P l a n c h e C X V I I .
Langue dc Cerf montante, ci feniUes de
Laurier, dentelées.
IL m’a auffi efté impoffible de découvrir
la principale racine de cette Plante ; on ne
voit qu’une tige prefque de la groffeur du
doigt, toute couverte d’écailles dorées te
pointues, monter ¿¿s’attacher tout le long
dc grands arbres par quantité défibrés noiraftres.
De cette mefme tige on voit fortir
un affez grand nombre dc coftes alternes,
longues d’environ deux pieds, minces, pliantes,
rondes, unies, d’un vert affez agréable,
parfémées au commencement de quelques
écaillés dc mefme nature, ¿r garnies prefque
cn toute leur longueur, & de chaque cofté
dc plufieurs-feuilles, arrangées par paires,
excepté celle qui les termine.
Toutes cesfeuillcs ont bien à peu prés la
mefme figure de celles du Laurier, mais on
n’en fçauroit déterminer la grandeur : j’cn
ay remarqué fur la mcfmc Plante de grandes
& des petites -, j’cn ay veu mefme fur quelques
pieds qui eftoient prefque ovales, èc
à peu prés fcmblables aux feuilles dc nos
Ycufes, ce qui m’a fait douter fi c’étoit une
variété, ou quelque cfpéce différente. Quoy
qu’il cn foit, leur grandeur la plus ordinaire
eft d’environ deux pouces dc long, fur prés
de demi pouce de large. T o u t leur contour
eft entaillé par une dentclûre pointue, te
leur fubftance eft membraneufe te ferme,
affez unie par dcffus, te toute fillonnéc en
deffous par quantité de rayes obliques : leur
couléur eft d’un vert foncé affez agréable, &
fe defarticulcnt aiférnent dc la cofte cn fé-
chant. Ce n’eft jamais fur elles que la fémence
eft produite, c’cft toujours fur des
feuilles d’une autre nature naiffantcs fur le
mcfmc pied, d’où l’on voit fortir une coftc
parmi les autres qui eft particulière, beaucoup
plus longue, te garnie dans toute fa
longueur de plufieurs paires de feuilles, femblables
du commencement à depetires broches
rondes un peu moins grofies que des
plumes à écrire, longues d’environ quatre
■ T a b u l a C X V I I .
Lingua Cervina fcandens, foliis
Laurinis, ferratis.
| £ primaria hujufce Planta radice
nulla mihi penitus notitia ; cauliculus
tantum confpicitur digitum fere craf
fus , totufque membranulis aureis ¿ r
peracutis fquamatus, arborum caudices
confiendere, ipffqae fibrarum ni&ican-
tium adminiculo pertinaciter inharere.
E x ipfo numerofa fatis evehuntur cofia
alterno fitu procedentes, exiles, teretes,
flexiles, bipedales, Ute virentes, unita
iifdemque fquamulis aureis fiilicet y
peracutis ad initium rejperfia, ac tandem
circa utrumque altitudinis Utus foliis plurimis
per conjugationes pofitis , excepto
ultimo ipfis coronante, adomata.
Laurinis equidem foliis fatis conj
mìa apparent hac folia ftngula, juf,
tamen eorum amplitudinem definire vix
quis poterit, cùm in eadem planta variarum
magnitudinum fpeélentur: etiam iri
quibufdam Plantis folia fere ovata Ili-
ceifque foliis valde fmilia comperi ; unde
fuborta dubitatio,an fpecies aliqua differens
an tantum varietas plantai U tut f t ,
communier ipfirum longitudo bipollicaris,
latitudo vero fimipollicaris; totus infuper
circuitus denticulis peracutis leviter cre-
natur ; fuhfiantia membranacea efl y
firma, fuperius glabra, pofierius rkulis
plurimis fuicata, undique tandem fature
fid grate vrrefcens. Cofias fias facile
ficcando etiam derelinquunt , nulloque
ufquam femine potiuntur, fid fôlum-
moda alla quadam peculiaria
rcullati cofia ejufdem Planta, cateris
loncnticrcmcnt
giori provenientia, priufque fubfiufiu-
las quafdam quadripollicaris longitudinis,
tereies,y paulo minus calamis firi-
ptoriis crajjas , mitantia. His autem
fibfiufcuiiS in longum dem dehifcenti-
bus, diUtatis ac retro revolutis totum
fingularum dorfum veficulis innumeris
pouces, qui venant enfuite à s’ouvrir en long, commencent à fe dilater ¿: a ie replier
cn mcimc-temps par un lens contraire. C ’eft alors qu’on découvre leur dos
couvert d’une pouffiére d’un
doré noir, formée parles véficulcs. }’ay cfté
longtemps fans pouvoir découvrir ces fruits.
