeuntjfed & ita fermone, lîgurifque, exprimere, ut pofteri, quandocunque
commentariis hifce evolvendis mentcm applicabunt, dubitare ne
quidem poilînt, an illae, quas defcriptas inveniunt, eaedem fînt his, quas
illi iplî fuo jam tempore repcriunt. Qivam quidem ad rem duplex evitandus
error erit : feilicct peccatùr, fi quae omittctur, etiam, fi una pro diverfis
repetitur, inani numero fallimur. Facit autem loci varieras, aut diverfitas
appellationis, tum & nata ex incidenri differentia, ut una eademque pro
multis detur , maxime quidem ubi fupina accefiTerit ofcitanria. Negleétus
profeclo utriufque dati modo moniti efFecit, ut hodie a veteribus mcmoratas
quamplurimas penitus ignoremus lîirpes , utque diverfis per varios Auólores
cidem plantae datis nominibus decipiamur, utroque autem hoc vitio
difciplinae huic promovendae impedimenta nafcuntur. Qiio igitur libcretur
his dodrina Botanica, opus omnino erit, ut fuo quacque loco Iponte
natae ftirpes, atque laeta ibidem foetura pereuntiimigregem airiduofupplentes,
fie defcribantur, veluri nativam illic fuam fociem offerunt: ita enim genuina
cujufque imago dabitur, atque poftea in hoc eodem natali loco denuo
quaeri potent, fi forte de eadem dubitabitur. Qiiando autem in alias
translatae plagas, hinc peregrino in folo habitum mutantes , depinguntur ,
una fine eademque pro plurimis exhibetur, dum interim vera ab origine
fpccies nulla remanet. Qiiod idem quoque obtinct, dumdelataeinopimos
hortos, atque fbllicito tracfatae cultu, redduntur ipfa hac curatura mutatae
adeo, ut priftini olim propria in gleba habitus vix notam référant. Quali
laboribus fraétum membra, exuftum foie , atque atro pane & aqua fuftentatum
meflôrem, ad otia, balnea, & ad epulas, in aulam Sardanapali delàtum,
fotumque quam moUiffime, fpeftares. Atque eo t]uidcm in negotio
vel prudentiflîmi decepti errores doluere fuos, falfi variata per incidens fpecie,
qua dein exuta priftina & propria redibat forma, quam a natural! cafus
alienaverat.
Id habet praecipue temporum noftrorum félicitas , quod plantarura
clafl'es, & genera, conftituantur certa nec turbanda dcinceps;& quidem per notas
conftantes, quas fcilicet immutabilis fabrica ftirpium ipfa offert. Hae enim,
P R E F A C E .
Lei hoTnmes pourront done parvenir f ^ parviendront certainement à la conmijfame de toutes les
pUfites y qui font refiées depuis la Création^ t^ ils pourront les ranger dans différentes Clajfcs. Car ^
quoyque je ne me pas, (^ue peut-être quelques unes de celles y que le Créateur ayoït fait tiaître au commencement
ne foient perdues, nous fomrnes cependant ajfurés, que par les loïx delalNature^ qui nous font
connues j on n'en a jamais obferyé aucune, qui ait été produite d'elle même. La premiere chofi donc
qu'il faut ohfiryer dans cette fcience y ce(i de decrire toutes les plantes, que la terre produit, d'en
donner des deffeins exacis , de forte que ceux qui tiendront après nous , f^ qui s'appliqueront à parcourrtr
ces ouyrages ne pourront douter, f ï les plantes qu'ils trouvent durit es font Ivs mêmes, que celles
que la terre leur produit. A cet égard tl y a deux défauts à éviter, on peut manquer, lors qu'on
en omet quelqu'une^ l'on peutfe tromper, f i l'on prend une même plante pour plufîeurs différentes.
La différence du heu, du nom, ou quelque changement accidentel, fait qu'on prend la même plante
pour plufieurs différentes, furtottt lors qu'on ^examine avec peu d'attention.
Le peu de cas qu'on a fait de ces deuxayis^ efi caufe que nous ignorons aujourd'hui un grand nombre de
plafites, dont les Anciens ont fait mention, ^ que nous tombons dans l'erreur par la diyerfité des noms, que
les different Auteurs ont donné à la même plante. C'efî de ces deux défauts, que naiffent les obfta^
des aux progrés de cette fcience. Afin donc d'exemter la 'botanique de ces obfîacles, tlfera abfolument
necefjaire , que toutes les plantes, qui croijîent fans culture dans leur litu natal, ^ qui par
leur grande fertilité fuppléent continuellement au grand nombre, qui en pent, foient décrites delà maniéré
que la nature nous les reprefente dans l'état naturel, p'^^ ^^ moien nous aurons la figure natu.
relie de chaque plante, on pourra enfuit e la rechercher dans le même endroit, ou elie a été produite,
f l par haz^ard on doutoit que ce f u t la même.
fS'idais lorsqu'elles font transplantées dans d'autres Climats, elles changent de naturel dans ce fond
étranger, fî alors on yeut les dépeindre, on reprefeate U même plante fous la figure deplufieurs différentes,
dans le tems qu'il ne refîe plus U moindre trace de f a premiere origine.
La même chofe arrive aufjî quand on les plante dans des jardins, qu'on les cultive avec beau"
coup de foin , par là. elle changent f ï fort, qu'a peine con fervent elles quelque marque de ce qu'elles étoient
dans leur lieu natal. On pourrait les comparer à un Moiffonneur, qui rompu de travail, brûlé
du foleil, accoutumé de manger du pain noir de boire de l'eau, fèroit tranfporté dans uni cour
efféminée, ou il vivrait dans l'oifvite ^ dans la mollefjè. C'efl à cet égard, que les Bot am fi es les
plus prudens ont eu le chagrin de fe tromper, feduits par le changement accid-.ntel , qui et oit arrivé
à des plantes, cette difference étant otée, ils ont enfuit e reconnu la premiere la propre figure de
ces plantes, que le hasard avottfait changer de leur état naturel.
Nôtre fiécle a fur tout ce bonheur particulier, de yoir qu'on établit les Claffes des plantes ^ leurs
genres d'une maniéré fi certaine, qu'on ne pourra les confondre dans la fuite, à caufe qu'on les établit
fur des marques certaines é fixes, que lafiruEîure immuable des plantes offre elle même. Ces