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8. Le mot fwnillc a été trouvé ingénieux ; cependant c'est plutôt
le genre qui ressemble à une famille humaine, jjuisque dans
celle-ci tous les individus portent le môme nom, chacun ayant
outre son nom de baptême analogue à un nom spécifique.
Linné traduisait le mot famille par familia, qui n'est pas'de
bien bonne latinité. La plupart des botanistes ont préféré le
terme ordo, quoique dans le langage ordinaire les Français et
les Allemands disent presque toujours, famille. Les Anglais
seuls emploient communément le mot order. On peut objecter
le sens double de ce mot dans toutes les langues. En français,
du moins, on tient tellement au style et à la précision des termes.
qu'une phrase conmie celle-ci : « le jardin de . . . est arrangé
dans l'ordre des ordres de Jussieu, « serait une phrase
riilicule. Il a été fait une objection plus sérieuse à l'emploi du
mot ordre, comme synonyme de famille, c'est que les zoologistes
l'appliquent à un groupe supérieur aux familles. Les ordres
«n zoologie correspondent à ce que plusieurs botanistes appellent
cohortes, à ce que Lindley appelait alliances. Cette diversité
a été clairement expliquée par M. Gustave Planchons et
iivant lui. Du :Mortier- avait employé le mot ordo dans le
môme sens que les zoologistes; néanmoins l'usage d'assimiler
les mots ordre et famille, surtout ordo en latin et famille en
français et en allemand, a prévalu parmi les botanistes. Comme
les ouvrages de Hooker, de Candolle, Endlicher, de Martius,
II. Brown, etc., sont habituellement consultés, il y aurait de
l'inconvénient cà changer le sens des noms de groupes qu'ils ont
employé, si toutefois on pouvait y parvenir, ce qui semble bien
douteux. Il est en général plus facile d'introduire un mot nouveau
que de changer le sens de noms anciens. Par ces divers
motifs, la majorité de la Commission et ensuite le Congrès ont
maintenu la proposition d'appeler cohortes les associations de
familles et de nommer les familles indifféremment famiMoe ou
or dines.
' G. Planchón, Les principes de la méthode naturelle. Thèse, in-S".
Montpellier, 1860.
2 Du Mortier, Analyse des familles des plantes. In-S". Tournay, 1829.
Voir aussi la note qu'il a insérée dans les Actes du Congrès au sujet de la
discussion sur ce point. Indépendamment de l'emploi du mot ordre, le savant
auteur énonce des idées sur la manière de caractériser les groupes de
familles, au moyen de ce qu'il appelle une synthèse, mais ceci est une autre
question.
Le mot cohorte, cohors, de très-bon latin assurément, a été
employé dans ce sens, dès 1818, par de Candolle (Systema,
I p 125), et en 1835, par i^l. de Martius (Conspectus regni
veg.). MM. Bentham et Hooker l'ont adopté pour leur Genera.
II nous paraît préférable au mot classe, qui s'entend ordinairement
de divisions plus grandes, et au mot cdliance, de Lindley.
qui a l'inconvénient de ne pas pouvoir être traduit par un mot
analogue en latin, foedus ayant une forme tout autre. Cohors est
facile à introduire dans les langues modernes, sans altération ou
avec un léger changement de désinence.
9. La division des espèces devient chaque jour plus importante.
Plusieurs botanistes contestent les caractères attribués par
d'autres à l'espèce, mais aucun ne peut nier l'existence de groupes
collectifs de la nature de ceux appelés par Linné espèces, et ils
doivent bien reconnaître, en même temps, qu'il existe beaucoup
d'autres groupes inférieurs, surtout parmi les plantes cultivées.
Si l'hérédité ou non-hérédité des formes était toujours une chose
•claire et tranchée, la division de l'espèce serait facile : il y aurait
1° des races qu'on pourrait aussi appeler variétés principales
ou sous-espèces, et 2" des variétés non héréditaires. Mais l'hérédité
est une tendance commune à toutes les formes, seulement,
elle est plus ou moins constante et plus ou moins complète.
Quand une modification d'espèce est habituellement héréditaire,
elle devient cà proprement parler une sous-espèce, en d'autres
termes, on peut hésiter à l'appeler une espèce et beaucoup l'appellent
ainsi. Avec des caractères moins tranchés et une transmission
par graines moins fréquente, c'est certainement, au dire
de tout le monde, une variété. Moins de caractères et moins d'hérédité
constituent des subdivisions de variétés ou sous-variétés.
Enfin, il existe des variations provenant d'un même individu,
variations qui ont quelque tendance à se propager de graines,
comme on peut le voir en récoltant des graines surla branche qui
les a produites. De ce point on descend, lorsqu'il s'agit de plantes
cultivées, à des modifications tellement nombreuses et tellement
compliquées, qu'il est impossible de les nommer, à moins de
procédés particuhers dont nous parlerons plus loin (art. 14).
L'introduction des termes divisio et svMivisio, faite par le
Congrès, a améhoré le texte primitif. Nous avons cherché,
dans la Commission, un mot latin correspondant à celui tVemhranchement,
usité en français par les zoologistes. Il ne s'en
.est pas présenté de meilleur que divisio, qui a l'avantage de se