contestables, inexécutables, à moins qu'on ne soit occupé à faire
îles travaux tout spéciaux sur Thistoire de la science! Les partisans
(le la nouvelle méthode doivent répugner profondément à
citer le i)reniier auteur d'une espèce quaiul il l'a mal com])rise,
mal décrite, ce qui arrive assez souvent. Le fait est que ni la nouvelle
méthode ni Tancienne ne se prêtent à rendre une justice
sufiisante i)ar le nu)yen des citations d'auteurs. Mais rancienne
méthode au moins est exacte : elle donne avec précision ce
qu'on veut avoir pai' la citation des noms d'auteurs. A cause
de cela nous la préférons.
Quelques i)ersonnes regrettent vivement que les maîtres de la
science, Linné par exemple, soient moins souvent cités depuis
qu^on a divisé certains genres établis par eux. « Le grand nom
de Linné, dit un botaniste belge, (Usparaîtrait de nos hstes d'es-
])èces! On n'aurait plus à la suite d'aucun nom de plantes ce fameux
L., ce signe vénéré, etc. ^ » A notre avis les idées de
[.imié étaient en général si justes, quand aux espèces et aux
geiu'es, qu'on revient souvent à elles après maintes divisions et
subdivisions, ^lais, au surplus, la réputation d'un homme ne
dépend pas du nombre des citations qu'on fait de lui. On cite
rarement Théophraste, Aristote, Cesalpin, qui n'en sont pas
moins considérés comme de très-grands naturalistes. Parmi les
modernes, on pourrait mentionner des auteurs cités peut-être
plus souvent que Linné dans la botanique descriptive, mais qui
le sont ordinairement pour des fautes. Les grands botanistes
conserveront toujours leur place dans les synonymies complètes
et surtout dans l'histoire de la science. Il en est de même des
grands chimistes, des grands astronomes, quoique l'on n'indique
l»as leurs noms à la suite de chaque corps terrestre ou céleste
qu'ils ont découvert.
On dira que la méthode ordinaire encourage les amateurs de
gloriole, ceux qui se plaisent à voir leur nom imprimé. C'est un
bien petit côté de la question. Disons seulement que les amateurs
de gloriole, d'après leur caractère même, doivent un peu craintlre
le ridicule; or, faire des noms qui tombent aussitôt dans
le bas-fond des synonymes, se faire appeler parmi les botanistes
sérieux un faiseur^ voilà qui est passablement ridicule et qui doit
influer sur les amours-propres un peu plus que tel ou tel procédé
de nomenclature,
^ Crepin, Bnll. Soc. bot. de Belgique. 3, p. 223.
lleconnaissonsde cependant, il y a des naturaUstes qui ont cette ,
faiblesse do tenir à ce que leurs noms soient collés à perpétuité
aux noms des espèces qu'ils ont bien ou mal décrites, bien
ou mal rapportées à leur genre. On satisfait aujourd'hui a leur,
désir en citant les synonymes. Aller plus loin, citer le nom d'un
auteur qu'on croit avoir à tort rapporté une espèce à un genre,
c'est encourager les hommes superficiels à décrire et à nommer
sans s'inquiéter du genre, c'est-à-dire à ne pas chercher des
caractères hien plus importants que ceux des especes et a néo'iiger
rétude des affinités ^
" E u c o r e un mot d'un argument avancé par l'un des derniers auteurs
que nous avons cités. _
Il est regrettable que les genres ne soient pas tous cvidentset
que faute de les avoir discernés d'entrée, on doive souvent
hésiter créer ou renverser tel ou tel genre, porter des es-
Dèces de Tun à l'autre, etc. Mais les espèces, de leur cote,
sont-elles immuables? Pas le moins du monde. On les comprend
diversement; on les coupe, on les réunit, etc., comme les gem-es,
plus peut-être que les genres. Leurs caractères ne sont pas fixes.
Ils doivent être changés quand on transporte une espèce dans
un autre p^enre, car alors elle doit être comparée avec d autres
espèces. De ces deux choses, l'espèce et le genre, malheureusement
peu déterminées, le genre est pourtant le pivot le
moins mobile, parce qu'il est basé sur des caractères plus apparents
plus importants, moins variables, parce que le nombre
des genres est moins considérable que celui des espèces, et qu on
approche davantage de connaître tous ceux qui existent : r.ous
entendons ici tous les genres naturels, car nous n'en admettons
pas d'autres. i a + \
Cette discussion a été reprise dans le Congres (voy. les Actes),
mais la votation a constaté une immense majorité en faveur de
l'ancien système, tel que nous l'avons défendu. ^
' 49 II n'est pas complètement exact de dire qu'un genre est
de tel auteur, qu'une espèce est de tel auteur, lorsqu'on change
le sens attribué au groupe par l'auteur en question. C'est pour
cela que Robert Brown, et après lui divers auteurs et tout récemment
le D^-Millier, d'Argovie^ ont considéré comme faits
par eux des groupes dont le nom était ancien, par exemple (le
^ Shuttleworth, 1. c.
- Dans les Euphorbiacées du Prodromus, XV, sectio 2.