
 
		50  
 coustatiitiuii  d'ime  responsabilité  ([u'il  doit  subir.  La  perfection  
 de  la  méthode  naturelle  est  (comme  l'a  dit  Linné  lui-même)  le  
 but  suprème  de  la  botanique  descriptive.  Or,  toute  innovation  
 taxonomique  (création,  restriction,  extension,  subdivision,  transposition) 
   de  famille,  de  genre,  d'espèce  ou  de  variété  est  vraie  
 ou  fausse,  bonne  ou  mauvaise.  Est-elle  bonne,  elle  perfectionne  
 la  métliode  en  un  point  quelconque,  et  il  est juste  que  son  auteur  
 en  soit  honoré.  Est-elle  mauvaise,  elle  gâte  la  méthode  en  
 un  point  (iuelcon([ue  et  son  auteur  doit  en  porter  la peine.  Dans  
 l'un  et  l'autre  cas,  le  nom  d'auteur,  régulièrement  placé,  indique  
 pour  chaque  innovation  la  part  de  mérite  connue  la  part  de  responsabilité  
 qui incombe à chacun  : Rien  de  moins,  rien  de  plus. «  
 Enfin,  nous  citerons  M.  Loissier,  qui  dans  la  préface  toute  
 récente  du  premier  volume  de  sa  Flora  orientalis  '  soutient  le  
 système  nouveau.  «  Deux  raisons,  dit-il,  m'ont  conduit  à  ce  
 mode  de  nomenclature  déjà  adopté  par  plusieurs  auteurs,  l'une  
 de  justice,  l'autre  d'utilité.  Il  y  a,  en  effet,  dans  chaque  plante  
 deux  sortes  de  caractères,  les  uns  sont  individuels,  constituent  
 en-quelque  sorte  l'essence  de  l'espèce  et  permettent  de la  distinguer  
 des  espèces  voisines,  ils  restent  toujours  aussi  immuables  
 qu'elle-même,  ce  sont  les  caractères  spécifiques.  Puis  viennent  
 d'autres  caractères  collectifs,  communs  à  plusieurs  espèces,  souvent  
 basés  sur  des  rapports  réels  entre  les  êtres  organisés  lorsqu'il  
 s'agit  de  genres  appelés  naturels,  mais  souvent  aussi  compris  
 d'une  manière  très-differente  et  très-variable  par  les  botanistes  
 suivant  leur  tour  d'esprit  et  l'importance  relative  qu'ils  
 donnent  à  ces  rapports,  ce sont  les  caractères  génériques.  Il  m'a  
 paru  que  pour  le  nom  d'une  espèce,  les  caractères  spécifiques  
 devaient  primer  les  génériques,  et  qu'il  est juste  et  logique  d'attacher  
 comme  autorité  au  nom  spécifique  qui  exprime  les  premiers  
 et ne  change  pas,  celui  de  l'auteur  qui,  le  premier,  a  fait  
 connaître  la  plante,  plutôt  que  celui  du  botaniste  qui  a  compris  
 de  telle  ou  telle  manière  ses  affinités  génériques.  Ce mode  soulage  
 la  mémoire  en  faisant  faire  un  pas  de  plus  cà l'immutabilité  
 des  noms  ; enfin  il permet  aux  botanistes  sérieux  de  remanier  à  
 leur  gré la  classification  des  espèces  à un  point  de  vue  purement  
 scientifique,  sans  risquer  qu'on  les  confonde  avec  ces  auteurs  
 qui se laissent entraîner  à  des innovations  intéressées  où  l'amourpropre  
 a plus  de  part  que la recherche  de la vérité.  «  
 '  Un  vol.  in-8,  Genève.  lS(i7.  
 51  
 Après  ces  citations  que  nous  avons  données  in  extenso  ])ar  esprit  
 d'impartialité,  nous  dirons  notre  opinion,  qui  a toujours  été  
 })arfaitement  arrêtée  sui-  cette  question.  
 L'usage  de citer  un nom  d'auteur  à la suite  des noms de  plantes  
 n'est  pas  venu,  comme  le  pensent  quelques  personnes,  du  désir  
 de  rendre  hommage  ou  d'exercer  un  acte  de  justice.  Sans  doute  
 il ne faut  pas  être  injuste,  par  exemple  en  attribuant  à  un  auteui'  
 un  nom  qu'il  n'a  pas  fait,  une  idée  qu'il  n'a  pas  eue, mais  le  
 l)rocédé  de  citer  les  noms  d'auteurs  est  avant  tout  une  mesure  
 iVordre.  Son but  est  :  1° de  distinguer  deux  ou  plusieurs  genres,  
 deux  ou  plusieurs  espèces  qui  ont  peut-être,  malheureusement,  
 reçu  dans  la  science  le  même  nom  ;  2°  de  faciliter  la  recherche  
 d'un  détail  extrêmement  important,  la  date  de  la  publication  
 d'un  nom,  ou  d'une  combinaison  de  noms,  l'un  générique  et  
 l'autre  spécifique.  
 Quand  on  veut  rendre  hommage  à  un  botaniste,  on  lui  dédie  
 un  genre.  Quand  on  veut  parler  de  ses  mérites  ou  démérites  au  
 sujet  d'une  espèce  ou  d'un  genre,  on  signale  et  on  apprécie  ses  
 opinions,  soit  dans  le  texte  d'une  description,  soit  par  quelque  
 parenthèse  dans  la synonymie,  mais  la  citation  du  nom  à  la  suite  
 du  ou  des  noms  relatifs  à  la  plante  n'exprime  en  soi  ni  mérite  
 ni  démérite.  C'est  la  constatation  d'un  fait,  savoir  que  tel  auteur  
 a  le  premier  donné  tel  nom  cà un  genre,  ou  qu'il  a  le  premier  
 rapporté  telle  espèce  à  tel  genre.  On  peut  indiquer,  à  la  
 suite,  qu'un  autre  auteur  a  fait  telle  autre  combinaison  de  noms  
 -spécifique  et  générique.  Chacun  d'eux  a  eu  raison  ou  tort;  ce  
 n'est  pas  la  question.  Avant  tout  on  a  besoin  de  savoir  quand  un  
 nom  a  été  fait,  ou  quand  une  combinaison  de  noms  a  été  faite,  
 pour  n'en  pas  proposer  de  semblables.  Or,  pour  arriver  à  la  
 date,  il  faut  connaître  l'auteur.  On  aurait  pu  donner  la date,  au  
 lieu  du nom, mais  ce  serait  moins  sûr,  parce  que  dans  une  même  
 année  deux  personnes  pourraient,  par  hasard,  donner  le  même  
 nom  à  deux  genres  difiérents ou à deux  espèces  différentes.  C'est  
 ce  qui  a  fait  adopter  l'usage  de  citer  le  nom  de  l'auteur  plutôt  
 que  la  date,  et  ce  nom  n'exprime  en  lui-même  qu'un  fait.  
 Mais,  clira-t-on,  il  y  a  souvent  deux  faits  à  constater:  l'espèce  
 a  été  rapportée  d'abord  à  un  genre,  ensuite  à un  autre.  Dans  ce  
 cas  il  est,  à  notre  avis,  plus  clair  de  dire  les  choses  successivement  
 : l'auteur  A  a  fait telle  combinaison  de  noms  ;  l'auteur  B  a  
 fait  telle  autre.  En  général,  si  l'on  veut  être  bien  compris,  cha- 
 (lue idée doit  être  exprimée  dans  une phrase,  ou au moins  dans  un