•quoyque fcuflc veu déjà beaucoup dc pieds
dc cette Plante, cependant il arriva un jour
que iiir le Mornc de la Calebaffe à la Martinique
j’cn rcncontray un comme je le fou-
haitois. .
Cette Plante croift ordinairement fur les
pieds des arbres, ¿4 toujours le long des ruif-
feaux, ou bien dans lesforcfts ombrageufcs
te humides. .
C ’cft la petite efiiéce de Fougère montante,
divifee feulement tn pinnules, longues, larges,
y fins crenelure, du S' Sloane. Catalogue
desPlantes delà Jamaïque 17.
Grande Fougère momame, dentelée. Defcription
desPlantes de l’Amerique 8. Planche
I i.
R I Q J J E . , 105
ex auro nigricamibus pulveruïemum
fpeèîatur. Dm frufira Planta fruBus
conquiftos tandem contigit mihi reperire
in vertice montis de la Calcbaffe,
Infulam Martinicanam,
V t plurimum caudicibus arborum
accrefat hac Planta, rivulos potiffmum
amans, aut fylvas húmidas y umbro-
A -
Filix major, fcandens, in pinnas
tantum divifa oblongas , latafquc,
non crenatas. Sloane Catal. PLntar.
Jamaic. 17.
Filix fcandens, latifolia, ferrata.
Defcrip. Plant. Americ. 8. Tab. u .
P l a n c h e C X V I H .
Très petite Langue de Cerf, rampante,
& velue,
CEtte cfpéce dc Langue d cC e r f occupe
bien fouvent une allez grande étendue,
rampant bien au long dctous les collez, ou
fur les pieds des arbres rcnvcrfez,ou fur les
rochers plains dc moufle, qu’elle couvre entièrement
par le grand nombre de jets qu’cllc
pouflc, lefquels font extrêmement longs,
très rameux, fore déliez, te enracinez par
quantité de petites fibres rameufes.
Tous ces jets font entièrement velus, d’un
vert fonce, ¿; couverts d’une petite moufle
rouffaftre. Ils pouflcnt dc temps cn temps
quelques apophifes, ¿; quantité de feuilles
divcrfcs t i dc différente nature , les unes
cftant prefque ovales ¿¿ d’environ un pouce
de longueur, & les autres afl'ez femblables
aux feuilles des Saules, c’cftT-dire longuettes
, étroites, pointues par les deux bouts, ¿:
d environ trois pouces de long, fur prés de
demi pouce dc large. Les nnes ¿¿ les autres
lont d'une confiftence membf aneufe ¿: charnues,
unies, t i d’un très beau vert, mais tou-
tes entièrement couvertes d’un petit poil ras
& rouflaftre. On voit fur le dos des plus longues
qui fout celles qui reflemblent aux
teuülcs du Saukj dcuxrangées dc quelques
T a b u l a C X V I I I.
L in g u aC e r v in a m in im a , repens,
& liirfuta.
¿ Onge, Uteque f.ettUtw U c Planta
aut Jltq>er Jàxa lejà mu fio in-
crufiala, aut fuqter caducarum arborurtt
c.udices luxuriant, quos omnino iunu-
metis ftis foliis & o,„i
ramofijfmis fiWillifque fe r totumfiifatii
occufat m m'vejlit.
IIU autem micula: omnino villofe
infunt e¡r fature win fientes etfi mufco-
fitate quadam rujffiente ve'utiohduilx.
Ex his afofhyfis quadam identidem pro.
tenduntur, foliaque plurima or.untur,
marias magnimdmes formas & mdoles
forma ; quéufdam etemm figura inefi
fere owata ey folhcans longnudo; aliis
mero f i lignea, longiufcula f i , licet utrinque
angufiata & acuminata, tres pollices
circiter longa ac fex une,as fiere lata,
Vtraque membranacea fant Crajfiufacula,
Uvigata , amano virote infagnia , fad
pemtus brevibus & ruffefcentihus ptlis
villofi. Longiorum , fiu Saligneorum
dorfa gemina verrucarum lenticularis
forma y magnitudinis f i re, adponitur,
13 b ij
'/R ii
fum
i-'•If.-'-- ‘ . --. ''r.V ii
M r f i
■r' ’ "■
f
t
ri
(ri