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membre de phrase distinct. Quand on veut exprimer deux choses
chiirement, on k^s sépare. Linné a fait une espèce appelée Cheiranthus
tristis, et Bro^Yn a fait ensuite le Matthiola tristis. Pour
l'exprimer il est plus clair de dire: Chdranthus tristis Z/., et
ensuite, à la ligne, ou après un point, Matthiola tristis Br., que
de dire, par voie de condensation, Matthiola tristis (L. sub Chcirantlio).
Avec ce style tout contracté:
« Brovis esse laboro obscurus iio. »
Dans l'exemple ci-dessus, on a voulu tout dire en peu de mots,
et l'on a sauté un fait très-important, celui que Brown a créé la
combinaison Matthiola tristis, par où vous pouvez remonter à la
date et aux motifs de la création du genre Matthiola, ainsi qu'à
la date et aux motifs qu'avait Brown pour rapporter l'espèce à
son nouveau genre Matthiola. L'expression L. suh Cheirantho
est cà double et même triple sens. Elle comporte ou le sens qu'on
propose de lui donner, ou elle signifie que Linné, dans quelque
note sous le genre Cheiranthus, aurait parlé du genre Matthiola,
ou encore qu'il aurait mentionné une espèce appelée par lui Jiaiithiola
tristis.
L'indication sous cette forme L. suh Cheirantho a au moins
l'avantage que toute personne sachant deux mots de latin peut
traduire et essayer de comprendre. Quand on met, comme le
veulent quelques naturalistes, Matthiola tristis L. (sp.)^ il faut
encore expliquer aux non-botanistes que Linné n'a point fait un
Matthiola tristis, que la parenthèse signifie qu'il a fait le nom spécifique
seulement et aussi que sp. ne fait pas allusion à l'ouvrage
classique de Linné species plantarum. Si l'on met Matthiola
tristis {L.) Broivn, il faut une exphcation sur le sens de la parenthèse,
et le lecteur ayant appris que Linné a fait seulement
le nom d'espèce, demande sous quel nom générique. Enfin si
l'on écrit Matthiola (Br.) tristis I/., on fait une citation bien
comphquée, sans dire cependant sous quel nom générique on
peut trouver l'espèce dans Linné, et en omettant de dire que
Brown, en créant le genre Matthiola, lui a rapporté l'espèce
tristis, ce qui est pourtant essentiel pour la précision et
la date.
Les partisans de la méthode proposée demandent qu'on soit
j uste, mais, à notre avis, ils se trompent clans l'application de ce
principe excellent.
Rien n'est moins juste que d'attribuer à Linné, par exemple,
une combinaison de noms qu'il n'a pas faite, dont il n'avait pas
l'idée, qu'il aurait peut-être blâmée s'il l'avait connue. On dira
que l'expression Matthiola tristis (L. sub Cheirantho) n'attribue
pas la combinaison des noms à Linné. (3ela est vrai quand on
connaît bien le sens de la parenthèse et qu'on la copie ou qu on
l'énonce textuellement, mais il y a les ellipses, les abréviations
presque forcées, dont parlait ci-dessus M. l'abbé Questier.
Comme on ne peut pas mettre les parenthèses entières dans les
tables, qu'on ne peut pas non plus s'en servir dans la conversation
ou dans le texte des discussions sur les espèces, on les omet.
La preuve en est que dans la table de la Flora orientalis de
M Boissier, on trouve : Matthiola tristis L. - Gypsophila acerosa
Boiss. - Tunica proliféra L., etc. Or, jamais Linné n'a
fait un Matthiola tristis, ni un Tunica proliféra ; M. Boissier n a
pas fait non plus un Gypsophila acerosa. Ce sont autant d'inexactitudes,
qui peuvent être des injustices, car nous ne savons
pas si Linné aurait approuvé qu'on fit les genres Matthiola et
Tunica, ou si ces genres étant reconnus bons par lui, il leur
eut rapporté les dites espèces.
Sil'on tient avant tout à être juste, il faudrait bien autre chose
que ce qu'on propose. Il faudrait chercher quel est l'auteur qui a,
le premier, non pas nommé un genre ou une espèce, ni rapporte
une espèce à un genre, il faudrait chercher celui qui a donné la
meilleure description du genre ou de l'espèce, qm en a le mieux
fait comprendre les affimtés, etc. Quand un botamste crée un
genre bien naturel, sur des caractères méconnus jusqu'alors,
c'est à lui qu'il faudrait attribuer toutes les espèces qu'on adjoint
plus tard à ce genre, car il a été la cause intelligente de ce qui
s'est fait après lui. Il est plus important de savoir exactement le
nom du genre que celui de l'espèce. Dites à un élève qu'une plante
se nomme grata, qu'est-ce que cela lui apprend? rien. Diteslui
qu'elle est du genre Clematis, ce sera beaucoup, car il pourra
chercher l'espèce dans les livres et il sait déjà peut-être à quelle
famille appartient le genre. Rapporter une variété à une espèce
a quelquefois plus de mérite que n'en avait la description de la
variété par le premier qui en a parlé. S'il est question de mérite,
il faut le chercher partout et dans chaque cas. Une fois
le mérite principal reconnu, on citerait le nom de l'auteur,
fallût-il remonter à Théophraste ; et quand un autre aurait rendu
de plus grands services, on débaptiserait le genre ou l'espèce
pour lui donner un autre titulaire. Recherches interminables,