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['assons iiiaint:Muuit ties zoologistes aux botanistes, leur opinion
ayant, pour nous, plus (:rini})ortance.
M. Kirschleger, en 1852, dins l'avant-propos de sa Flore d'Alsace,
s'exprimait ainsi, après avoir mentionne les genres Kanunl'ulus
et liatrachium :
« Xous avons, par un procédé très-simple, rendu à chacun
l'honneur qui lui est dû. A l'auteur du genre nouveau détaché
(Fun genre ancien, nous avons laissé le mérite (s'il y en a) d'avoir
élevé un ancien sous-genre au rang de genre, en y attachant
son nom. M;iis le nom spécirique, nous l'avons laissé suivre du
nom de celui qui le créa ou l'apphqua le premier, et en ayant
même soin d'intercaler ce nom d'auteur dans une parenthèse,
par exemple Cephalaria pilosa (L. siib Bipsaco). Nous savons
bien que cela peut blesser l'amour-propre de certains auteurs,
mais nous i)référons ne pas blesser les sentiments de justice et
de reconnaissance envers les anciens ? »
En 1853, M. l'abbé Qaestier réclamait sur cette nouvelle méthode
auprès de la Société botanique de France (Bull., vol. 5,
p. 37). Il cite M. Billot comme ayant écrit: Mulgedium alpinum
L. sp. 1117 (siib : Sonchus), Less. sijn. Ii2, etc. « N'est-on pas
tout d'abord étonné et choqué, dit M. Questier, de voir le genre
iMulgedium attribué cà Linné? Il est vrai que le correctif se trouve
dans la parenthèse, mais la nomenclature j usqu'ici eu usage
nous apprenait la même chose plus clairement et avec moins de
risque d'erreur. Si vous tenez à savoir, ce qui est tout naturel,
à qui revient le Mulgedium alpinum vous devinerez peut-être, ou
à force de recherches dans les livres, si vous les avez, vous parviendrez
à savoir que c'est au premier auteur cité après la parenthèse.
Je sup])ose que, d'après les ouvrages où l'on suit le
nouveau système, on ait cà faire une table, une liste, un catalogue,
une hore locale, un synopsis, un compendium, qui laissent
peu ou point de place au développement de la synonymie, n'est-il
pas à craindre qu'on ne néglige la parenthèse et tout ce qui
s'ensuit, et qu'on ne nous donne purement et simplement des
2M(jedumi cdpimm L., Asterotlirix hispanica Willcl, etc. Que
devient alors l'histoire de la botanique? N'est-elle pas altérée,
faussée? Et à qui la faute? Aux novateurs qui ont introduit ou
propagé ce système dangereux ? «
M. Kirschleger reprend la plume en 1860, et dit dans le Bulletin
de la Société hotaniqiùe (7, p. 437) : « Je crois à la nécessité
de restituer une fo.ule d'espèces à leurs véritables auteurs et
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propriétaires. On écrit: Cota altissima Gay et non Linné, (^uel
mérite a dans ce cas M. Gay? Il a fait le genre Cota (bon ou
mauvais, n'importe). Eh bien, que les honneurs du genre lui
restent intacts et glorieux. Mais quelle prétention peut-il avoir a
l'épithète iValtissima? Elle appartient à Linné ou à Tournefort
C'est de Vespèce que je veux parler, et non du genre, et si j'écris
: COTA Gay altissima L. (sub AntJiemide) j'ai contenté, à la
fois, la justice et la gloire et le mérite de chacun. Vous dire^. :
cette notation est un peu longue. Au besoin, abandonnez dans
les catalogues le nom de l'auteur du nouveau genre, et mettez le
nom de l'auteur de l'espèce entre parenthèse. « M. Kirschleger
dit ensuite ironiquement: La notation orthodoxe a l'avantage
immense de favoriser les autorités. Il entend par là « les miU,
les nobis, ajoutés à d'anciens noms, la gloriole de mettre son
nom dans les livres. «
En réponse, la Commission du Bidletin de la Société lotanique
ajoutait l'article suivant (7, p. 438) :
« La Commission ' croit devoir maintenir pleinement, dans les
publications de la Société, la notation que M. Kirschleger appelle
oriAoc^oice (c'est-à-dire l'ancienne). Cette manière régulière
d'indiquer le nom des auteurs de familles, genres, espèces ou
variétés (consacrée par les deux plus importants ouvrages de la
botanique systématique de ce siècle, le Prodromus de de Candolle
et le Genera d'Endhcher), est à la fois la plus simple, la
plus brève et la plus claire. C'est là son grand avantage, son
principal mérite. Tout autre système, si équitable qu'il paraisse
envers le premier auteur de chaque groupe de formes végétales,
aura toujours l'immense inconvénient de jeter, dans le dédale
déjà si embrouillé de la synonymie, un nouvel élément de trouble,
d'incertitude et de confusion. «
« C'est d'ailleurs, ce nous semble, une erreur, ou au moins
une exagération, que de considérer uniquement comme un hommage
rendu au mérite et à la gloire de l'auteur cette sorte de signature
que l'usage place à la suite du nom de chaque groupe
de formes végétales établi, restreint, étendu, subdivisé ou transposé.
Le nom de l'auteur ainsi placé n'est pas seulement la reconnaissance
d'un droit que cet auteur exerce, mais est aussi la
' Elle était composée de MM. Cosson, Duchartre et Prillieux. M. de
Sclioenefeld, secrétaire de la Société, a pris aussi mie part active à la déclaration
de la Commission.
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