De Caiidollo et Liiidley ont été très-explicites pour leur temps,
le premier surtout, mais beaucoup de questions se sont élevées
depuis lors.
Chaque auteur est nécessairement préocupé de certaines tendances,
de certains besoins de son époque, d'où il résulte que
tous les vingt ans, pai' exemple, il est à propos de revoir l'ensemble
des règles admises. On en profite pour mettre de côté les
articles devenus tout à fait inutiles, et d'autres dispositions, sur
des sujets nouveaux, prennent leur place. Sans remonter bien
haut, il est aisé de voir que, depuis la fin du XVI I I s i è c l e , les
botanistes ont tendu à s\affranchir d'entraves inutiles mises par
Linné et que ses disciples avaient exagérées, surtout quant au
choix des noms de genres. De Gandolle était dominé par l'idée
de faire respecter la loi do priorité, qu'on se faisait peu de scrul)
ule d'enfreindre il y a cinquante ans. Ensuite les auteurs ont
visé à obtenir plus de précision, et à faire cadrer la nomenclature
avec la nécessité croissante de diviser le règne végétal en groupes
plus nombreux, compris les jms dans les autres.
Aujourd'hui la nomenclature des espèces cultivées et de leurs
modifications innombrables exige une attention particulière. Je
ne propose aucune innovation grave à cet égard, mais seulement
de choisir, entre les procédés employés, ceux qui offrent le
plus d'avantage, et de raccorder, autant que possible, les divisions
principales des espèces qui intéressent les botanistes autant
que les horticulteurs, avec les subdivisions minutieuses dont on
s'occupe en horticulture seulement. La citation des noms d'auteurs
à la suite des noms de genre et d'espèce, quand il y a eu
des changements, est devenue une question importante, qui s'est
élevée depuis vingt ans, et il n'est pas jusqu'à la manière d'abréger
les noms d'auteurs dont il a fallu m'occuper. Ce détail
semble puéril, mais une fois qu'un certain nombre de botanistes
se sont mis à abréger les noms d'une manière inintelhgible, il
faut bien le leur dire et leur rappeler comment on abrège les
mots dans tous les dictionnaires.
Mon travail se compose d'un texte, suivi d'un commentaire,
dans lequel se trouvent des explications, des exemples ou des
motifs à l'appui de plusieurs des articles.
Je disais en commençant qu'on remarque une certaine inquiétude,
causée par la complication toujours plus grande delà synonymie.
Sans doute les botanistes ayant un peu d'expérience ne
s'en inquiètent guère. Ils n'adoptent pas les noms nouveaux
sans en avoir constaté la nécessité, ou au moins sans etre sûrs
qu'ils ont été approuvés, après examen, par plusieurs hommes
compétents. D'ailleurs, la synonymie n'est pas à leurs yeux sans
mérite. Elle constitue l'histoire de la science. Exposée complètement
et dans l'ordre des dates, elle est souvent instructive et
curieuse. Mais, il faut bien le reconnaître, beaucoup de personnes
s'inquiètent de l'accroissement des synonymes, et dans la pratique,
la multiplicité des noms est incommode. Certains perfectionnements
dans le système de la nomenclature pourront avoir
un peu d'influence à cet égard. Il faut pourtant savoir regarder
le mal en face et comprendre qu'il provient de causes très-diverses,
en partie inévitables. Voici quelques rapprochements
qui n'ont pas encore été faits.
Dans les quatre premiers volumes du Frodromiis^ publiés de
1824 à 1830, la proportion des genres admis aux genres synonymes
était, approximativement \ de 100 à 55. C'est dire qu'il y
avait alors, à peu près, moitié de synonymes. Dans le Genera
2olantarwu, de MM. Bentham et Hooker fils, fascicules 1 et 2.
pubhés de 1862 à 18G5, qui comprennent à peu près la même
série de familles, j'ai trouvé en faisant le même calcul approximatif
^ pour 100 genres admis 117 synonymes. Donc la proportion
des synonymes génériques aurait doublé en 36 ans.
L'augmentation continuera-t-elle de la même manière pendant
longtemps? cela ne paraît nullement probable. Plus on connaît
d'espèces, plus leur groupement par genres est conforme à la
nature, sans parler des moyens d'analyse qui sont meilleurs
qu'autrefois et de l'amélioration générale des descriptions. On
a été conduit à créer, pendant 40 ans, une foule de genres sur
des matériaux imparfaits, mais cela sera moins fréquent à l'avenir.
De plus, nous approchons du terme des découvertes en fait
de genres. A chaque volume du Frodromus je remarque une
diminution dans la proportion des genres nouveaux. Il y a des
familles dans lesquelles le nombre des genres ne change presque
plus. Lindley, en 1853, estimait le nombre des genres d'Euphorbiacées
à 191 ; il se trouve être dans la monographie récente
de M. Boissier et du D^" Millier (Prodr. XV, sect. 2) précisément
^ Le calcul a été fait sur les lettres A et B des tables de Biiek, comprenant"
277 genres admis et 154 synonymes, de plusieurs familles différentes,
les synonymes antérieurs à Linné non compris.
^ D'après les mêmes lettres A et B de la table, comprenant à peu près
les mêmes familles.
)l|- !
i J-
• ; .ni
!;• ill