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zuülugistes ont suivi une autre méthode rcconiuiandée, eii 184'2.
par le comité de MM. Strikland, O^Ye!l, etc., à l'Association britanique
(Report § I))', mais foitemenl combattue dès le premier
moment ])ar Agassiz {Nouoeiiclator, p. xxvi). Divers botanistes,
MM. Fries, Fr. Scliultz, Kirsclileger, etc., ayant introduit
la même méthode en botanique, ils ont rencontré aussi une vive
opposition, et, pai' exemple, la conunission du lUilletin de la
Société botanique, de France, a publié sur ce point une note motivée,
qui a iait sensation (lUill. ItíüU, p. 438).
La nouvelle niétlu)de proposée consiste à citer toujours pour
une esi)èce, le nom de l'auteur qui l'a nommée et décrite le
premier, indépendamment du nom de genre auquel cette espèce
a été rapportée par les botanistes successifs. Parmi les
adeptes de cette méthode, les uns se contentent de citer l'auteur
de l'espèce, sans aucune exphcation; d'autres, surtout les
zoologistes, ajoutent au nom (Sj).), pour dire que l'auteur a fait
Fespèce seulement; d'autres enñn, plus consciencieux, ajoutent:
•sub tel ge.nre. Ainsi Matthiola tristis [L. sub Gheirantlio), veut
dire: l'espèce que Linné appelait Gheirantus tristis, et qu'un autre
(on lit dans la synonymie que c'est Brown) a appelée MattJdolo
ù-istis. Prenons la méthode sous cette dernière forme, la plus
¡)erfectionnée évidemment, et voyons comment elle a été défendue
et attaquée. Xous dirons ensuite notre opinion.
Le Comité de l'Association britannique s'exprimait de la maiiière
suivante par l'organe de M. Strikland :
« Il nous paraît que l'auteur qui a le décrit et nommé
une espèce, formant la base de généralisations futures, a plus
de droit à voir son nom rappelé que celui qui a défini plus tard
un genre dans lequel se trouve cette espèce, ou qui, par une
sorte de hasard, a été conduit k réunir le nom spécifique au nom
générique. F]n donnant l'autorité pour le nom spécifique de préférence
à tous les autres, le lecteur est conduit directement à la
description originale, Tliabitation, etc., de l'espèce, ainsi qu'à la
date de sa découverte. « Ainsi le Mascicarpa crinita L., rapporté
depuis au genre Tijrannus, doit être indiqué Tyramms
crinitus L. (sp.), et, dit une note au bas de la page, Tyrannus
crinitus (L.) serait peut-être préférable à cause de sa grande
brièveté.
^L Agassiz, dans la préface de son Nomenclátor zoologicus
^ Report of the iJnt. assoc. fur 1842, p. 120.
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(p. XXV), s'opposait fortement. 11 loue d'abord Linné d'avoir
(lit : « Nomeu specificum nil est nisi distinctio specierum sub suo
genere. Nulla dari potest difíéreiitia specifica ubi nullum genus.))
Cela montre bien, dit M. Agassiz, (luelle importance Linné
attachait à la réunion du nom spécifique et du nom générique.
Si l'on veut, comme le désirent les savants anglais, ne faire tort
à personne, il faut citer une nouvelle autorité pour une nouvelle
combinaison de noms. Je ne crains pas de dire que Linné aurait
récusé expressément l'expression Tyrannus crinitus L. (sp.) Il
avait mis cette espèce dans son genre Muscicarpa et il l'aurait
maintenue dans ce genre aussi longtemps qu'il n'aurait pas eu
des doutes « « De cette méthode proposée par les savants
anglais, dit encore M. Agassiz, il découlerait nécessairement
l'idée que les travaux faits pour constituer les genres valent
moins que ceux faits pour distinguer les espèces, ce qui n'avancerait
pas la science. « ... « Mais il en résulterait aussi une chose
excessivement incommode : on ne pourrait pas, sans des recherches
fastidieuses, remonter aux sources. Comment, en effet,
trouver dans les ouvrages de Linné, ce qu'il a dit iii MuscicMpu
crinita, à moins qu'on ne dise sous quel genre Linné en a parlé' V
Et combien la synonymie sera inextricable s'il y a plus tard un
Tyrannus crinitus (L.) sp. selon Siuainson, et un Tyrannus crinitus
(L.) sp. selon un autre auteur, qui aura confondu une nouvelle
espèce avec l'ancienne crinita. Il faudra donc alors dire :
Tyrannus crinitus L. {sp.) Swains, et Tyrannus crinitus L.
(sp.) X. « Agassiz termine en supphant les auteurs de la. nouvelle
méthode, au nom des intérêts de la science, qu'ils ont a
coeur, comme lui, « ut propositum deserant, schisma novum in
scientiam non introducant, systema vero Linnsei simplicissimum
illud, et erroribus babylonicseque in nomenclatura confusioni
omnium minime obnoxiilm, aequo animo répétant. « M. Schuttleworth,
dans un ouvrage sur la malacologie', consacre un chapitre
à appuyer et développer les mêmes idées.
' Les partisans de la méthode répondraient peut-être qu'on publierait
des tables de Linné par espèces. Ainsi au mot crtmíiís on trouverait toutes
les pages des livres de zoologie et de botanique dans lesquelles Linné a
fait une espèce portant le nom de crinitus, ce serait comme si dans un almanach
des adresses on classait les individus par leurs noms de baptême.
.— A notre avis on pourrait le faire, mais ce serait très-incommode.
- Shuttlewortii, NotiticTe malacologicse, Heft 1. Bern, 185fi, p. 21.